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Aviation: Emirates va devenir un point focal dans la stratégie de relance du tourisme

Dès le mois prochain, emirates opérera deux vols à partir de son hub de dubaï. Cette route aérienne est synonyme d’opportunités en termes de fréquentation touristique.

Dans le but de promouvoir la destination à travers son réseau et d’entreprendre conjointement des activités promotionnelles telles que des roadshows et des voyages de familiarisation, Emirates a récemment renouvelé son protocole d’accord avec la Mauritius Tourism Promotion Authority (MTPA). De même, elle apportera son soutien aux efforts de promotion initiés par la MTPA pour soutenir la visibilité de la destination sur des marchés clés. Dans cette même démarche, la compagnie aérienne a annoncé qu’elle va rétablir ses deux vols quotidiens vers Maurice, soutenant ainsi la reprise de l’industrie touristique, tout en reliant les voyageurs des Amériques, d’Europe, d’Afrique, du Moyen-Orient et d’Asie-Pacifique à la destination via Dubaï.

Ainsi, à partir du 1er juillet, Emirates utilisera notamment son Boeing 777-300ER et l’emblématique A380 d’Emirates pour desservir, en outre, la route Dubaï-Maurice deux fois par jour, ce qui augmentera en conséquence considérablement le nombre de sièges disponibles sur la destination Maurice. Selon le fondateur et CEO d’AERONAD Group, le Dr Nadiir Bheekhun, Emirates veille de près à reconstituer sa rentabilité, justifiant ainsi son effort lors de la reprise du transport aérien.

«J’ai anticipé depuis août dernier qu’il y aurait un changement de paradigme dans l’industrie aérienne mondiale de sorte qu’elle évoluera vers une douzaine de compagnies : trois aux États-Unis, trois en Chine, trois dans le Golfe et trois en Europe. Parmi elles, Emirates est là pour conquérir le ciel à travers les continents», observe-t-il. Cela dit, il est d’avis que Maurice profite du dynamisme d’Emirates pour accroître sa capacité touristique avec les deux A380 par jour. Ce, bien que le pays compte une compagnie aérienne nationale qui doit continuellement sourcer de nouvelles routes et explorer des marchés en parallèle.

Le directeur général de Tourism Business Intelligence, Sen Ramsamy, se réjouit, quant à lui, de la décision d’Emirates d’augmenter sa fréquence sur Maurice à deux vols quotidiens. Il estime que c’est une bonne nouvelle pour le tourisme mauricien, et pour notre économie en général d’autant plus qu’Air Mauritius ne va pas atteindre sa vitesse de croisière de sitôt. De ce fait, avec presque 1 000 sièges déversés dans la destination chaque jour, il estime qu’Emirates devient d’une certaine manière «l’épine dorsale du tourisme mauricien», car elle a notamment les moyens pour ramener des voyageurs de tous les continents du globe à la destination.

Sen Ramsamy rappelle que dans le passé, Emirates opérait jusqu’à trois vols par jour sur Maurice sans compter le niveau de confort et de la qualité de ses services à bord comme au sol. Selon lui, ces deux vols quotidiens ouvriront des opportunités pour Maurice, notamment en termes de trafic passagers, de cargo, de devises étrangères, de logistique et d’investissement.

LE REVERS DE LA MÉDAILLE

Mais il ne faut pas oublier qu’Emirates fait beaucoup d’argent en sa situation de monopole sur cette route d’où, selon lui, le besoin d’un meilleur «trade off» pour Maurice après 20 ans de collaboration. «Soit les responsables locaux sont aveuglés par les quelques avantages soit ils ne voient pas les vrais enjeux pour comprendre ce que notre pays perd dans l’ensemble de l’équation. Et cette situation malsaine dure malheureusement depuis très longtemps», argumente-t-il.

Pour comprendre, il suffit de laisser parler les chiffres d’avant la Covid-19. «Pour 2019, par exemple, Emirates aurait déversé, selon mes calculs, entre 300 000 et 400 000 sièges d’avion avec un ‘load factor’ très élevé vers Maurice. Mais, en retour, seulement 13 999, soit 1 % de nos arrivées touristiques, étaient des visiteurs des Émirats arabes unis qu’Emirates nous a emmenés en 2019. Autant qu’Emirates fasse venir des touristes de plusieurs autres continents chez nous avec transit à Dubaï et beaucoup d’autres gains en termes d’hébergement et de shopping, autant elle ne fait pas assez d’efforts, comme initialement promis, pour attirer ses propres ressortissants à venir chez nous en plus grand nombre pour des vacances, des affaires et des investissements», poursuit-il.

Il estime donc que la stratégie d’Emirates est clairement de grignoter dans les parts d’Air Mauritius sur les marchés porteurs, principalement l’Europe, mais aussi dans celle des autres lignes aériennes qui desservent Maurice en vols directs à partir de ces marchés.

De plus, un billet d’avion Dubaï-Maurice-Dubaï coûte bien plus cher qu’un billet retour Dubaï-Londres, Dubaï-Paris, Dubaï-New York, Dubaï-Zanzibar, et cela, même si la durée de ces vols est plus longue que sur Maurice à seulement six heures de vol. Donc, indirectement, il insiste qu’Emirates n’encourage pas les voyageurs du MoyenOrient à visiter Maurice. «Cela s’explique par sa position de monopole sur notre route alors qu’une concurrence saine comme chez nos concurrents directs aurait fait baisser le tarif et augmenter le nombre de visiteurs du MoyenOrient vers Maurice. D’où ma proposition pour un meilleur ‘trade off’ lors des négociations afin de sécuriser des conditions de marché plus justes pour notre pays et pour beaucoup de voyageurs intéressés que finalement nous perdons, sans même en prendre conscience ici», fait-il valoir.

Le Dr Nadirr Bheekhun avance qu’à ce jour, selon les vols programmés jusqu’en octobre 2022 à l’aéroport international SSR, il y a Air Mauritius et 16 compagnies aériennes étrangères qui desserviront en permanence l’île. Ces compagnies aériennes sont : Emirates, Air Austral, Air France, Turkish Airlines, Corsair International, Flysafair, British Airways, Air Belgium, Air Seychelles, Saudia, South African Airways, Condor, Eurowings Discover, Edelweiss Air, Evelop Airlines et Austrian Airlines. Avec la stratégie One Mauritius qu’est d’atteindre le million de touristes d’ici à la fin de l’année, un simple calcul avec la pleine capacité en sièges de ces vols réguliers pourrait ainsi indiquer une idée du nombre de touristes pouvant être accueillis sur l’île jusqu’à la fin de cette année.

Cependant, enchaîne-til, Emirates peut à elle seule transporter un demi-million de passagers par an. Ce qui est significatif. S’il y a une déficience dans la capacité de sièges pour accueillir les touristes, il estime qu’elle peut être résolue temporairement en augmentant la fréquence des vols des compagnies aériennes concernées. Mais il explique également que cette option offre aux compagnies aériennes étrangères un pouvoir de négociation plus fort, ce qui n’est pas souhaitable du point de vue de l’industrie du transport aérien.

Stimuler tout un pan de l’industrie touristique

Emirates projette d’amener des touristes via Dubaï. Or, il existe une demande et un désir de voyager de Dubaï à Maurice. «On peut remarquer que les arrivées de passagers internationaux stagnent depuis trois ans ; entre 2017 et 2019, avec environ 1,3 million de débarquements internationaux effectués à l’aéroport international SSR, bien qu’Emirates desservait Maurice à cette époque. En revanche, au cours de la même période, les voyages aériens internationaux ont augmenté de 5 % en glissement annuel, selon l’IATA. En effet, la majorité des touristes venant à Maurice sont des redoublants. Aujourd’hui, les Émirats arabes unis sont un marché d’opportunités pour Maurice, et Emirates est la seule compagnie aérienne du Golfe reliant les deux nations. En d’autres termes, la croissance annuelle supplémentaire du tourisme peut être satisfaite par les citoyens des Émirats arabes unis par Emirates», souligne le Dr Nadirr Bheekhun.

Il poursuit que lors de l’Expo 2020, Maurice et Dubaï se sont engagés à stimuler les opportunités de commerce et d’investissement bilatéraux dans les secteurs stratégiques. Les parties se sont engagées à établir un cadre pour développer des relations commerciales plus solides et des procédures de coopération afin d’améliorer la réalisation de leurs objectifs économiques respectifs et de créer de nouveaux canaux d’échanges commerciaux. Ce qui amène le Dr Nadiir Bheekhun à penser qu’avec de tels développements, «nos segments MICE et fret aérien pourront éventuellement être pris en charge par Emirates. Ainsi, la compagnie aérienne doit être conçue comme un véhicule pour stimuler à la fois notre secteur touristique et le secteur économique dans son ensemble».

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