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Agroindustrie – Un secteur à protéger

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Agroindustrie - Un secteur à protéger | business-magazine.mu


Avec une contribution de 3,1 % au Pib en 2017, le secteur agricole, y compris la pêche, représentait environ 40 % des recettes de nos exportations. On s’attend à une croissance de 1,1 % de ce secteur en 2018.

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L’industrie sucrière continue d’être un pilier de notre économie et occupe une place prépondérante dans notre environnement. Secouée par la forte baisse du prix mondial du sucre, la situation qui prévaut dans le secteur sucrier est préoccupante. Une restructuration est nécessaire pour que celle-ci soit viable et pérenne à long terme et en même temps pour qu’elle assure la sécurité alimentaire et énergétique du pays.

Pour soutenir cette industrie, la taxe douanière sur l’importation du sucre passe de 15 % à 80 %. Toutefois, à elle seule, cette augmentation ne suffira pas à atténuer les défis à court terme de ce secteur. Celui-ci aura besoin de beaucoup plus. Une provision sera également faite dans le budget de la Mauritius Cane Industry Authority (MCIA) pour combler le déficit lié à la suspension du CESS pour 2018. Ce qui viendra soulager le producteur.

«Il était attendu qu’une réforme aussi importante et structurante tel que proposée dans le rapport du Joint Technical Committee ne puisse se retrouver in toto dans le Budget. Nous accueillons favorablement les trois mesures annoncées dans le discours lui-même : c’est-à-dire, la suspension du paiement du CESS pour cette coupe 2018, l’augmentation des droits de douane pour les sucres de consommation de 15 à 80 % et, surtout, la mise en place d’un comité interministériel pour proposer un plan d’action pour aider l’industrie à faire face aux challenges futurs. Nous aimerions seulement faire ressortir l’urgence de la situation et souhaitons des recommandations dans un proche avenir. Nous notons également des mesures intéressantes listées dans l’annexe telles que le remboursement des frais de TVA pour la préparation des terres et la prise en charge par l’État du montant de la prime d’assurance au SIFB pour les planteurs ayant jusqu’à 60 tonnes de sucre assurables», souligne Jacqueline Sauzier, secrétaire générale de la Mauritius Chamber of Agriculture. La Chambre entretient une relation constante avec l’État sur les sujets importants pour le développement du secteur agricole.


Viabiliser l’industrie cannière pour la rendre pérenne

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Jacqueline Sauzier ajoute que c’est une mesure qui avait été souhaitée par l’industrie et acceptée par l’État par une décision du Cabinet depuis septembre dernier. Cette annonce n’est que la mise en application dans un cadre légal de cette mesure. Il est intéressant de noter que ce type de mesure est largement adopté par beaucoup de pays producteurs de sucre pour protéger leur marché local : ces frais peuvent aller jusqu’à 100 % ou même une somme fixe forfaitaire à la tonne de sucre importée. Donc, comme nous ne vendons que 10 % de notre sucre sur le marché local, il est important d’avoir certaines mesures de protection pour garantir un prix aux producteurs locaux mais aussi du sucre de qualité aux consommateurs mauriciens.


Le sucre représente 20 % des devises

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Jacques d’Unienville, Chief Executive Officer d’Omnicane, aborde dans le même sens. Il précise qu’en Inde, en Chine, au Kenya ou encore en Europe, l’importation de sucre est taxée à plus de 100 %. À 80 %, cela permettra à chaque producteur et planteur d’obtenir environ Rs 800 de plus par tonne de sucre sur la totalité de son sucre. Ce qui n’est pas négligeable. «Aujourd’hui, le sucre, c’est près de 20 % des devises étrangères qui rentrent dans le pays et c’est deux tiers des conteneurs exportés sur le port. Et même s’il représente un faible pourcentage du Pib, il est estimé que l’influence de l’industrie cannière sur l’économie pourrait aller jusqu’à presque 15 % du Pib», analyse-t-il.

Ce qui amène Jacqueline Sauzier à dire qu’il est important de noter que le secteur sucre a besoin de mesures d’accompagnement et d’être restructuré rapidement pour augmenter les revenus et réduire les coûts de production. Sans cette dualité d’action, nous nous retrouverons dans la même situation dans quelques années.

Maurice importe la plupart de ses produits de base tels que le riz, le blé, les huiles comestibles, les viandes et les produits laitiers. On estime que seulement 23 % de nos besoins locaux sont approvisionnés par le secteur agroalimentaire local. En 2016, l’emploi dans le secteur agricole s’élevait à 41 300, soit 7,3 % de l’emploi total dans l’économie.

En 2017, 50 000 hectares de terres étaient sous culture de la canne, 7 800 hectares sous culture vivrière et 620 hectares sous culture théière. Dans l’industrie cannière, les small farmers sont au nombre de 12 500 et les corporate farmers au nombre de 33. On dénombre 8 000 agriculteurs dans le secteur de la culture vivrière, 1 300 agriculteurs dans le secteur théier et 4 500 dans le secteur le secteur de l’élevage.

Le secteur agricole fait face à plusieurs défis, dont la fluctuation dans le prix du sucre, le changement climatique, l’abandon des terres sous culture ou encore la lente adoption des nouvelles technologies dans ce secteur. 

Le sous-secteur de la canne à sucre dans l’agriculture a diminué au cours des dernières années pour passer à 18,7 % en 2017 et sa part dans le Pib est tombée à 0,6 %. La production de canne à sucre s’est élevée à 3,7 millions de tonnes en 2017 contre 3,8 millions de tonnes en 2016. La production totale de sucre était, elle, de 355 213 tonnes en 2017, contre 386 277 tonnes en 2016. En 2016, cette industrie représentait 30,0 % de l’emploi total dans le secteur agricole, soit environ 12 400 personnes dont 71,8 % d’hommes.


Secteur non-sucre : croissance de 1,3 %

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Par ailleurs, la part des activités agricoles non-sucre dans l’agriculture a atteint 81,3 %. Le secteur non sucre a progressé de 2,3 % en 2017 et une croissance de 1,3 % est attendue en 2018. Au total, 7 780 hectares de cultures vivrières ont été récoltés en 2017, en augmentation de 0,2 %. La culture vivrière a connu une légère hausse de 0,3 %, passant de 106 271 tonnes en 2016 à 106 621 tonnes en 2017.

«Les mesures proposées pour le secteur non-sucre sont fastes et avec une bonne implémentation pourraient relancer le secteur agricole à Maurice. Il sera essentiel de se doter des bonnes procédures, d’outils de surveillance et de procéder au monitoring des actions pour rectifier le tir au besoin. L’accompagnement et la formalisation de ce secteur seront cruciaux pour la réussite de ces actions», soutient Jacqueline Sauzier. 

Concernant les activités sectorielles, les plantations dans le secteur théier ont couvert une superficie de 622 hectares en 2016 et 2017. Environ 7 300 tonnes de feuilles de thé vert ont été produites en 2017. La production de thé noir a crû de 1,9 %, passant de 1 353 tonnes en 2016 à 1 379 tonnes en 2017. «Pour le secteur non-sucre, nous avons toujours recommandé un enregistrement obligatoire des producteurs-planteurs et éleveurs, l’enregistrement des terres sous culture et l’identification des animaux. Les mesures annoncées tendent à répondre à cette nécessité. Et nous notons avec intérêt la mise en place d’un plan d’assurance pour les petits producteurs. Dans ces moments de troubles climatiques, cela est une très bonne mesure. Par contre, nous déplorons la séparation des mesures pour petits ou autres producteurs, car les intempéries et calamités climatiques, les chutes de prix ou maladies touchent tous les producteurs indistinctement», ajoute Jacqueline Sauzier.

L’exercice budgétaire comprend plusieurs mesures pour le secteur agricole, dont des facilités pour la mise sur pied de 100 fermes sous le Sheltered Farming Scheme. Ces fermes seront mises à la disposition d’agro-entrepreneurs sur une base Ready-to-Operate. Par ailleurs, une subvention de Rs 10 000 sera accordée aux familles éligibles dans le cadre du Mini Sheltered Farming Scheme pour encourager l’installation de micro-jardins, le jardinage sur les toits et la promotion de l’agriculture verticale. «Nous avons abordé cela dans nos propositions budgétaires et je pense que c’est une bonne chose que les gens produisent leurs propres légumes. Toutefois, s’agissant de l’organic farming, il y a une méconnaissance de ce sujet à Maurice. L’organic farming’ est basée sur la certification seulement, ce qui pénalise les petits producteurs. Je pense qu’il faut revoir ce concept à Maurice pour que les petits producteurs ne soient pas affectés. La certification coûte beaucoup trop cher», fait part Éric Mangar, directeur du Mouvement pour l’Autosuffisance Alimentaire.

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