Business Magazine

Issa Soormally : «Maurice démontre au monde entier qu’il est une juridiction crédible»

La décision du GAFI démontre sans ambiguïté que les structures de lutte contre le blanchiment des capitaux et le financement du terrorisme sont bien ancrées dans notre système bancaire et financier, observe le Vice-Chairman de l’EDB.

Neuf mois après son inclusion sur la liste noire de l’Union européenne, Maurice peut entrevoir la lumière au bout du tunnel. Le Chairman du GAFI a annoncé que Maurice a pratiquement complété avec succès l’implémentation de son plan d’action. Comment accueillez-vous cette décision ?

Je tiens à féliciter le Premier ministre et le gouvernement pour avoir relevé ce défi avec succès et surtout en si peu de temps. La décision du GAFI traduit l’engagement politique au plus haut niveau de même que le formidable travail effectué par les autorités de concert avec les opérateurs et autres parties prenantes. Les actions initiées et les décisions prises au niveau du pays, et qui étaient au centre des discussions entre la partie mauricienne menée par le Gouverneur de la Banque de Maurice et le GAFI, ont aisément su convaincre. La mise sur pied d’un Core Group présidé par le secrétaire financier, d’un sous-comité mené par le directeur de l’ICAC et la création d’un comité de coordination inter-institutions présidé par le Gouverneur de la Banque de Maurice et regroupant toutes les instances de lutte contre le blanchiment des capitaux et le financement du terrorisme, se sont révélés des atouts. En effet, cela a vu le renforcement du contrôle en matière de LBC et LFT (AML/CFT) et a permis de rassembler et de mettre en commun les ressources pour la formation des superviseurs de même que la tenue de sessions dédiées pour les opérateurs de l’industrie bancaire et financière. Le fait que le pays ait pu répondre au cahier des charges du GAFI dans un délai beaucoup plus court que celui qui lui avait été imparti démontre, d’une part, l’efficience Maurice à travailler sur la refonte du cadre légal et à intégrer de nouvelles mesures en très peu de temps. D’autre part, cela met en exergue le sérieux et la crédibilité de la juridiction qui affiche clairement sa volonté de ne pas laisser ternir sa réputation en tant que centre financier international. La décision du GAFI démontre sans ambiguïté que les structures de lutte contre le blanchiment des capitaux et le financement du terrorisme sont bien ancrées dans notre système bancaire et financier.

Depuis l’inclusion dans la liste noire de l’Union européenne, y a-t-il eu un ralentissement des activités transitant par le marché européen ?

Il n’y a pas eu de perturbation majeure notée au niveau des activités transitant par le marché européen. Le secteur financier est vital pour notre pays et, à ce titre, l’évolution des activités entre l’Europe et notre juridiction, que ce soit dans un sens ou dans l’autre, fait l’objet d’un suivi constant de la part des autorités et des instances régulatrices.

Quel est l’impact jusqu’ici sur les activités du Segment B, notamment sur le flux de devises étrangères ?

Il n’y a pas eu d’impact sur les flux des devises étrangères. D’ailleurs, en 2020, pendant la pandémie, les flux de devises ont même accusé une hausse. Il en a été de même au niveau des entrées de dépôts issus des activités du global business. Un autre élément à souligner est celui du niveau des réserves de la Banque centrale car le pays peut se targuer d’avoir une couverture des importations confortable.

Sortir de la liste du GAFI est une chose. Il faudra aussi réparer notre image et qu’on projette celle d’une juridiction de substance ayant définitivement tourné le dos aux pratiques fiscales dommageables. Estce à dire que le global business à l’avenir va opérer dans un environnement sur-réglementé ?

Je ne crois pas qu’on doive parler d’environnement sur-réglementé. Notre juridiction a toujours œuvré pour être une référence comme centre financier international. Le global business est un pilier de notre économie, tant pour son apport en termes de financement bancaire et d’alimentation en réserves de devises étrangères qu’au niveau de l’emploi. Il est ainsi primordial d’assurer la pérennité de ce secteur. Être encore plus rigoureux en matière de contrôle et de réglementation est au contraire tout à l’honneur du pays. Je pense qu’il faut voir bien au-delà de l’aspect fiscal car, en renforçant son cadre de lutte contre le blanchiment des capitaux et le financement du terrorisme, Maurice démontre fermement au monde entier qu’il est une juridiction crédible et qu’elle est intransigeante quant à la préservation de son intégrité.

Exit mobile version