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2022- 2023 Budget Construction

Infrastructures publiques: les dotations revues à la baisse.

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L’enveloppe allouée aux projets d’infrastructures publiques a été revue à la baisse cette année face à un contexte économique incertain. Renganaden padayachy a cependant annoncé des mesures qui ont été favorablement accueillies par les opérateurs du secteur.

Le ministre des Finances, Renganaden Padayachy, avait souhaité, l’année dernière, faire du secteur de la construction «le fer de lance de la reprise économique». Force est de constater que les conséquences de la guerre en Ukraine et l’inflation galopante ont quelque peu contrarié ses plans. Qu’à cela ne tienne, le Grand argentier de l’État a voulu, avec son discours budgétaire «redémarrer la machine économique». Une tâche plus compliquée qu’il n’y paraît tant l’évolution de la situation économique demeure incertaine.

Pour rappel, Renganaden Padayachy avait annoncé l’année dernière la mise à disposition d’une enveloppe de Rs 40 milliards pour le secteur. Un chiffre conséquent qui avait donné du baume au cœur aux principaux constructeurs du pays, englués dans une situation financière précaire suite à l’arrêt de leurs chantiers durant presque deux ans.

Si une reprise avait certes, été notée dans les mois qui ont suivi, les principaux opérateurs ont très vite pointé du doigt des lacunes dans l’implémentation des projets annoncés. «Selon moi, entre 25 % et 30 % des projets annoncés ont été mis en chantier. Cela s’explique principalement par les procédures encore trop lourdes et complexes», explique Bhooshan Ramloll, CEO de RBRB Construction Ltd.

L’industrie de la construction, comme d’autres, a été durement touchée ces derniers mois par la série d’augmentations qui a frappé aussi bien le coût du fret que celui des matières premières. Statistics Mauritius indique ainsi que l’indice des prix de la construction, qui s’établissait à 120,2 à fin décembre 2021, a grimpé de 2,6 % pour atteindre 123,3 en janvier 2022. Cette augmentation est principalement due à la hausse du coût de la main-d’œuvre (1,8 %) et à la hausse des taux de location d’équipements (0,6 %) et de transport (6,3 %), couplée à des augmentations des prix des matériaux, à savoir les barres d’acier (1,1 %), le bois de menuiserie (31,8 %) et les ouvertures en aluminium (8,6 %). À noter que l’indice a encore augmenté au mois de mars de 2,6 % pour atteindre 127,7.

Le pays étant confronté à une situation économique inquiétante, Renganaden Padayachy n’a cette année pas cassé sa tirelire pour tendre la main aux acteurs du secteur de la construction. Comme pour botter en touche, il les a renvoyés vers l’Economic Development Board (EDB) et son «pipeline d’investissements» de Rs 200 milliards en «cours de facilitation». Pas sûr que cela suffise à apaiser les inquiétudes des opérateurs.

UN LOGEMENT DÉCENT À 12 000 FAMILLES

Le ministre des Finances a cependant annoncé une mesure que ces derniers appelaient de leurs vœux depuis de nombreuses années, à savoir la création d’un Construction Industry Training Council, dont l’objectif est de former des Mauriciens aux métiers de la construction. Cette structure aura ainsi pour objectif de pallier le manque de personnel qualifié sur les chantiers. «L’industrie doit renforcer ses capacités et améliorer les compétences de ses forces vives», a déclaré Renganaden Padayachy lors de son allocution.

Autre mesure très attendue, celle visant à privilégier les «petits» constructeurs locaux sur certains projets d’infrastructures publics. Ainsi, les contrats publics inférieurs à Rs 20 millions seront réservés aux petits entrepreneurs. «Cette mesure est très bien accueillie car elle permet aux petites entreprises de survivre dans ce contexte économique difficile», confie Bhooshan Ramloll.

Parmi les principaux chantiers d’infrastructures publiques annoncés par le ministre des Finances figurent la construction de cinq nouveaux ponts aériens, de trois nouveaux «bypasses», d’une nouvelle route pour connecter La Brasserie à Beaux Songes, d’une autre pour relier Dubreuil à Melrose, ou l’élargissement et la modernisation de la route de Beau Climat à Tyack. Le tout pour un montant de Rs 1,5 milliard. L’on soulignera également l’introduction prochaine d’un Transit Oriented Scheme par l’EDB, et qui verra la création de «zones dynamiques» piétonnes et à usage mixte dans un rayon de 100 mètres autour des stations de métro.

La mesure la plus budgétivore concerne notamment une enveloppe de Rs 1 milliard dédiée au remplacement de drains, à la construction de réservoirs de service, à l’installation de stations de filtration sous pression et à la construction de nouvelles stations d’épuration et la modernisation des stations existantes à Mont-Blanc, à Piton-du-Milieu et à Pont-Lardier. Le ministre des Finances a ainsi offert à son auditoire la traditionnelle balade à travers l’île au moment d’évoquer le remplacement de drains à Rose-Hill, Laventure, Lallmatie, Pierrefonds, Flicen-Flac, L’Escalier, Chamouny, Chemin-Grenier, Roche-Bois, Plaine-Verte, Plaine-Magnien, Montagne-Fayence, Ecroignard, Bon-Accueil, Plaine-Lauzun, Fond-du-Sac, Plaine-desRoches et à Roches-Noires. «Le pays est actuellement engagé dans des investissements importants pour la construction de logements sociaux, de drains et d’autres projets d’infrastructure», a ainsi souligné le Grand argentier de l’État.

De plus, Rs 100 millions sont affectées à la fourniture de réservoirs d’eau et de pompes à eau à quelque 12 500 ménages. Enfin, Rs 1,1 milliard seront allouées à des projets d’infrastructures d’assainissement, à la remise en état de stations d’épuration des eaux usées et à l’extension des lignes d’égout.

Pour ce qui est de la construction de logements sociaux, le ministre des Finances a réaffirmé la détermination du gouvernement «de fournir un logement décent à 12 000 familles au cours de ce mandat». Ces logements, a-t-il indiqué, sortiront de terre sur pas moins de 50 sites à travers l’île. De plus, quelque 485 unités devraient être livrées à Wooton et Mare d’Albert par la National Housing Development Co. Ltd d’ici juin 2023. Autant de projets qui, s’ils sont bien accueillis par tous les acteurs de la construction, ne suffiront peut-être pas à aider le secteur à renouer avec une croissance qui se fait encore attendre.

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