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Special Reserve Fund : Comment la Banque de Maurice a réalimenté ses fonds propres

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BOM

Ayant soutenu massivement la politique fiscale, la banque de maurice se retrouve dans l’obligation de se recapitaliser. D’où sa décision de procéder à une dévaluation compétitive de la roupie afin de renflouer le Special Reserve Fund.

La posture du Fonds monétaire international (FMI) est claire. Après avoir injecté Rs 109 milliards dans l’économie réelle ou l’équivalent de 25,4 % du produit intérieur brut (PIB), la Banque de Maurice doit progressivement renflouer ses caisses pour garder un niveau de fonds propres confortable et rééquilibrer son bilan. D’autant plus que suivant le transfert de Rs 32 milliards du Special Reserve Fund vers le Trésor public, le niveau de ses fonds propres a chuté de Rs 45 milliards à Rs 13 milliards. Pour se recapitaliser, elle est intervenue sur le marché monétaire pour vendre aux banques un montant de $25 millions à un prix de Rs 42,50. Une politique de dévaluation compétitive de la roupie qui vise à réaliser des gains de quelque Rs 10,5 milliards devant être transférés au Special Reserve Fund.

Car techniquement, tout gain ou perte réalisée au cours d’un exercice financier de la Banque centrale résultant de changements dans l’évaluation de ses actifs ou passifs en or, en droits de tirage spéciaux ou en devises étrangères à la suite de tout changement dans les valeurs ou les taux de change de l’or, des droits de tirage spéciaux ou des devises étrangères exprimés en monnaie nationale sont crédités ou débités dans le Special Reserve Fund.

Initialement utilisé pour recapitaliser les fonds propres de la Banque centrale, le Special Reserve Fund peut être utilisé – après l’accord du conseil d’administration de la BoM – depuis le 23 mars 2020 pour accorder des subventions au gouvernement afin de l’aider dans ses mesures fiscales visant à stabiliser l’économie. Comme l’explique le Dr Takesh Luckho, économiste, si la Banque centrale réalise un surplus de Rs 10,5 milliards sur ses réserves de devises suite à la dépréciation de la roupie, ce montant ne sera pas ajouté à la valeur de la réserve en question, mais sera transféré au Special Reserve Fund. Selon le Dr Takesh Luckho, cette manœuvre servira à augmenter les fonds propres de la BoM dans le but de répondre, d’une certaine manière, à la proposition urgente provenant du FMI dans l’Article IV.

Concrètement, le FMI recommande une nouvelle recapitalisation de la BoM dans un délai raisonnable. Une stratégie à considérer est que le gouvernement recapitalise la Banque centrale dès le départ, par exemple via le transfert d’instruments de dette publique négociables. Alternativement, la recapitalisation peut être échelonnée sur quelques années. Une recapitalisation initiale restaurerait effectivement le capital de la BoM, mais nécessiterait une augmentation ponctuelle substantielle de la dette publique. De son côté, Rishy Lutchman, Head of Treasury de Bank One, souligne que les gains en taux de change font évidemment partie des réserves de la BoM. Il explique que si nous regardons le tableau des réserves internationales de la BoM, nous voyons clairement un chiffre énorme de $7,5 milliards et chaque dépréciation d’une roupie face au dollar se traduit en un gain de Rs 7,5 milliards. Dans le cas actuel, l’ajustement était de Re 1,50 environ.

Pour sa part, Sameer Sharma, spécialiste en investissement alternatif, indique que le capital et les réserves de la Banque centrale s’élèvent à Rs 13,4 milliards alors que le résultat étendu se chiffre à Rs 14,6 milliards. On arrive à ce montant grâce à la dépréciation de la roupie face aux différentes devises de l’International Reserve Portfolio ainsi que les gains à valeur de marché et les fluctuations du prix de l’or entre juillet 2020 et mai 2021. Avec une nouvelle dépréciation entre mai et juin de cette année face à la plupart des devises mondiales du G10, Sameer Sharma prévoit une augmentation du capital et des réserves qui dépassera facilement la barre des Rs 30 milliards pour le 30 juin, causée en grande partie par la dépréciation de la roupie contre les investissements étrangers. Là où le bât blesse, indique-t-il, c’est que la composition du capital et des réserves de la Banque de Maurice est majoritairement constituée d’on-paper gains. Lorsque la Banque centrale transfère de l’argent des réserves spéciales, la monnaie est alors créée ou imprimée.

RISHY LUTCHMAN (HEAD OF TREASURY DE BANK ONE)

RISHY LUTCHMAN
(HEAD OF TREASURY DE
BANK ONE)

DR TAKESH LUCKHO
(ÉCONOMISTE)

SAMEER SHARMA
(SPÉCIALISTE EN
INVESTISSEMENT
ALTERNATIF)

 

VALEUR NETTE NÉGATIVE

D’un point de vue actifs-passifs, une banque centrale doit grandement déduire la valeur de son Special Reserve Fund en calculant sa valeur nette. En effectuant ce calcul, Sameer Sharma démontre la valeur nette négative ainsi que la sous-capitalisation majeure de la Banque de Maurice en fonction des risques présents sur son bilan comptable. «Avec la récente déclaration du Grand argentier à l’Assemblée nationale quant au non-remboursement de l’avance accordée au gouvernement, la Banque centrale doit s’assurer de posséder le capital requis pour couvrir le risque de change, le risque de crédit (Mauritius Investment Corporation), ou encore le risque opérationnel. À l’opposé de la Reserve Bank of India, qui avait un excès de capital pour un one-time transfer au gouvernement indien, la Banque de Maurice a pris une décision sur la base d’une étude erronée ou en ne prenant pas en compte l’analyse de la suffisance du capital», souligne Sameer Sharma. Reconnaissant qu’une banque centrale ne peut pas faire faillite techniquement, il révèle cependant qu’une valeur nette négative ne permet aucune crédibilité pour atteindre la stabilité financière. C’est la raison pour laquelle le FMI n’est pas satisfait avec la Banque de Maurice.

Revenant sur la récente intervention de la Banque centrale sur le marché interbancaire, Rishy Lutchman précise qu’elle a eu lieu deux semaines après la précédente. Le marché local était déjà à court de liquidités et les banques commerciales ont dû aligner leurs taux sur celui du taux d’intervention de Rs 42,50 de la Banque centrale pour respecter la nouvelle donne en termes d’évaluation du marché. «Le dollar s’est bien maintenu sur le marché international et cela se reflète dans les taux croisés entre la roupie et le dollar, qui démontrent un renforcement du billet vert. Suite à la toute dernière intervention de la Banque centrale et la pénurie de devises qui prévalait déjà, il y a toujours une pression sur la monnaie locale. Même si les banques locales continuent à maintenir leurs taux autour des niveaux actuels, il est probable qu’une pression supplémentaire de la demande pourrait être ressentie», fait ressortir Rishy Lutchman.

LA FSC SANCTIONNE DEUX SOCIÉTÉS

La Financial Services Commission (FSC) a sanctionné deux entreprises, à savoir Rosebery Management LLP et Bao Asset Managers. Dans le premier cas, la compagnie a été suspendue avec effet immédiat et conformément à la Financial Services Act. Alors que pour Bao Asset Managers, une inspection sur place du régulateur a permis de voir de nombreuses failles et infractions. La FSC a envoyé un calendrier aux deux sociétés pour qu’elles mènent un plan d’action afin de retrouver leurs licences respectives.

L’évolution du niveau des fonds propres de la Banque centrale

Selon le dernier bilan de la Banque de Maurice, à fin février, ses fonds propres s’élevaient à Rs 45 milliards comme suit : (capital : Rs 10 Mds et réserves : Rs 35 milliards). Mais, avec le write off de Rs 32 milliards du Special Reserve Fund, il ne reste plus que Rs 13 milliards comme fonds propres comme suit : (capital : Rs 10 milliards et réserves : Rs 3 milliards). Selon les spécialistes, les gains réalisés sur l’opération de dévaluation de la roupie vont permettre d’augmenter les réserves de Rs 10,5 milliards.[/vc_column_text]

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