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Alexis Delamaire (General Manager de Credit Guarantee Insurance) «Une hausse de 30 % des défaillances d’entreprises à prévoir»

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Alexis Delamaire (General Manager de Credit Guarantee Insurance) «Une hausse de 30 % des défaillances d’entreprises à prévoir» | business-magazine.mu

En cette période post-Covid-19, l’on constate une forte demande pour les solutions d’assurance-crédit. Qu’est-ce qui implique l’intérêt pour cet instrument ?

Les retards de paiement se sont accélérés pour devenir un problème encore plus important du fait de la crise sanitaire. En demandant aux responsables financiers en mai quels risques les avaient impactés au cours des deux derniers mois, 70 % ont mentionné les retards de paiement (vs 47 % sur l’année 2019). Les enjeux sont importants.

En contexte de crise, l’enjeu du risque client devient de plus en plus prégnant, compte tenu de la rareté du chiffre d’affaires et de la maîtrise quotidienne de la trésorerie. Les responsables souhaitent assurer leur portefeuille client. Le risque crédit client constitue le risque financier majeur de toute entreprise et peut remettre en cause sa pérennité en cas de sinistre majeur.

Concrètement, comment fonctionne l’assurance-crédit ?

Nous couvrons l’ensemble du portefeuille client de nos assurés, à la fois sur la partie domestique et l’export. En cas d’insolvabilité présumée (retard de paiement) ou constatée (faillite), on indemnise la créance à hauteur de 80 - 90 %. Ensuite, on se charge de recouvrer la créance de manière amiable ou contentieuse.

Comment le métier évolue-t-il dans cette nouvelle normalité ?

Le risque d’impayé et les sinistres ont augmenté. De ce fait, le coût de l’assurance-crédit va augmenter. Par ailleurs, certaines limites de couverture ont été réduites notamment sur des secteurs d’activité comme le tourisme et le textile.


Les risques d’impayés sont-ils devenus plus importants dans le cadre des relations commerciales et, en l’absence d’une couverture, comment cela pourrait-il impacter la trésorerie des entreprises ?

Les défaillances d’entreprises dans le monde vont augmenter d’un tiers d’ici 2021 par rapport à 2019, «malgré les mesures de soutien public» à l'activité, selon un rapport publié lundi par les assureurs globaux. On prévoit une hausse des défaillances de 30 % à Maurice. Par conséquent, il est indispensable d’avoir une attitude préventive permanente. Si accorder du crédit-client est un levier d’augmentation du chiffre d’affaires, il induit un coût financier, des risques d’impayés et par réaction en chaîne, des difficultés de trésorerie.

Un mois de délai de paiement offert, c’est 1 % du montant de la facture qui est offert au client ; cette dimension est trop rarement expliquée au client.

Les délais de paiement accordés aux clients ont un coût significatif, évalué en moyenne à 2 % du chiffre d’affaires, ce qui est considérable pour les entreprises ayant une rentabilité nette en moyenne de 5 % de leur chiffre d’affaires.

Vendre c’est bien, être payé c’est mieux ! En effet, le chiffre d’affaires qui est facturé n’est transformé en résultat qu’après son

encaissement.

En cas de non-paiement, il faut donc réaliser un chiffre d’affaires supplémentaire pour éviter une réduction de profit net de l’entreprise.

On rappelle que 35 % des faillites sont dues à des impayés clients.

Dans quelle mesure, les perturbations dans les chaînes d’approvisionnement impactent-elles les transactions internationales ?

Le manque de trésorerie, et les contraintes logistiques amènent les acteurs économiques à étendre significativement leurs délais de paiement.

Si l’on prend l’exemple du textile, la demande internationale est extrêmement faible, un certain nombre de marques et de détaillants profitent du déséquilibre de pouvoir qu'ils détiennent sur les fournisseurs et les travailleurs de l’industrie mondiale du vêtement en annulant les commandes de biens (y compris ceux déjà en production ou produits), retardant les conditions de paiement ou exigeant des remises. Ces pratiques flagrantes et injustes ont des conséquences dévastatrices. Le grand arrêt a affecté de manière disproportionnée le secteur de l’habillement. McKinsey estime que les revenus de l’industrie mondiale de la mode se contracteront de 27 % à 30 % en 2020 d’une année à l’autre.

Les ventes au détail aux consommateurs finaux sont fortement perturbées car la plupart des magasins sont actuellement fermés sur de nombreux marchés de consommation importants. Les ventes de vêtements devraient rester faibles dans les mois à venir, car les consommateurs ayant une garde-robe pleine considèrent les vêtements comme non essentiels. Les achats en ligne ne peuvent compenser que partiellement, voire pas du tout.

Quels sont les critères sur lesquels se base l’assureur-crédit pour suivre et analyser les risques inhérents au portefeuille de ses clients ?

Nous nous basons sur l’analyse financière court terme et sectorielle pour évaluer ce risque. Nous avons un réseau de fournisseurs d’informations, notamment pour l’export. Nous analysons les derniers états financiers des clients, mais aussi leurs balances âgées pour étudier leurs habitudes de paiement. Dans certains cas, nous effectuons des visites ou des appels directs auprès des clients pour obtenir des informations plus qualitatives.


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