Type to search

Actualités Autres

Marée noire – Son impact sur le secteur de la pêche

Share
Marée noire  - Son impact sur le secteur de la pêche | business-magazine.mu

Si la marée noire aura des conséquences désastreuses sur la communauté locale des pêcheurs et sur l’écosystème marin, son impact macro-économique et sur le plus long terme reste à être déterminé. 

C’est du moins l’avis de Paul Baker, Chief Executive d’International Economics Consulting. «Des mesures doivent être mises en place pour aider ceux qui ont perdu leurs moyens de subsistance, un groupe restreint mais déjà vulnérable, et Maurice doit poursuivre l’élan de nettoyage. À l’échelle macroéconomique, le principal impact du déversement d’hydrocarbures sera sur l’image du pays. Ce ne sera pas vraiment un impact économique direct», estime-t-il. Il se base notamment sur le fait que pour le moment, la marée noire est contenue dans une petite fraction de notre zone économique exclusive (ZEE). «La contamination ne devrait pas avoir un effet important sur la pêche commerciale. Une grande partie du poisson importé constitue un intrant de l’industrie du thon en conserve. Elle provient des Seychelles ou de Madagascar. Donc, l’impact devrait être négligeable. Du côté des exportations, nous ne devrions pas, non plus, voir d’effets notables, sauf que le consommateur à l’étranger pourrait se méfier d’une boîte de thon labellisée mauricienne. Les groupes de consommateurs, contrairement à Maurice, sont extrêmement puissants pour communiquer, et ils pourraient affecter la demande», ajoute-il. 

S’il note qu’il n’y a aucun signe que cela se produise à l’heure actuelle, Paul Baker fait remarquer que les risques de réputation sont néanmoins élevés et peuvent affecter indirectement les ventes de thon en Europe. «Un boycott est cependant peu probable car ce sont, en fait, les navires européens (et asiatiques) qui dirigent, en grande partie, les flottes commerciales. Et ils n’ont aucun intérêt personnel à nuire à leur propre industrie», rassure-t-il.

Sur la question des accords de pêche, il se veut rassurant. «Ceux-ci sont renouvelés tous les trois ans, mais il n’y a aucune raison de croire qu’ils changeraient, à moins que le niveau de contamination de la ZEE n’augmente beaucoup plus, et que la taille des captures soit réduite pour préserver le peu de vie qui reste dans l’océan. Il est bien trop tôt pour le dire, et les premières indications semblent montrer que ce n’est pas le cas», observe-t-il. Mais il précise qu’il faudrait consulter plus en profondeur les accords pour avoir une meilleure analyse du sujet.

De son côté, Gina Bonne, chargée de mission en Environnement et climat de la Commission de l’océan Indien, fait bien comprendre ce que sont les eaux territoriales mauriciennes qui sont pour l’instant concernées. «Elles s’étendent à partir des récifs jusqu’à une distance de 12 miles nautiques (env. 22 km). Il ne faut pas confondre avec la zone économique exclusive (200 miles nautiques). La marée noire occasionnée par le MV Wakashio a essentiellement touché le lagon du Sud-Est, de Blue Bay jusqu’à Trou d’Eau Douce. Bien entendu, le déversement d’hydrocarbures a affecté les écosystèmes aquatiques et côtiers et les premières analyses des taux de pollution sur différents écosystèmes débutent. Concernant la pêche, il faut savoir que dans le Sud-Est, les pêcheurs s’adonnent principalement à la pêche au casier et à la senne. Les poissons et autres animaux aquatiques présenteront sans aucun doute des taux de métaux lourds et autres éléments nocifs relativement conséquents comme l’arsenic, le cadmium, le mercure, les rendant impropres à la consommation. Il faudra donc continuer à mesurer régulièrement les taux de métaux lourds et autres éléments nocifs dans l’eau ainsi que dans des échantillons de poisson pour définir la période de reprise des activités. En plus des capacités naturelles de résilience des écosystèmes, il est aussi important de contenir et de supprimer au maximum la pollution visible», commente-t-elle. Mais il apparaît peu probable que la pollution du MV Wakashio ayant dérivé vers le large puisse affecter significativement les espèces marines, notamment les espèces migratrices comme les thons et les espadons.


Campagne de Com sur les marchés d’exportation

«L’impact sur le PIB devrait être négligeable», insiste Paul Baker. Pour l’économiste, l’impact sur les flux commerciaux sera également difficile à identifier, car ils seront si faibles. Il n’empêche que l’image de Maurice a été durement touchée. «L’image d’une île entourée d’une marée noire (et c’est l’impression donnée par la BBC, CNN, etc.) ne séduit guère les touristes. Si on ajoute à cela l’image associée aux exportations des fruits de mer, elle sera dans l’esprit des consommateurs lors de l’achat du thon en conserve. Mais encore une fois, il est trop tôt pour être sûr de l’impact, mais le gouvernement devrait commencer dès que possible à travailler sur une campagne de communication sur ses marchés d’exportation, pour contrôler cette image disgracieuse», recommande-t-il.

Tags:

You Might also Like

Leave a Comment