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BUDGET 2019/ AGRICULTURE – L’État vole au secours de 13 595 petits planteurs

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BUDGET 2019/ AGRICULTURE - L’État vole au secours de 13 595 petits planteurs | business-magazine.mu

Année après année, les planteurs abandonnent les champs. Pour y mettre un frein, le Premier ministre, Pravind Jugnauth, a décidé de prendre le taureau par les cornes. Ainsi, ils toucheront Rs 25 000 pour les 60 premières tonnes de sucre, soit presque le double du prix du tonnage de sucre ex-syndicat. Une mesure qui concerne 13 595 petits planteurs et 33 gros agriculteurs. Ces petits planteurs produisent 20 % du volume de sucre.

À fin mai, la production sucrière pour la récolte 2019 était estimée à 325 000 tonnes selon la Chambre d’Agriculture. Une performance qui s’appuie sur une production d’environ 3 millions de tonnes de canne à sucre et un taux d’extraction de l’ordre de 10 %. En 2018, sur 60 565 hectares de terres cultivées, 47 678 était sous culture de canne. La production sucrière s’élevait à 323 406 tonnes. Alors qu’en 2016 et 2017, elle était respectivement de 355 213 tonnes et 386 277.

Bien que le taux moyen d’extraction de sucre ait été de 10,26 % pour la récolte 2018, contrairement à 9,57 % durant la période correspondante en 2017, la superficie cultivée a décliné de 49 974 hectares à 47 678 hectares. Comme le démontrent les chiffres compilés par la Chambre d’Agriculture, depuis 2013, la production sucrière a progressivement chuté. Celle-ci était alors de 404 713 tonnes. Il y avait donc urgence de soutenir le secteur cannier. Depuis 2017, le secteur est dans un cycle déficitaire. Pour la campagne 2017-18, la situation s’est corsée avec une baisse de 25 % sur le marché européen.

Les Rs 25 000 par tonne de sucre promises aux planteurs de cannes constituent un bol d’air frais. «La mesure est satisfaisante parce qu’elle répond aux besoins de l’industrie de voir ses revenus être revalorisés. Malheureusement des questions se posent : comment la rémunération se fera-telle ? Est-ce que c’est juste pour la récolte 2019 ? Nous n’avons pas encore de visibilité sur la question», soutient Jacqueline Sauzier, secrétaire générale de la Chambre d’Agriculture.

Toutefois, elle fait remarquer que les autres acteurs de la chaîne de valeur dans la production de la canne ne se retrouvent pas dans les mesures annoncées, à l’instar des usiniers. Par définition, un petit planteur cultive jusqu’à 60 hectares. Selon la Chambre d’Agriculture, le rendement par hectare est de 6,78 tonnes de sucre. 

Les

De son côté, tout en saluant cette mesure, le président de la coopérative des Letchis du Paradis, Vivekanand Lochun, se demande si elle n’enfreint pas les accords conclus par Maurice au niveau de l’Organisation mondiale du Commerce. Il précise que ces trois à quatre dernières années, environ Rs 3 milliards ont été accordées aux planteurs. Mais de telles mesures ne sont pas soutenables à long terme. Si les petits planteurs peuvent souffler, par contre, le secteur non-sucre a été relégué au second plan. Les opérateurs de la filière font face à deux problématiques majeures : le pillage des champs et le manque de compétitivité des productions vivrières domestiques. Face à Madagascar, la Chine ou encore l’Afrique du Sud, Maurice se retrouve limité en termes de superficies cultivables et de coûts associés à la production horticole. Vivekanand Lochun estime que l’application des nouvelles technologies à l’agriculture sera le «gamechanger» «On a raté l’occasion de parler de high-tech pour automatiser les ‘process’ liés à la production vivrière. On peut utiliser la robotique, qui s’appuierait sur l’intelligence artificielle, pour fournir en temps réel des informations pratiques sur l’évolution des cultures et identifier, par exemple, les maladies qui affectent les cultures, et ce par le biais de capteurs. Ces outils relevant de l’Internet des objets permettraient de cibler les zones d’intervention nécessaires pour l’épandage de pesticides bio. C’est cela de l’agriculture optimisée», observe-t-il. Permettre l’acquisition de caméras de surveillance en hors taxes pour la surveillance des cultures n’est, à son avis, qu’une mesure isolée. Conseiller en technologie de l’informatique de profession, Vivekanand Lochun pense qu’il faut un environnement propice à l’émergence de cette nouvelle forme d’agriculture. «Le prix des nouvelles technologies chute tous les deux ans. Le retour sur investissement ira au-delà du simple équipement pour résulter dans du rendement optimisé», estime-t-il.

À l’heure où l’on prône le sheltered farming, l’agriculteur qu’est Vivekanand Lochun regrette que la transformation des produits agricoles soit également oubliée. Et de faire ressortir que le ministère de l’Agro-industrie n’a pas toujours été prompt à encourager une production à valeur ajoutée.

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