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Air Mauritius sans commandant alors que la crise se profile

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Air Mauritius sans commandant alors que la crise se profile | business-magazine.mu

Nouveau coup dur pour Air Mauritius qui a connu 12 Chief Executive Officers (CEO) depuis sa création. Il faut dire qu’en dépit d’un redressement au dernier trimestre de 2019 lorsqu’elle a réalisé des profits de 7,7 millions d’euros, la compagnie d’aviation nationale reste sur une mauvaise courbe. Du reste, de 2017 à 2018, son chiffre d’affaires a rétréci de Rs 20,4 milliards à Rs 19,9 milliards. Est-ce d’un mal chronique dont souffre la compagnie nationale d’aviation ? Pour Megh Pillay, ancien CEO d’Air Mauritius, le mal n’est certainement pas au niveau du CEO.

«Il est clair qu’on est en train de traiter le patient d’un mal dont il ne souffre pas. Et je crains fort qu’un beau jour, il meurt quoique guérit de ce ‘mal’ ! Comme en médecine, un bon diagnostic est souvent la bataille à moitié gagnée», fait-il ressortir. De son côté, Awadh Balluck, président de la Listed Companies Minority Shareholders Association, est d’avis que c’est la façon de nommer le CEO qui pose problème. «C’est une nomination politique. Comme pour le Board, c’est une seule allégeance alors que le gouvernement est actionnaire majoritaire de la compagnie. Air Mauritius fait les frais d’une politisation outrancière. Tous pensent qu’ils sont politiquement protégés. Le Board devrait être habilité à recruter le CEO qui, à son tour, sera redevable envers le Board. Le CEO doit opérer comme un employé avec des objectifs et un KPI, entre autres», fait-il ressortir. En effet, le gouvernement détient une majorité d’actions dans une holding qui possède plus de 50 %.

Pour rappel, un rapport a été réalisé conjointement par PwC et le Centre for Asia Pacific Aviation sur la transformation qui doit s’opérer au sein d’Air Mauritius pour la rendre plus viable et profitable. La démission de Somas Appavou risque de placer Air Mauritius dans une position vulnérable. Toutefois, Awadh Balluck est d’avis que tout employé a le droit de démissionner. «Selon les informations qui circulent, son contrat allait prendre fin dans quelques mois. Mais il faut se demander s’il a démissionné de son plein gré ? J’en doute fort», souligne-t-il.

LA SOLUTION PASSERA PAR LE TRAVAIL

Une meilleure gouvernance pourrait être la solution pour redresser la barre chez MK. Selon Megh Pillay, la société d’aviation n’a nul besoin de miracle pour sortir de la crise. «Il faut vendre plus de sièges, opérer plus de vols, se retirer des routes non lucratives, intensifier les vols et le marketing sur les routes les plus porteuses, améliorer le service, rajeunir la flotte judicieusement et non pas par des acquisitions coûteuses, régler les litiges sociales et surtout revoir la gestion des affaires courantes. Par ailleurs, il faut tout simplement travailler. Mais en toute indépendance, dans le respect des règles de la bonne gouvernance d ‘entreprise et comme une compagnie privée», soutient-il. Cela pourra être bénéfique alors que tout porte à croire qu’Air Mauritius sera lourdement impactée par le coronavirus notamment après la décision de suspendre ses vols sur la Chine et Hong Kong. Toutefois, Megh Pillay s’interroge : «Que pesait la Chine dans le chiffre d’affaires de MK ? Pas grand-chose si on enlève les subsides et autres incitations. L’aviation a connu pire à partir de septembre 2001, avec le SARS, entre autres. Elle a l’habitude de gérer ces crises et s’en sort bien plus fort. Il y a certes des actions précises à entreprendre. Mais n’est-ce pas cela la gestion d’une ligne aérienne ?»