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Prime à l’emploi : faire reculer le chômage et répondre aux besoins en main-d’œuvre des entreprises

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Face au creusement du taux de chômage causé par la crise, le gouvernement prend le taureau par les cornes et annonce l’entrée en vigueur de la prime à l’emploi à partir de janvier 2023.

C’est sans doute l’une des mesures les plus progressistes du Budget 2022-2023. La prime à l’emploi entrera en vigueur à partir de janvier 2023. Elle concerne pas moins 10 000 personnes âgées entre 18 et 35 ans qui percevront un salaire mensuel de Rs 15 000 pendant un an. Concernant les femmes, elles seront éligibles à ce programme jusqu’à l’âge de 50 ans. Son coût : Rs 2 milliards. La prime à l’emploi devrait ainsi contribuer à réduire considérablement le chômage en ciblant les jeunes et les femmes, qui sont les plus touchés. L’objectif est clair : faire baisser le chômage qui a atteint 9,1 %.

Commentant l’introduction prochaine de la prime à l’emploi, le fondateur et directeur de Talent on Tap, Ravish Pothegadoo, souligne que les mesures budgétaires concernant l’emploi sont axées autour de l’investissement dans la maind’œuvre pour une réduction prévisionnelle du chômage de 9,1% à 7,8 %. Selon lui, ces mesures faciliteront également l’entrepreneuriat. De manière générale, il indique que la prime mensuelle de Rs 15 000 devrait certainement aider les entreprises à recruter davantage, et ainsi contribuer à baisser le taux de chômage pour l’exercice 2022-2023. Cependant, cette mesure étant limitée dans la durée (elle s’étend sur un an), il espère que les entreprises pourront continuer à financer l’emploi de ceux recrutés après la première année. De son côté, le président de l’Association des professionnels des ressources humaines (MAHRP), Areff Salauroo, estime que les mesures dans leur ensemble font tout pour encourager l’emploi et contribueront vivement à sauvegarder les emplois existants. «Ces mesures sont un grand coup de pouce pour le secteur. Car, d’une part, cela encouragera les recruteurs à donner une chance, surtout aux jeunes. D’autre part, elle encouragera ceux qui ne sont pas sur le marché du travail à y entrer ou à y revenir», observe-t-il, en soutenant que ce type de dynamisme présent sur le marché est de susceptible de créer beaucoup de possibilités et de nouveaux débouchés.

Le président de la Confédération des travailleurs des secteurs privé et public (CTSP), Reeaz Chuttoo, indique que cette mesure fera d’une pierre deux coups. Tout en sachant que les travailleurs étrangers envoient leur salaire vers leur pays d’origine, cette mesure limitera la fuite des capitaux. Elle diminuera également le nombre de chômage chez les femmes et les jeunes.

Une démarche fort louable du gouvernement. Tel est l’avis de Thierry Goder, Chief Executive Officer d’Alentaris, en commentant la prime à l’emploi. Selon lui, cette mesure permettra aux jeunes diplômés au chômage de gagner en expérience tout en étant pris en charge d’une manière directe à hauteur de Rs 15 000. «L’employeur pourra obtenir cette aide du gouvernement en employant un jeune et en lui donnant la possibilité d’acquérir de l’expérience. Mieux encore, au bout d’un an, il pourra estimer si le salarié a apporté une valeur ajoutée à l’entreprise, s’il a adhéré à la culture de l’entreprise ou encore s’il a eu le soutien de ses collègues en travaillant avec eux. Il pourra alors lui proposer un poste permanent, un autre statut et éventuellement un meilleur salaire», fait ressortir Thierry Goder. D’un autre côté, il pense que toutes les entreprises – grandes et petites – porteront un intérêt à accueillir ces jeunes sous ce système d’aide à l’emploi. S’agissant des PME, Thierry Goder précise que celles-ci se réinventent. Elles se dirigent beaucoup vers l’innovation et recrute des jeunes. Il ajoute que les entreprises qui ont les moyens financiers, qui sont stables, profitables et dont le chiffre d’affaires n’arrête pas de croître ne vont pas se ruer pour utiliser cette initiative du gouvernement. Car ces entreprises ont déjà les moyens d’attirer des talents.

DES PARAMÈTRES À PEAUFINER

La HR Consultant de Le Relié Consultancy, Jenisha Bye Ramma-Mohabeer, est, quant à elle, d’avis que les réformes proposées peuvent bénéficier à certains secteurs, que ce soit la construction, la restauration ou encore les Tic. Toutefois, elle estime que la prime à l’emploi, bien que positive, ne résout pas tous les problèmes auxquels le marché de l’emploi est confronté, c’est-à-dire le déséquilibre (mismatch) entre les attentes des employeurs et les compétences disponibles sur le marché. Si la prime à l’emploi incitera de nombreuses personnes à reprendre le travail, il n’est pas certain que celles qui rempliront les postes disponibles auront les meilleures qualifications pour bien faire le travail.

Par ailleurs, il n’est pas non plus surprenant de voir des abus. Que ce soit, au niveau des jeunes qui souhaitent prendre un poste juste pour la prime ou des employeurs qui peuvent créer des postes, alors que la nécessité n’existe pas.

UNE DISCRIMINATION POSITIVE

Selon Reeaz Chuttoo , la société mauricienne est profondément déséquilibrée. Le patriarcat est très présent. C’est la raison pour laquelle le taux de chômage chez les femmes est élevé. S’agissant des jeunes, les recruteurs leur demandent quelques années d’expérience qu’ils n’ont pas. Ainsi, estime-t-il, la prime à l’emploi constitue une forme de discrimination positive. Elle permettra aux jeunes et aux femmes d’entrer sur le marché de l’emploi et de prouver leurs compétences et enfin d’acquérir de l’expérience.

Parallèlement à la prime à l’emploi, il suggère que le secteur public et le privé organisent des formations à l’intention des femmes et des jeunes dans le secteur de la construction ou l’industrie manufacturière. «Certaines personnes que nous représentons dans le secteur de la construction me disent qu’il leur sera difficile de travailler si une femme est employée», se désole Reeaz Chuttoo, en ajoutant qu’en Afrique du Sud, des femmes travaillent sur des chantiers. «En tant que syndicaliste, j’accueille positivement cette mesure car les jeunes et les femmes doivent aussi travailler», insiste-t-il

ATTENTION À NE PAS CRÉER UN DÉSÉQUILIBRE

Toutes les entreprises peu importe leur taille doivent être éligibles à la prime à l’emploi, insiste Areff Salauroo. Accorder la priorité aux TPE et PME apportera un «déséquilibre». «Le marché doit être nationalisé. C’est là où il y a une opportunité ou un besoin qu’il faut explorer la prime et ses avantages. Sinon, c’est ainsi que les entreprises peuvent créer une fausse position pour profiter de cette facilité et vice versa», avertit-il.

Les jeunes, précise Jenisha Bye RammaMohabeer, peuvent rapidement être convaincus qu’ils n’ont pas besoin de poursuivre leurs études.

Par rapport au Youth Employment Programme où les nouvelles recrues bénéficient d’une allocation sur la base de leurs compétences académiques, la prime à l’emploi offrira un salaire plus important. Cet état de choses peut dissuader nombre de jeunes à ne plus faire des études poussées avec à la clef une diminution des compétences du corps des employés. «En tant que recruteurs, nous sommes souvent confrontés à ce problème lorsque nous recherchons les meilleurs profils pour nos clients. La situation peut à présent empirer s’il n’y a plus intérêt de la part des jeunes pour qu’ils améliorent leurs qualifications», fait-elle ressortir.

Ravish Pothegadoo souligne dans la foulée qu’il y a aussi un risque dépendant des conditions régissant l’octroi de ce Scheme. «Mettons-nous à la place d’un demandeur d’emploi ayant reçu deux propositions d’embauche. La première d’une microentreprise/ PME et la seconde proposition venant d’une grosse entreprise. Priorisant la sécurité d’emploi et tous les autres avantages proposés, le choix du demandeur d’emploi penchera définitivement vers la grosse entreprise. De ce fait, les entreprises ayant déjà les moyens financiers pourront bénéficier de ce Scheme au détriment des petites entreprises», argue-t-il. Par ailleurs, il estime qu’il faut certainement accorder priorité aux TPE et PME, mais aussi à celles ayant une proposition soutenable qui peuvent assurer une certaine pérennité et qui peuvent présenter un business plan plausible.

Soodesh Callichurn : «pas moins de 20 000 emplois seront créés»

Intervenant dans le cadre des débats budgétaires, le ministre du Travail, Soodesh Callichurn, a insisté que le Budget 2022-23 comporte des mesures fortes en faveur des employés qui viennent améliorer le niveau de vie des salariés, que ce soit à travers des mesures qui améliorent leur pouvoir d’achat ou les aident à préparer leur retraite. Au passage, il précise que le Cabinet a approuvé l’introduction d’un Wage Relativity Adjustment, soit un ajustement des salaires dans 17 secteurs économiques pour corriger les distorsions causées par l’introduction du salaire minimum en 2018.

Concernant la prime à l’emploi, il soutient que cette mesure constitue «un coup de pouce à l’emploi et vise à donner aux jeunes une première expérience professionnelle. Il a aussi comme objectif d’encourager les femmes qui ont dû abandonner leurs emplois pour des raisons familiales de reprendre le chemin du travail», affirme-t-il. Et de faire ressortir : «Nous allons aussi doper l’emploi grâce au recrutement de 8 353 nouveaux fonctionnaires. Il faut aussi ajouter les 2 000 postes à pourvoir au sein de Mauri-Facilities Ltd. Faites le compte… ce ne sont pas moins de 20 000 emplois qui seront créés».

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