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Relations commerciales – opportunités pour le secteur d’exportation avec la reprise annoncée aux Etats-Unis

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Commerce

Relations Commerciales. Les États-Unis ont réajusté à la hausse les taux sur leurs obligations souveraines sur fond d’anticipation d’un rebond de la croissance. Cette mesure aura un impact sur la valeur du dollar, ce qui rendra les exportations plus compétitives. 

 

Les États-Unis n’ont pas chômé avec la campagne de vaccination. D’ici à fin avril, pas moins de 200 millions d’Américains seront vaccinés. Du coup, les autorités américaines anticipent une reprise plus rapide. D’ailleurs, dans son dernier World Economic Outlook, le Fonds monétaire international (FMI) prévoit une croissance de 6,4 % de l’économie américaine.

C’est dans ce contexte de reprise que les États-Unis ont récemment revu à la hausse les taux sur leurs obligations souveraines. Toutefois, les taux d’intérêt bancaires resteront inchangés au moins pour les deux prochaines années car la Réserve fédérale américaine a réitéré son intention de main- tenir une politique monétaire accommodante.

Quoique présageant une reprise accélérée de l’économie, ce redressement du taux des obligations souveraines pourrait également signifier des choix plus difficiles en matière de dépenses. Alors que Washington débat de la taille d’un nouveau plan de sauvetage économique, le marché obligataire envoie un message : une accélération significative de la croissance et de l’inflation dans les années à venir semble plus probable maintenant qu’elle ne l’était il y a à peine quelques semaines. Ce serait surtout une bonne nouvelle, suggérant une économie qui se remet rapidement de la pandémie. Les taux d’intérêt restent très bas par rapport aux normes historiques, cela même pour les titres à plus long terme. En outre, les prix des obligations impliquent que l’inflation sera cohérente avec l’objectif de 2 % de hausse annuelle des prix à la consommation de la Réserve fédérale, et non une spirale plus inquiétante.

Selon le Dr Bhavish Jugurnath, économiste et Chartered Accountant, il est clair que la combinaison d’une Réserve fédérale tolérante et d’une offre massive de bons du Trésor continuera de pousser les rendements à la hausse.

«Le dollar américain a reflété, plus immédiatement, la possibilité d’une hausse de l’inflation, chutant de 0,5 % après l’annonce de la Fed, mesurée par rapport à un panier de devises. Même si les États-Unis étaient plus proches d’une hausse des taux d’intérêt que les économies qui se remettaient plus lentement du coronavirus, il était logique que les craintes d’un resserrement de la politique monétaire américaine se propagent autour des marchés obligataires mondiaux. La banque centrale américaine donne aux investisseurs une fenêtre sur le rythme auquel les autres banques centrales finiront par se resserrer, à la suite de la forte relance monétaire des régulateurs de taux mondiaux depuis le début de la pandémie», observe-t-il.

Dans le cas de Maurice, la première problématique qui se pose est de savoir s’il va falloir qu’on s’engage dans cette dynamique impulsée par les États-Unis en envisageant un resserrement de la politique monétaire. Cela est difficilement envisageable puisque la situation économique reste précaire avec de nombreuses compagnies et indépendants ayant des difficultés à rembourser leurs dettes. Ainsi, avec une augmentation du Prime Lending Rate (PLR), cette situation pourrait s’aggraver, mais d’un autre côté, cela attirera les investisseurs. Avec une liquidité élevée sur le marché, les investisseurs recherchent des avenues d’investissement qui ne sont pas très attractives avec des taux d’intérêt bas. Tout cela amène à une réflexion sur la stratégie de politique monétaire à adopter dans le contexte d’une reprise économique pour Maurice.

IMPACT SUR LA VALEUR DE LA ROUPIE

Par ailleurs, une appréciation de la devise américaine stimulera davantage les rendements de la détention de l’obligation. Les obligations étrangères peuvent offrir des rendements plus élevés que les obligations nationales et diversifier le portefeuille. Cependant, comme le rappelle le Dr Bhavish Jugurnath, ces avantages doivent être mis en balance avec le risque de perte résultant de mouvements de change défavorables, qui peuvent avoir un impact négatif important sur les rendements totaux des obligations étrangères.

«L’appréciation du dollar intervient à un moment non seulement de hausse des rendements, mais aussi d’une période de réduction du risque créée par une incertitude accrue sur les développements politiques aux États-Unis. Le dollar plus fort n’a pas épargné l’euro ; celui-ci en baisse de 0,3 %. À ce stade, je pense que cela aura un effet minime sur Maurice car nos frontières sont fermées et cela n’aura pas d’impact immédiat sur les arrivées de touristes. Globalement, je pense que cela entraînera, par conséquent, une dépréciation de la roupie mauricienne qui, malheureusement, augmentera le coût des importations et donc le coût des affaires et de la consommation à Maurice», argue le Dr Bhavish Jugurnath.

L’autre problématique est de savoir dans quelle mesure la reprise annoncée aux États-Unis bénéficiera aux entreprises mauriciennes tournées vers l’exportation. À noter qu’en 2019, les exportations mauriciennes sur le marché américain ont totalisé Rs 7,1 milliards.

Participant à ce débat, Maurice Vigier de La Tour, directeur de MVL Marketing, rappelle que le dollar américain est une devise mondiale de référence. Il s’établit comme la monnaie d’échange des producteurs mauriciens exportant vers les États-Unis et d’autres marchés. Sur une période d’un an, le dollar américain s’est apprécié de 12 %, indique Maurice Vigier de La Tour. Une conjoncture qui a été favorable aux exportateurs mauriciens qui effectuent leurs transactions en billet vert. À l’achat, le dollar américain s’échangeait en fin de semaine dernière à Rs 39,77, contre Rs 40,90 à la vente. Et les mesures des autorités américaines pour relancer l’économie intérieure creusent cette tendance haussière de cette monnaie forte. Une situation qui va bien évidemment favoriser le secteur d’exportation. «Autant ceux qui exportent en dollars comme en euros ont gagné un peu de terrain, surtout dans le contexte actuel», fait remarquer Maurice Vigier de La Tour. À noter, par ailleurs, que le cours croisé euro-dollar était de 1,18 à lundi, soit une variation de -2,18 depuis le début de l’année. Ce qui traduit une appréciation du dollar face à l’euro.

La principale inquiétude des opérateurs locaux reste la conjoncture dans les principaux marchés d’exportation en Europe. Ainsi, les décrets de confinement en France ou en Italie, par exemple, donnent lieu à la fermeture de dizaines de milliers de magasins. Ce qui provoque une baisse des commandes. Le manque de visibilité à court-moyen terme demeure l’autre revers de cette situation.

À Plastinax Austral, on brosse le même constat par rapport au manque de visibilité. Toutefois, la reprise économique annoncée pour 2021 par la Réserve fédérale redonne de l’espoir. Ce retour de la confiance peut contribuer à dynamiser la demande pour les produits de lunetterie exportés par le fabricant mauricien. «Dans la situation de pandémie mondiale dans laquelle nous vivons actuellement, il devient très difficile d’avoir de la visibilité sur l’évolution de ce marché. Notre offre étant un service de production de montures de lunettes pour des marques internationales, nous dépendons du coup directement des décisions stratégiques de ces marques qui, elles, évoluent déjà dans un climat incertain. Cela dit, la banque centrale américaine a récemment révisé sa prévision de la croissance du PIB à 6,5 % pour 2021, prévu précédemment à 4,2 % en décembre 2020. Cela est déjà un signal très fort et encourageant d’une reprise économique certaine et on l’espère, proche», fait ressortir Samuel Lagesse, Regional Sales & Marketing Manager de Plastinax Austral.

De son côté, le Dr Bhavish Jugurnath souligne que l’appréciation du dollar – en supposant une dépréciation de la roupie –, rendra les exportations plus compétitives. Cela augmentera la demande pour les exportations. Par ailleurs, la dépréciation de la roupie induite par l’appréciation du dollar rendra les actifs mauriciens plus attractifs. Par exemple, une dépréciation de la roupie peut faire paraître l’immobilier mauricien moins cher aux étrangers. Un autre avantage de la progression à la baisse est la reprise du tourisme local. «Cela sera bénéfique pour notre secteur du tourisme qui attire naturellement les voyageurs et les touristes, et ils trouveront que Maurice est une destination abordable, même si nous devrons toujours prendre en compte le facteur de Covid-19 en termes de nombre réel de touristes. Mais dans une réalité ancrée, la dépréciation de la monnaie, qui est organiquement un phénomène de tarification, n’est pas plus bénéfique pour la compétitivité des exportations. Il est passé du prix à la valeur ajoutée. De nombreux pays importent des produits et services à valeur ajoutée, quels que soient leurs prix. Ainsi, le prix n’est plus une dimension concurrentielle, la qualité et la durabilité sont les nouveaux critères de la compétitivité à l’exportation», fait ressortir le Dr Bhavish Jugurnath.

Les États-Unis sont la première puissance économique. Une reprise rapide devrait sans aucun doute tirer la croissance mondiale et accélérer le commerce. Aux exportateurs mauriciens d’en tirer pleinement avantage.

Hors-texte: Priorité à la relance aux Etats-Unis

L’Économie américaine a progressé de 1 % entre octobre et décembre, contre une solide progression de 7,5 % au cours des trois mois derniers mois. Le président Joe Biden a donné la priorité à une action rapide sur un important relief package contre la Covid-19 et est susceptible de faire pression pour des investissements tournés vers l’avenir dans des secteurs clés de l’économie américaine tout au long de la session du Congrès.

Les décideurs politiques progressistes démontrent de plus en plus un engagement avec une nouvelle législation conçue pour soutenir les emplois dans la construction, l’économie des soins, les services publics et les industries vertes. Désormais, les économistes prévoient un éventuel rebond en 2021, en particulier au second semestre, alors que des millions d’Américains sont vaccinés contre le virus. Ainsi, l’opportunité est pour nos entreprises mauriciennes principalement à l’export de se repositionner en fonction de nouvelles offres de produits dans un contexte post-pandémique pour sécuriser cette opportunité non négligeable. Notre industrie d’exportation, qui représente environ 14 % de notre PIB, est essentielle pour la reprise économique du pays.

 

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