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Amit Bakhirta (CEO d’Anneau) : «La situation est complexe mais gérable pour la Banque de Maurice»

Amit BakhirtaAmit Bakhirta

La position comptable de la Banque de Maurice s’est affaiblie au mois d’octobre, avec le compte du Special Reserve Fund approvisionné de seulement Rs 900 millions. De même, une «Comprehensive loss» de Rs 11 milliards est enregistrée. Celle-ci découlerait des pertes encourues sur les investissements de la Banque centrale. Le CEO d’Anneau, Amit Bakhirta, nous en dit plus.

Le dernier Statement of Financial Position de la Banque de Maurice pour le mois d’octobre montre un affaiblissement de son bilan avec le Special Reserve Fund chutant de Rs 2,5 milliards en septembre à Rs 900 millions en octobre ; et une Total comprehensive loss passant de Rs 6,8 milliards en septembre à Rs 11 milliards en octobre. Faut-il s’inquiéter de l’affaiblissement du bilan de la BoM ?

D’un point de vue purement comptable, ce n’est pas «inquiétant» et peut/doit être pris en charge par le Trésor, comme ainsi conseillé depuis l’année dernière. Je ne comprends point notre inertie dans ce sens !

En fait, nous avions été explicitement clairs et forts depuis 2020 sur le fait que le bilan de la Banque de Maurice (BoM) devait être recapitalisé et optimisé ; intelligemment ainsi.

En outre, nos réserves internationales nettes se sont malheureusement affaiblies, davantage d’interventions ont été nécessaires pour maîtriser les pressions inflationnistes et soutenir la valeur de la roupie. Les marchés internationaux des titres à revenu fixe et des actions sont largement négatifs jusqu’à présent, ce qui a eu un impact sur les rendements des investissements en devises étrangères.

Par conséquent, la position comptable peut être clairement comprise. La Banque a vendu un total d’environ 3,6 milliards de dollars depuis la pandémie et les marchés internationaux se sont effondrés cette année. Donc cela rend la situation ‘complexe’, mais gérable pour une banque centrale.

La diminution du Special Reserve Fund s’explique-t-elle par les récentes interventions de la Banque de Maurice pour mettre des devises sur le marché et faire apprécier la roupie ?

Cela s’explique plutôt par les Rs 55 milliards monétisées pour le renflouement du gouvernement mauricien en 2020 et par le fait que les marchés internationaux récents se sont considérablement repliés, les bons du Trésor et les obligations. L’autre facteur, c’est que les titres à revenu fixe mondiaux se sont effondrés alors que les taux se resserraient après plus de 14 ans dans le monde ainsi qu’à Maurice.

Concernant la Total comprehensive loss de Rs 11 milliards, est-ce le résultat des pertes encourues sur les placements de la BoM sur le marché étranger ? Pouvez-vous nous en dire plus sur comment se font ces investissements ?

Les investissements détenus en tant qu’actifs au bilan de la Banque doivent généralement voir leurs mouvements de valorisation au marché enregistrés dans le compte de résultat (P&L) et ainsi, y compris toutes les dépenses opérationnelles, le total des pertes globales comprendrait également les pertes sur papier subies par ces investissements.

Nous comprenons qu’une partie des investissements étrangers sont gérés par des «gestionnaires de fonds externes» ; les détails ne sont pas fiables. Ces gestionnaires de fonds externes investiront généralement en fonction de la politique d’investissement définie de la Banque principalement dans des titres à revenu fixe (bons du Trésor, obligations, etc.) ; dans des actions (directement pour le compte de la BoM et/ou dans des fonds institutionnels. Ces investissements peuvent aussi se faire dans des actions cotées en Bourse, mais aussi dans des actions privées et des actifs alternatifs. Tout dépend de l’allocation d’actifs convenue par le comité d’investissement de la Banque, en consultation avec son consultant en investissement et les gestionnaires de fonds externes.

Les managers externes rendent compte à la BoM sur une base trimestrielle/annuelle. Comme les taux d’intérêt et les rendements ont augmenté d’environ 4 fois, la composante obligataire aurait chuté dramatiquement (relation inverse entre les taux et le prix de ces bons du Trésor/obligations), parallèlement à la mauvaise performance des marchés boursiers internationaux jusqu’à présent.

Si la BoM ne gère pas activement ces positions, elles seront exposées aux prix du marché. Cela explique ainsi les rendements négatifs. Un segment de son bilan est également plausiblement géré en interne principalement pour les bons du Trésor, l’or et les droits de tirage spéciaux (SDR) du FMI (et peut-être pour les actions locales et les titres à revenu fixe).

 

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