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Secteur des TIC : La technologie confirme sa résilience en 2021

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Comme on le sait, la technologie est l’économie d’aujourd’hui et celle de demain. Alors que Maurice avait amorcé une transition digitale timide ces cinq dernières années, les impacts de la Covid-19 ont poussé l’état et le secteur privé à la reconsidérer. Depuis, l’on note l’émergence de nouveaux produits, solutions, systèmes ou encore entreprises à Maurice. Tant 2020 fut prometteuse, 2021 a été une année prolifique et 2022 est vouée à être aussi belle si le pays poursuit ses efforts.

La résilience est de mise. Le secteur de la technologie de l’information et de la communication (Tic) a une nouvelle fois frappé fort en cette année 2021. Mis au jour avec l’éclatement de la crise de la Covid-19, le caractère ubiquitaire de la technologie lui octroie le pouvoir de non seulement soutenir les secteurs d’activités à travers la digitalisation, mais également de se faire une place plus importante dans le camembert économique national.

En termes d’évolution, la contribution du secteur des Tic a connu un bond en 2020, suivant l’apparition de la Covid-19. En effet, alors que de 2017 à 2019, la part du secteur dans le Produit intérieur brut du pays oscillait entre 5,6 % et 5,9 %, les Tic se sont, dès 2020 – éclatement de la crise économique – révélées comme un catalyseur économique et contribuer à hauteur de 7 % du PIB. S’agissant de 2021, les institutions nationales comme Statistics Mauritius prévoient encore une belle performance de ce nouvel acteur clé.

Commentant ces données, Shateeaum Sewpaul, directeur général d’Harel Mallac Technologies, dit observer un mouvement positif dans la performance du secteur. Il l’explique «principalement par une croissance notable de nos activités dans le domaine de l’outsourcing. Pour cause : plusieurs entreprises au niveau mondial ont été poussées à considérer l’externalisation des processus qu’elles ne pouvaient plus assurer d’une façon optimale à l’interne, faute de ressources ou suites à des exercices inévitables d’optimisation des coûts dans un contexte économique compliqué». S’ajoute à cela «un investissement plus accru dans des outils et des équipements adaptés pour le télétravail, un phénomène qui est devenu aujourd’hui un mode de fonctionnement régulier pour une grande partie des entreprises dans le pays et ailleurs»

Un point de vue qui ne manque pas de faire réagir Brian Dean, fondateur de Panda & Wolf Holding. Celui-ci fait remarquer que la digitalisation de l’économie entraîne de fait la vente d’équipements technologiques. «La consommation de produits et de services dans le secteur des Tic a connu, et va certainement connaître, une forte augmentation. Les gens auront besoin d’une connexion Internet plus rapide, d’appareils plus performants (mobiles, ordinateurs, IoT, etc.) et cela pourrait être une opportunité pour l’île Maurice de se positionner sur le marché international», souligne-t-il.

 

BRIAN DEAN, FONDATEUR
DE PANDA & WOLF
HOLDING

GUILLAUME
DEVANTHÉRY, DIRECTEUR
DE BUSINESS DATA
INTEGRATOR

SHATEEAUM SEWPAUL,
DIRECTEUR GÉNÉRAL
D’HAREL MALLAC
TECHNOLOGIES

De l’avis de Guillaume Devanthéry, directeur de Business Data Integrator, c’est davantage au niveau des solutions de data protection (protection des données) qu’il voit une hausse de la demande, notamment de la part des entreprises qui renforcent leur politique digitale. «Avec l’émergence du télétravail, la sécurité de l’infrastructure informatique a aussi été remise en question. De nombreux clients sont venus vers nous dans l’optique de moderniser et de mettre à jour la sécurité de leur plateforme afin d’éviter d’éventuels désagréments liés à cette nouvelle manière de travailler», confie-t-il. Avant d’ajouter qu’en 2021, l’on a aussi assisté à l’émergence de secteurs sous-jacents comme la fintech, ainsi qu’une digitalisation plus prononcée d’entreprises historiques. «Depuis quelques années, beaucoup de sociétés fintech ambitionnent de réinventer le secteur grâce aux nouvelles technologies et à l’intelligence artificielle. Ces start-up ont néanmoins des arguments de taille grâce à leur capacité à réduire les coûts et à faciliter ‘l’expérience client’ grâce aux nouvelles technologies. Pour éviter une ‘ubérisation’ de leur secteur, les acteurs historiques commencent à suivre la tendance, notamment à travers le développement et l’utilisation des technologies et d’applications mobiles qui ont participé à cette évolution. Les banques, par exemple, mettent à la disposition de leurs clients (particuliers et sociétés) de plus en plus d’outils permettant de faciliter et d’améliorer leur expérience client.»

Après un bond en 2020, le secteur des TIC s’est affirmé cette année

5G : Nouveau vecteur de croissance

Toutefois, cette digitalisation, bien qu’ayant commencé sur de bonnes bases, nécessite un environnement adéquat afin de grandir. Il est là le rôle de l’État afin de promouvoir le secteur. Et cette année, Maurice n’a pas manqué le coche, en témoigne l’arrivée de la 5G et de l’Internet à très haut débit. Commentant ces deux faits marquants de l’année 2021, Brian Dean note qu’il est indéniable que cela fera avancer le secteur. D’autant plus que la 5G est l’outil de demain. «La 5G aide définitivement à l’avancée d’une économie digitale. Cela permettra de développer de nouveaux logiciels plus performants, de mettre un pied dans l’univers de la robotique et de l’IoT (objets connectés) et aussi de la gestion/du transfert de données de masse plus facilement», explique-t-il. Il est rejoint dans son analyse par Shateeaum Sewpaul, qui affirme que cette arrivée sera un game-changer de la digitalisation, mais aussi pour les performances à venir du secteur des Tic. «La 5G va accélérer le passage aux relations clients numériques. Les grandes entreprises de commerce de détail comprennent l’intérêt d’offrir de telles expériences à leur clientèle pour augmenter les conversions en ventes et le marketing personnalisé, rendues possibles par la Réalité Augmentée. Le réseau 5G changera notre quotidien dans notre façon de communiquer, de travailler, de nous déplacer, d’acheter en ligne ou encore de nous divertir. Les technologies mobiles précédentes connectaient les personnes mais la 5G permettra aussi de connecter les objets d’une manière plus importante et en créant ainsi un impact positif sur la chaîne de valeur des entreprises pour le bien ultime des clients. De plus, avec l’arrivée de véhicules autonomes, la 5G aura un impact sur toute la chaîne logistique des différentes industries».

2022 : CAP SUR LE MÉTAVERS

Toutefois, la technologie évolue à une allure folle et de nouveaux défis ne nous permettent pas de nous reposer sur nos lauriers. Parmi eux figure le métavers. Alors que plusieurs pays ont déjà débuté cette chasse vers cet Internet de demain, notre pays ne devra pas manquer le coche. Pour Guillaume Devanthéry, l’on devra s’appuyer sur une collaboration public-privé afin que Maurice soit un acteur clé de ce nouvel eldorado technologique. «Le métavers nécessitera un investissement au niveau des infrastructures. Créer un ‘Internet’ en 3D demande beaucoup plus de ressources que simplement afficher une page web. Étant considéré par ses créateurs comme la prochaine étape de l’évolution d’Internet, il est important de créer un écosystème sûr et fiable, car le métavers utilisera les données personnelles, parmi d’autres données sensibles. Il est donc primordial qu’il y ait une coopération étroite entre les acteurs du secteur privé et les institutions de réglementation de Maurice afin d’assurer une mise en place réfléchie et pérenne. Tout cela sans oublier une coopération au niveau international car Internet n’a pas de frontières», commence-t-il par dire.

Ainsi, ceux qui souhaitent tirer leur épingle du jeu devront utiliser de nouveaux produits suffisamment puissants et compatibles pour maîtriser cette innovation. Celui-ci ajoute que cet univers est tellement vaste qu’il faut aussi la construire avec des technologies et des règlements qui n’existent pas encore. «Actuellement, ces technologies sont au stade de prototypes. Et comme dans le monde réel, il faudrait avoir des réglementations strictes pour régir le métavers afin d’éviter tout abus. Son application étant nouvelle, beaucoup de questions restent en suspens. Par exemple : comment protéger les utilisateurs (ou la population) de cet univers virtuel ? Devrait-il y avoir un système juridique ou encore judiciaire indépendant pour traiter les mauvais comportements ?».

De l’avis du directeur général d’Harel Mallac Technologies, cette technologie n’est pas une considération, mais plutôt une obligation. «Ce nouveau concept digital touchera des domaines tels que la santé, l’éducation ou encore le retail. L’application du métavers et les technologies immersives qui sont associées nous permettront de rester compétitifs et aussi en ligne avec les tendances qu’on connaîtra au niveau de la consommation mondiale».

Crowdfunding : l’avenir du financement participatif

En 2021, la juridiction mauricienne a pu démontrer sa résilience en sortant de la liste grise du GAFI. Dans le sillage d’un renforcement de nos acquis, nous nous dirigeons vers des solutions de fintech, à l’instar du crowdfunding et de la monnaie numérique. Pour Shateeaum SeZpaul, ces deux secteurs qui sont nés du mariage de la finance et de la technologie sont des domaines d’avenir. «Le crowdfunding et la cryptomonnaie ne sont plus que des concepts mais ils sont bel et bien utilisés dans plusieurs pays et on a un retard à combler. Cela exigera une volonté plus importante d’adopter ces technologies de manière concrète pour différents besoins et applications. Il faut surtout assurer en parallèle la mise en place de cadres légaux venant des régulateurs pour garantir une conformité requise pour un écosystème digital au niveau mondial». Une page qui semble déjà être entamée par Maurice avec les nouvelles régulations émises par la Financial Services Commission sur le croZdfunding ou encore la publication de guidelines
lignes de conduite par la Banque de Maurice. «C’est encourageant de noter qu’il y un effort palpable pour jeter les bonnes bases pour innover dans le domaine de la fintech. Il faut maintenant que tous les acteurs du secteur accélèrent la mise en place des différents projets en gestation et de venir avec d’autres initiatives innovantes pour placer l’île Maurice comme une société moderne et avancée dans ce domaine», soutient le directeur général d’Harel Mallac Technologies.

2022 : une feuille de route qui doit être mise à jour

Le ministre des Finances a fait valoir que le gouvernement va veiller de près à ce qu’on ne casse pas la dynamique dans le secteur des Tic qui, dit-il, est performant. Il faut donc continuer le travail déjà entamé afin de poursuivre le développement des Tic. Mais aussi y apporter un renouveau pour qu’il exprime son plein potentiel. Brian Dean est d’avis que l’État devrait maintenir son rôle de providence. Il conseillerait d’ailleurs d’avoir des aides pour l’émergence et le rayonnement des start-up présentes à Maurice. «Aujourd’hui, le plus grand soutien dont nous aurions besoin serait de pouvoir accéder aux mêmes offres que les start-up reçoivent en Europe ou aux États-Unis. Pour cause : beaucoup de nos confrères se sont délocalisés dans d’autres pays au cours des deux dernières années, sans oublier les entreprises internationales de Tic présentes à Maurice qui ont transféré leurs bureaux à Madagascar», plaide-t-il. Et d’ajouter que Maurice a tout de même de belles cartes à jouer pour concurrencer les pays voisins comme le Rwanda et l’Afrique du Sud. «L’éducation est certainement un des piliers sur lesquels nous devons nous appuyer, tout comme la 5G. Maurice a surtout besoin de l’aide de sa diaspora, qui a non seulement l’habitude de vivre dans des pays plus avancés sur le plan technologique, mais qui est aussi composée de professionnels dans ces secteurs». Pour sa part, Guillaume Devanthéry propose que le gouvernement se tienne aux mesures annoncées dans les deux derniers budgets. «Le principal soutien attendu est de continuer à miser sur la formation des jeunes pour créer une filière d’excellence et soutenir le développement du secteur ainsi que des sociétés qui le composent», dit-il, ajoutant que les monnaies numériques seront l’essence même pour le rayonnement du pays à l’international. «Bien qu’il y ait peu d’initiatives qui pourraient stimuler le secteur des Tic ou transformer l’île Maurice, l’intention de tester une monnaie numérique par la Banque centrale est un pas dans la bonne direction. Elle établit les bases de la numérisation de notre écosystème de paiement, accélérera l’adoption de la monnaie électronique dans le pays, réduira le blanchiment d’argent et diminuera le coût de la monnaie papier».

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