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Macroéconomie : Les facteurs exogènes décideront de la rapidité de la relance

Alors que l’on voit les premiers signes de la reprise, il n’empêche que le contexte est très peu favorable. Il est, en effet, clair que nos exportations ne rebondiront pas au niveau pré-Covid-19. Il en est de même de notre pouvoir d’achat. Ce qui amène l’économiste à dire que nous ne pouvons pas parler d’une reprise significative.

«La bonne question sur la croissance et la reprise est : d’où viendra la création de richesse, et si celle-ci est durable ? En fin de compte, l’amélioration du bien-être matériel dépend de l’augmentation de la consommation. Mais les augmentations de la consommation ne peuvent être soutenues si elles dépendent des mesures de relance temporaires du gouvernement ou des largesses de la Banque centrale. Les cas les plus extrêmes aujourd’hui sont : le Zimbabwe et le Venezuela. Cependant, de nombreux pays ont fait l’expérience de cette vérité d’une manière plus douce : l’accès à une monnaie nationale illimitée n’a pas d’importance si vous ne pouvez pas exporter pour gagner des devises afin de soutenir une monnaie nationale supplémentaire», fait ressortir Ali Mansoor.

Commentant la performance économique, il soutient que peu importe si la contraction est de 13 % ou de 14,2 %, cela ne fait pas une grande différence en termes de défis auxquels le pays est confronté et, plus important encore, de souffrance que le peuple devra supporter. «Le message clé reste le même : nous avons été durement touchés. Les questions clés sont : comment s’assurer que l’inconfort est équitablement réparti ? ; plus important encore, comment inverser rapidement ces difficultés tout en veillant à ce que les gains soient équitablement répartis ; et comment pouvons-nous mener un effort national où tous les Mauriciens voient que nous y sommes ensemble ? Concernant les chiffres, le FMI dit essentiellement – conformément à une remarque que j’ai faite dans un article précédent pour Business Magazine – qu’il pense maintenant que la crise de Covid-19 sera plus profonde qu’on ne le pensait initialement et qu’il faudra plus de temps pour s’en sortir», ajoute l’économiste, qui fait une analogie pour mieux faire comprendre les problèmes et les défis. «Supposons qu’une famille ait le revenu nécessaire pour manger de la viande ou du poisson tous les jours. Cette famille est alors frappée par une calamité qui limite la viande et le poisson à une fois par semaine. Si six à douze mois plus tard, elle peut désormais manger de la viande et du poisson trois fois par semaine, il s’agit clairement d’une amélioration. Cependant, dirions-nous qu’ils sont maintenant trois fois mieux lotis ou dirons-nous qu’ils sont encore bien moins lotis qu’avant d’être frappés par une catastrophe ?», fait remarquer Ali Mansoor.

Morosité sur nos principaux marchés

De son côté, Manisha Dookhony, Managing Partner de Rwenzori Consulting, souligne qu’il ne faut pas oublier que nous sommes dans une situation de très grande volatilité. Comme nous ne vivons pas en autarchie, notre reprise économique dépend aussi de ce qui se passe dans les marchés vers lesquels nous exportons. Or, fait-elle remarquer, la Grande-Bretagne et la France, qui sont deux de nos principaux marchés, vont vers de nouvelles mesures de restriction, ce qui accentuera la morosité économique dans ces pays, avec moins de demandes pour les produits que nous exportons vers ces marchés. Et de conclure : «Tant que le virus circule, la reprise pour notre industrie touristique reste en suspens. Alors que certains misaient sur l’ouverture des frontières en octobre, il n’y a pas eu un flux important d’arrivées touristiques. Comme le FMI a une plus grande visibilité sur ce qui se passe à travers le monde, je pencherai plus pour les chiffres du FMI, et peut-être nous verrons aussi un réajustement à la baisse des chiffres de la Banque centrale dans les prochaines communications de la Banque de Maurice».

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