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2022- 2023 Budget

Agro-industrie: se donner les moyens d’atteindre l’objectif de sécurité alimentaire

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Agriculture

Le Budget 2022-2023 pourrait amener une vraie transformation dans l’agro-industrie. Les métiers de planteur, d’agriculteur, de pêcheur et d’apiculteur sont revalorisés. La finalité, c’est de réduire notre dépendance sur l’importation des produits alimentaires.

La guerre en Ukraine a eu des consequences sur plusieurs secteurs de l’économie. Maurice étant hautement dépendant de l’importation,les mesures du Budget 2022-2023 misent sur la production locale afin d’assurer au pays une certaine sécurité alimentaire. Dans son discours, le ministre des Finances, Renganaden Padayachy a rappel que la Covid-19 et le conflit en Ukraine sont des puissants rappels que l’autosuffisance est vitale. Ainsi produire localement n’est plus une option. Il a précisé que Maurice dépend des importations pour plus de 75 % pour les besoins alimentaires; ce qui équivaut à un marché d’une valeur de Rs 37 milliards, soit 8 % du PIB.

Parmi les mesures phares, une subvention de 50 %, jusqu’à un maximum de Rs 500 000, sera accordée aux planteurs pour l’achat d’une première ferme abritée pour la culture hydroponique. Une incitation qui sera étendue pour l’achat d’une seconde ferme abritée. Une subvention de 50 % à 75 % sur les semences d’oignon, de pomme de terre, d’ail et de haricots vendues par l’Agriculture Marketing Board (ABM) a également été annoncée.

La directrice de la Chambre d’Agriculture, Jacqueline Sauzier, accueille favorablement cette mesure. Elle indique que les mesures mentionnées dans le Budget 2022-2023 aideront à l’augmentation et à la stimulation de la production locale. Elle précise que certaines de ces mesures sont une continuité des mesures annoncées les années précédentes. «Comme nouvelle mesure, nous notons le ‘Crop replantation fund’ avec la Banque de Développement qui permettra de reprendre un certain nombre de terrain agricole qui ont été abandonné et de les remettre en culture. Si c’est pris à bras le corps, ce sera une bonne mesure», dit-elle.

Par ailleurs, un Micro Propagation and Seed Production Scheme est en cours d’introduction pour que les producteurs de semences bénéficient d’une subvention de 50 % de leur coût jusqu’à un maximum de Rs 500 000. Une subvention de 75 % sera aussi accordée pour l’achat d’engrais liquides, de biofertilisants et de composts produits par les coopératives. Il y a aussi une subvention sur le compost local qui permettra le développement d’une nouvelle industrie au niveau de la fertilisation locale. Pour Jacqueline Sauzier, ces mesures permettront au secteur d’être plus resilient au niveau de la production semencière. «Nous attendons les détails des mesures. Nous notons aussi avec intérêt l’accroissement de la subvention sur les semences de certains légumes, la transformation des ‘Agro processing zones’ pour les fruits et légumes qui est une mesure proposée l’année dernière. C’est donc une suite logique de la production locale», dit-elle. Ce qui fait que si on augmente la production, il faut absolument développer cet aspect filière pour le secteur agricole.

L’élevage revalorisé mais…

Elle est rejointe par Eric Mangar, agronome et directeur du Mouvement pour l’Autosuffisance Alimentaire (MAA), qui explique que les mesures concernant la production agricole semblent être sur la bonne voie si elles sont mises en action. Cependant, il pointe du doigt quelques failles concernant les propositions du secteur de l’élevage. Avec une subvention de Rs 15 000 accordée aux éleveurs pour l’achat de veaux de moins d’un an et un Zero Budget Natural Farming Scheme, Rs100 000 qui seront fournies aux coopératives pour l’achat de vaches et la construction d’étables, Eric Mangar indique que ces animaux auront besoin de nourriture alimentaire et être en bonne santé.

«Les animaux comme les vaches, les porcs, les moutons auront besoin de beaucoup de nourriture. Il faudra planter des fourrages et alimenter les ruminants. La vache mange parfois plus de 40 kg par jour, un mouton consomme 8 à 10 kg par jour. Il est aussi important de lui fournir une alimentation saine. Nous n’avons pas assez de vétérinaires à Maurice qui auraient suffisamment d’expérience dans ce domaine. Il faudrait faire appel aux vétérinaires de l’Inde», fait-il ressortir. Il ajoute que la viande de cerf est aussi une alternative si le prix du poulet devient trop cher.

Pêche : des avancées.

Alors que Maurice est entouré d’eau, le ministre des Finances a indiqué que les deux tiers de la consummation nationale de poissons sont aujourd’hui importés. Pour y remédier, il propose un montant de Rs 10 millions pour une écloserie supplémentaire à l’Albion Fisheries and Research Centre afin d’augmenter la production d’alevins de 100 000.

Une somme de Rs 35 millions est aussi allouée pour effectuer une évaluation des stocks sur le banc de Saya de Malha afin d’identifier les espèces de petits poissons pour la cosommation locale. Eric Mangar salue l’importance de la subvention pour l’acquisition de navires de pêche semi-industrielle par les cooperatives enregistrées qui passent de Rs 4 millions à Rs 6 millions. Il indique aussi que les six barachois qui seront mis à disposition pour la production de crabes, de crevettes, la culture d’huîtres perlières et d’algues apporteront une aide au niveau économique et pour la sécurité alimentaire.

De son côté, Judex Ramphul, président de l’Union of Fisherman of Mauritius, est que les mesures budgétaires sont pertinentes, mais il est essentiel qu’elles soient mises en oeuvre. Commentant le secteur de la pêche, il souligne que malgré le fait que nous soyons entourés d’eau, nous sommes dans une situation critique. «La subvention allouée de Rs 6 millions aidera certainement notre secteur. Notre population doit pouvoir vivre et se nourrir localement. J’espère que cette mesure aura une action rapide, dans les plus brefs délais et que les pêcheurs ne devront pas attendre trop longtemps », soutient-il. Et de conclure qu’il serait nécessaire de donner aux pêcheurs la responsabilité des barachois.

Miel : vers une industrie prometteuse.

Selon Eric Mangar, la production du miel pourrait déboucher sur le lancement d’une industrie solide. Le ministre des Finances a indiqué que le miel représente 90 % de la consommation mauricienne et reste dépendant aux importations. Pour Eric Mangar, les mesures concernant l’apiculture à Maurice feront que le pays dépendra moins de l’importation.

Introduction du Cane Replantation Revolving Fund

Jacqueline Sauzier indique que les mesures concernant le secteur sucre sont favorables. « Nous notons le maintien des Rs 25 000 par tonne pour les planteurs produisant jusqu’à 60 tonnes de sucre, mais aussi la suppression du CESS d’un secteur qui est en pleine mutation. Le Cane Replantation Revolving Fund qui sera introduit par la DBM pour fournir des prêts à un taux préférentiel annuel de 2,5 % permettra un investissement primordial », soutient-elle.

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