Type to search

Actualités Autres

PRB : pourquoi adopter une politique de hauts salaires

Share
PRB

L’application du rapport du PRB dans la fonction publique grèvera lourdement les finances de l’État, mais constitue aussi un instrument de développement non négligeable.

85 000 fonctionnaires sont concernés par l’exercice du PRB.

Après quatre ans d’attente, les 85 000 fonctionnaires et employés des corps parapublics, ainsi que les 25 000 anciens commis de l’État à la retraite obtiendront une rémunération substantielle avec l’application du rapport du Pay Research Bureau (PRB) en janvier 2013. Le rapport lui-même sera présenté début octobre avant d’obtenir l’aval du Cabinet.

Grosso modo, cet exercice de révision salariale coûtera à l’État près de Rs 5 milliards. Du coup, la masse salariale dans la fonction publique, les municipalités et les corps parapublics – à l’exception du CEB qui dispose de sa propre grille des salaires – passera de Rs 22 milliards à Rs 27 milliards. Ce qui représente plus de 25 % des dépenses de l’État. Dans un contexte de crise et de relance de l’économie, le ministre des Finances, Xavier Duval, aura à manoeuvrer habilement lors de la présentation du Budget le 9 novembre pour équilibrer les comptes de l’État et éviter que le déficit budgétaire calculé à 3,8 % en 2012 ne crève le plafond.

Faire un saut quantitatif

Mais d’un point de vue purement macro-économique, la révision salariale n’est pas forcément une mauvaise nouvelle. Loin de là ! Une politique de hauts salaires est même souhaitable si nous voulons réaliser un saut quantitatif et dépasser le cap d’une économie à revenu intermédiaire. Pour le Dr Ashok Aubeeluck, chercheur et exdirecteur du Budget, il faut d’abord voir dans l’application du rapport du PRB un instrument de développement. « Nous nous plaisons à nous comparer à Singapour. Mais il faut savoir que le dragon asiatique est parvenu à son stade de développement grâce à une politique de hauts salaires. Aujourd’hui, les salaires à Singapour sont comparables à ce qui se pratique en Australie ou en Angleterre. De même, les progrès significatifs dans le domaine de la technologie réalisés par Singapour n’ont été rendus possibles que grâce à cette politique salariale forte. À Maurice, nous avons l’occasion de nous projeter dans un cycle de développement similaire. Nous avons une population estudiantine qui rechigne à travailler dans le secteur technologique faute d’incitation salariale. Nous avons besoin de leurs connaissances pour développer par exemple les ressources marines. Si nous jouons bien le jeu, nous pouvons nous engager dans ce cycle de développement technologique et pourquoi pas nous positionner sur des pays comme Madagascar, le Mozambique, le Botswana ou encore l’Inde », observe le Dr Aubeeluck.

Le principal risque lié à l’exercice de révision salariale est notre gros déficit de la balance commerciale calculé à Rs 38 milliards au second semestre de 2012. Avec l’injection d’une masse monétaire de Rs 5 milliards additionnelles dans le circuit, d’une part, il y aura une tendance à consommer plus de produits importés, ce qui pourrait davantage creuser notre déficit commercial. Et, d’autre part, ces dépenses non maîtrisées risqueraient de donner lieu à une poussée inflationniste. Pour éviter un tel scénario, le Dr Aubeeluck recommande que les autorités prennent des mesures pour encourager une culture de l’épargne et de l’investissement. Par exemple, en créant des special bonds assortis de taux d’intérêt intéressants sur le long terme ou encore des Medisave Schemes. De cette façon, on pourra éponger l’excès monétaire en circulation.

Pour le Dr Aubeeluck, le PRB ne se résume pas à un rapport sur la rémunération ou un simple exercice de comptabilité, mais il s’agit avant tout d’un plan d’action qui participe à une vision pour faire de Maurice une nation de professionnels et non de commis. Il recommande par ailleurs l’application du rapport dans son intégralité dans un seul et même exercice budgétaire. Car cette injection de Rs 5 milliards doit être vue comme un investissement massif dans nos ressources humaines pour créer un effet « big bang » qui pourrait générer une croissance de 1 % pour l’économie.

Septième rapport du PRB

C’est le septième rapport du PRB qui sera présenté en octobre. Jusqu’ici, il y a eu six exercices de révision salariale dans la fonction publique et les corps parapublics. Ils sont intervenus en 1982, 1987, 1993, 1998, 2003 et 2008. Il faut aussi savoir qu’il y a eu plusieurs experts qui ont travaillé sur des rapports sur la rémunération dans la fonction publique. Il y a eu d’abord M. Sedgwick dans les années 70’, puis M. Empeigne, un Mauricien, dont le rapport, quoique valable, avait été rejeté sous la pression des syndicats. Et finalement le fameux rapport de Donald Chessworth.

Tags:

You Might also Like