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Services financiers – Ouvrir une nouvelle ère

Dans le monde de la finance, la transparence est le maître mot. Afin de s’affirmer comme une juridiction de substance, l’État s’est engagé dans un processus de réforme pour répondre aux exigences des instances internationales. 

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Avec une contribution de 11,9 % au produit intérieur brut (Pib), le secteur financier demeure l’un des moteurs de croissance. Son influence au sein de l’économie mauricienne continue à grandir. D’ici à la fin de l’année, il devrait contribuer à hauteur de 12,2 % à la richesse nationale.

Aujourd’hui, tout l’enjeu pour les services financiers réside dans une plus grande transparence et l’offre de services à valeur ajoutée. Cela, dans un contexte où le cadre réglementaire à l’international devient beaucoup plus restrictif avec, notamment, la Foreign Account Tax Compliance Act (FATCA), l’initiative BEPS (Base Erosion of Profit Shifting) de l’Organisation de coopération et de développement économiques (OCDE), les accords sur les échanges d’informations entre les pays et, plus récemment, l’adoption du Règlement général sur la protection des données.

Avec le Budget 2018-19, le gouvernement incite le global business à s’adapter aux mutations internationales tout en renforçant l’image de Maurice comme un centre financier de renom. 

Parallèlement, le plan directeur (Blueprint) annoncé dans le dernier Budget, dont l’objectif est d’élaborer la vision pour les services financiers sur les dix prochaines années en tenant compte des normes internationales entrant en vigueur et de la compétitivité de la juridiction mauricienne, est fin prêt. Un comité de pilotage sera mis sur pied au bureau du Premier ministre pour en assurer la mise en œuvre dans les délais prescrits. Une annonce que Gary Gowrea, Head of Structuring and Advisory à SGG Mauritius, accueille favorablement. Il estime que c’est une source de motivation pour le secteur qui pourra diversifier son offre et créer de la valeur ajoutée en tirant parti du capital humain. 

Régime fiscal uniforme

L’une des principales mesures concerne l’introduction d’un régime fiscal uniforme pour les compagnies domestiques et celles du global business de même qu’un régime fiscal spécial pour les banques. Alors qu’à partir de janvier 2019, la Financial Services Commission (FSC) n’octroiera plus de licences de catégorie 2 pour les compagnies du global business ; avec une clause de droits acquis (grandfathering) pour les sociétés existantes. Les sociétés opérant dans le global business devront également répondre à l’exigence en matière de substance. Ainsi, une nouvelle structure sera mise en place dans le but d’améliorer la supervision des sociétés de gestion. La FSC sera également chargée de développer des structures d’équivalence avec d’autres juridictions dans le but d’améliorer la compétitivité du centre financier local. 

Améliorer la compétitivité du centre financier loca

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L’élimination progressive des sociétés ayant une licence de catégorie 2 est un bienfait déguisé, observe Gary Gowrea, car elles seront tenues soit de se reconvertir en des structures domestiques soit de continuer à opérer dans le global business, imposant ainsi plus de substance pour Maurice en tant que juridiction de renom. 

«En annonçant une révision du secteur du global business, le Budget ne s’attaque que partiellement aux inquiétudes autour des changements internationaux comme l’Anti-Tax Avoidance Directive de l’Union européenne ou encore le Base Erosion and Anti Abuse Tax (BEAT) des États-Unis. Il est impératif d’avoir une approche holistique avec l’application du ‘Blueprint’», fait ressortir Gary Gowrea. 

Shahannah Abdoolakhan, Chief Executive Officer d’Abler Consulting, abonde dans le même sens. Cette harmonisation, observe-t-elle, était devenue nécessaire pour maintenir la compétitivité du centre financier mauricien. Les opérateurs devront, de ce fait, revoir leurs offres. Et l’une des façons est de créer les conditions pour favoriser l’émergence de la FinTech, qui est une évolution naturelle des services financiers. «Tous les acteurs du global business devraient s’engager dans la FinTech s’ils veulent assurer leur survie», argue-elle. Shahannah Abdoolakhan propose ainsi la tenue d’échanges collaboratifs avec les acteurs de la FinTech tout en encourageant les partenariats publics-privés dans l’optique d’élaborer des systèmes de contrôle pour contextualiser et mitiger les risques associés aux nouveaux produits et services.

Tabler sur le potentiel des grosses fortunes

Globalement, le Budget 2018-19 est positif sur le plan socio-économique, observe Sanjiv Bhasin, Chief Executive Officer d’AfrAsia Bank. Selon lui, les mesures visant à améliorer le pouvoir d’achat des Mauriciens et attirer les riches étrangers devraient se matérialiser par des gains significatifs au niveau de la consommation domestique sur le long terme. En ouvrant ses frontières aux étrangers, Maurice se rapproche d’autres juridictions et se positionne pour attirer les grosses fortunes, observe Sanjiv Bhasin. Toutefois, il insiste qu’il faudra veiller à ce que cela ne se fasse pas au détriment de la population locale. «Je suggère qu’un groupe de travail soit créé sur cette question pour peser les mérites de cette initiative et en faire un scénario gagnant-gagnant pour Maurice ainsi que les étrangers. Cependant, je suis vraiment favorable à cette initiative car elle contribue à l’ouverture de l’économie et contribuera sûrement à stimuler la consommation et la croissance. Certes, ces individus fortunés devront contribuer à un fonds souverain, mais il faudra veiller à ce qu’ils créent leurs entreprises ici, en particulier ceux qui investissent dans la région africaine», ajoute Sanjiv Bhasin

Générer Rs 101 milliards de valeur ajoutée à l’horizon 2030

Valeur du jour, il existe 11 632 sociétés de catégorie 1 et on dénombre 10 154 de catégorie 2,. Le global business regroupe également 2 186 sociétés de gestion et 989 Global Funds. Dans son plan stratégique sur trois ans, le gouvernement s’attend à ce que le secteur continue à croître à un rythme de 5,5 % par an. La valeur ajoutée générée est estimée à Rs 53 milliards en 2018, Rs 59 milliards en 2020 et Rs 101 milliards en 2030. Des objectifs tout à fait réalisables selon Gary Gowrea. Toutefois, il sera nécessaire qu’on réussisse la transition vers des offres à haute valeur ajoutée, lesquelles nécessiteront des compétences sophistiquées. «La mesure budgétaire sur l’innovation est une étape importante. Je suggère d’ailleurs la création d’un ministère de l’Innovation», ajoute Gary Gowrea. De son côté, Shahannah Abdoolakhan se montre plus prudente. Elle est d’avis que toute la réflexion autour de l’avenir du global business devrait se faire dans le contexte des politiques internationales et des relations transfrontalières. «Notre secteur financier, de par sa nature même, reste tributaire des tendances mondiales et nous devrions être conscients des défis mondiaux tels que le protectionnisme souverain et les guerres commerciales», soutient-elle

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