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Webinaire Andersen : un panel de spécialistes décortique le Budget 2021-2022

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Fazeel Soyfoo

Dans le cadre d’un webinaire, Andersen Mauritius a réuni en début de semaine un panel de spécialistes : Paul Jones, CEO de The Lux Collective, Kevin Teeroovengadum, économiste et consultant Afrique, et Pierre Dinan, économiste. Ils ont débattu de la mise en œuvre des mesures annoncées dans le Budget 2021-22 pour différents secteurs économiques.

À bien des égards, le ministre des Finances, Renganaden Padayachy, a donné l’impression, à travers son Budget, que Maurice est à l’aube d’une nouvelle ère ; qu’elle devra se réinventer pour atteindre une croissance durable, surtout après les crises engendrées par la Covid-19.

Pierre Dinan, économiste

Pierre Dinan, économiste

Pour Pierre Dinan, bien que le Budget regroupe des mesures qui peuvent donner le sourire et enclencher à un certain niveau une relance économique, il est clair que tout dépend de la manière dont ces annonces seront menées à bien. «Il s’agit maintenant de savoir si, premièrement, toutes les propositions faites vont démarrer, mais aussi de voir de quelle manière elles contribueront réellement à une croissance économique, qui n’est pas seulement quantitative mais aussi productive. Il doit pouvoir entraîner des exportations, car c’est ce dont nous avons véritablement besoin en ce moment», fait-il ressortir.

Kevin Teeroovengadum souligne de même que tout revient au final à l’exécution. «Si vous pensez à des projets qui, il y a des années, n’ont pas été réalisés, quelle est la probabilité qu’ils soient réalisés au cours de cette année fiscale ?», s’interroge-t-il lorsqu’il voit revenir les mêmes mesures annoncées lors des budgets précédents. Tenant compte des propos des organisations internationales comme la Banque mondiale ou encore le FMI, il a évoqué ses incertitudes vis-à-vis du déficit budgétaire et la croissance estimée par le ministre des Finances, tout en mettant l’accent sur les problèmes structurels qui sont encore au centre de système économique.

Kevin Teeroovengadum

Kevin Teeroovengadum, économiste et consultant Afrique

«Le gouvernement et les précédents ministres des Finances ont systématiquement manqué les prévisions chaque année. En 2019, nous étions censés avoir une croissance de 4 % grâce à d’énormes investissements dans les infrastructures, notamment Metro Express, le stade de Côte d’Or et les Jeux des Îles, mais en fin de compte, nous nous sommes retrouvés avec 3 %, donc 25 % de moins que la croissance du PIB», indique-t-il. Il a relevé, par ailleurs, que les piliers classiques de l’économie restent toujours en difficulté. «Au cours de ces dernières années, nous avons été très lents à mettre en place les nouveaux piliers. Si on regarde le PIB, le pourcentage qui provient des nouveaux piliers est pratiquement nul. Nous avons donc une tâche énorme pour nous assurer que nous les sortons de cette table et que nous commençons à générer de l’argent. Et l’autre problème reste celui des déficits inhérents ; notre déficit commercial et budgétaire continue», déplore-t-il. Cependant, il précise que cette situation ne peut pas perdurer.

En sus, il fait valoir qu’il voit mal une augmentation de 9 % de la croissance du PIB, ou encore une augmentation de 5 % seulement, au niveau du déficit financier. Pierre Dinan le rejoint, faisant remarquer qu’avec l’affaire Betamax, entre autres, le déficit budgétaire dépassera les 30 %.

Tourisme : le moteur de l’économie ?

Néanmoins, malgré les ambiguïtés du Budget, les intervenants se sont accordés sur l’avenir du secteur touristique. Paul Jones a soutenu que l’approche prudente dans la réouverture des frontières est de mise. Avec la majorité des Mauriciens vaccinés, en particulier ceux qui travaillent dans le secteur du tourisme et de l’hôtellerie ainsi que leurs familles, nous envoyons le bon signal, qui peut d’ailleurs nous différencier des marchés concurrentiels. «Je pense que l’industrie du tourisme sera le moteur de l’économie car elle stimulera les autres piliers de l’économie, étant donné que nous apportons la connectivité, la visibilité mondiale et les attractions sur l’île», espère-t-il, confiant.

Paul Jones, CEO de The Lux Collective

Paul Jones, CEO de The Lux Collective

Il a cependant ajouté que l’île Maurice a tout simplement besoin d’un nouvel emballage et d’une nouvelle image de marque. «Ce que nous avons à offrir est là et n’a pas besoin d’être réinventé. Nous avons besoin d’une nouvelle approche, moderne et efficace pour communiquer et vendre correctement l’île en tant que destination».

Kevin Teeroovengadum dit rester quand même sur sa faim, suggérant de se tourner vers de nouveaux marchés et d’inclure davantage la digitalisation, non seulement dans le secteur touristique mais aussi dans les autres piliers de l’économie.

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