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Tourisme: maintenir la bonne dynamique

Selon les analystes, le budget vient renforcer la conviction du secteur pour un élan plus puissant. Mais en réalité, il y a plus à faire pour remplir l’objectif ultime.

Le secteur touristique se dirige vers une croissance soutenue. Selon les derniers chiffres de Statistics Mauritius, le nombre d’arrivées de touristes est passé de 2 772 au premier trimestre 2021 à 158 818 au premier trimestre 2022. Selon l’Association des hôteliers et restaurateurs de l’île Maurice (AHRIM), le ministre des Finances est venu confirmer, d’entrée de jeu, le retour à la normale du secteur, en posant l’objectif de 1,4 millions de visiteurs pour la prochaine année financière. « La décision d’augmenter le budget marketing de la destination pour, entre autres, prospecter de nouveaux marchés est certainement bienvenue et contribuera à la réalisation de cet objectif », annonce Thierry Montocchio, le vice-président de l’association.

Cependant, il déclare que l’AHRIM s’attend à ce que d’autres mesures soient initiées de façon rapide pour permettre d’atteindre cet objectif. En effet, Thierry Montocchio affirme qu’il reste encore des décisions importantes à prendre en matière notamment de l’assouplissement du protocole sanitaire et de l’augmentation du nombre de sièges aériens. Avec ces mesures, le pays se donnera véritablement les moyens de ses ambitions. Ainsi, il est fondamental d’accélérer cette reprise pour que les opérateurs puissent retrouver leur stabilité financière.

«L’AHRIM accueille positivement l’annonce d’un plan d’action sur 10 ans pour consolider l’avenir du tourisme. Nous voulons voir dans cette décision la reconnaissance par le gouvernement de l’importance économique du secteur et sa volonté d’accompagner sa reprise. Nous sommes prêts à poursuivre le dialogue avec le gouvernement sur les problématiques de notre industrie», explique-t-il.

Par ailleurs, dans la stratégie de reconquête du voyageur, il est d’avis que l’un des points fondamentaux est de rendre l’île plus verte, plus propre et plus durable. L’AHRIM est d’ailleurs très sensible aux annonces du gouvernement en ce sens. «Nous l’avons souvent dit : le voyageur privilégiera de plus en plus les destinations qui accordent de l’importance à la propreté et au respect de l’environnement. Cette tendance appelle des initiatives musclées et créatives pour valoriser nos atouts ‘verts’. L’investissement de Rs 1 milliard dans l’embellissement des villages et des plages, l’annonce de la remise en état du Jardin de Pamplemousses et du patrimoine bâti, l’accompagnement des administrations locales dans l’amélioration de leurs infrastructures… Tout cela permettra d’affirmer notre positionnement comme destination d’excellence, audelà des murs de nos hôtels. Mais nous devons agir vite et de façon concrète pour mettre en œuvre ces intentions».

En outre, Thierry Montocchio avise que l’AHRIM accueille également avec soulagement le remboursement de la TVA pour les activités du segment MICE (Meetings, Incentives, conférences et expositions). L’association souhaite, ajoute-t-il, que la jauge de 50 personnes en vigueur soit rapidement levée pour que le secteur puisse de nouveau reprendre son souffle et contribuer à l’économie.

Pour le Dr Nadiir Bheekhun, fondateur et CEO du groupe Aeronad, le Budget a une caractéristique de durabilité fusionnant les aspects économiques, environnementaux et sociaux, passant ainsi d’un format conventionnel à un format possédant des mesures modernes et réalistes, soumises aux limites de la situation mondiale actuelle. «Sa bonne mise en œuvre finira par dicter l’efficacité des propositions», affirme-t-il. Il indique que dans le Budget précédent, on a injecté des milliards de roupies pour relancer Air Mauritius alors que le Budget actuel se concentre sur le tourisme.

«La connectivité aérienne est le moteur du tourisme, il est donc impératif qu’une mise en œuvre appropriée soit effectuée de manière à ce que les deux domaines soient harmonisés pour générer la prospérité. De plus, le secteur de l’aviation doit apporter de nouvelles stratégies pour le transformer en un pilier de l’économie».

Il est d’avis quela stratégie One Mauritius a été dévoilée en mars 2022 pour augmenter l’arrivée de touristes jusqu’à 1 million d’ici la fin de cette année. Les propositions avancées dans ce budget 2022-2023 en matière de tourisme visent à soutenir la réalisation de ces mesures prévues, et finalement, l’objectif de One Mauritius.

D’autre part, il estime qu’il était nécessaire d’augmenter le budget de la MTPA pour réaliser les nombreuses initiatives présentées dans la stratégie de reconquête One Mauritius. Le financement devrait selon lui être utilisé pour présenter principalement des campagnes de marketing plus agressives afin de stimuler la demande et d’améliorer la visibilité sur nos quatre différents marchés aériens classés en marchés de proximité, marchés long-courriers, marchés caractérisés par des pics de voyage pendant la basse saison mauricienne, et les marchés hubs.

Par ailleurs, il ajoute que la reprise en cours du tourisme de luxe semble être en bonne place alors que le nombre de personnes fortunées continue de croître à travers le monde, et en particulier sur les marchés sources importants. Néanmoins, il précise qu’Airport Holdings Ltd doit à tout prix être en mesure d’offrir le stand d’expériences unique et authentique pour construire son quotient d’attractivité et augmenter sa part sur ce marché lucratif. « Les attentes des particuliers fortunés sont très, très élevées. » C’est ainsi une question de précision. «Il s’agit de connaître les particularités du voyage individuel ; il s’agit d’un service de premier plan», insiste-t-il.

Le Dr Nadiir Bheekhun est catégorique spécifique. Le Budget, dit-il, aborde les deux aspects du développement touristique : la création de la demande et de l’offre. «Afin de créer une demande touristique, le budget marketing de la MTPA passera de Rs 360 millions à Rs 400 millions. D’autre part, pour s’assurer que l’offre est conforme aux attentes, il est tout aussi important d’investir de manière à améliorer les installations touristiques afin d’augmenter les dépenses touristiques et d’améliorer l’expérience client globale.»

Comme l’AHRIM, il considère que le tourisme durable est la voie à suivre, et cela inclut l’établissement d’un équilibre approprié entre les aspects environnementaux, économiques et socioculturels. Par conséquent, il affirme qu’une île Maurice plus verte et plus propre, associée à des valeurs culturelles, est impérative pour élever la cote du pays parmi les destinations préférées.

Il enchaîne sur le fait que les aéroports sont parmi les endroits les plus appropriés pour les installations de production d’électricité solaire, comme annoncé dans le budget. Les surfaces tant au sol qu’au-dessus des bâtiments du terminal et des hangars permettent de construire sans difficulté des installations solaires. «Avec le système solaire photovoltaïque de 14 MW proposé, on peut estimer que 25 à 40 % des besoins en électricité de notre aéroport sont satisfaits, des milliers de tonnes d’émissions de dioxyde de carbone étant réduites. Sinon, le système solaire peut être limité à un usage aéronautique uniquement, comme les systèmes d’éclairage au sol installés sur les pistes, les voies de circulation et les postes de stationnement. D’un point de vue marketing, les touristes seront également témoins visuellement de l’esprit durable de l’île Maurice à l’atterrissage grâce à la panoplie de panneaux solaires», conclut-il.

Mobilité verte et diversifiée : un appui pour le secteur

Selon David Ramsay, le senior manager d’ABC Car Rental, le budget vient accélérer la transition vers la mobilité verte. Alors que le tourisme mise sur la durabilité pour se reconstruire, les annonces du Grand argentier sur les transports électriques et hybrides pourraient profiter à des entreprises comme ABC Car Rental, qui, avant la pandémie, dépendaient du tourisme pour environ 40 à 45 % de leur chiffre d’affaires. De plus, si les allocations à la MTPA sont fructueuses, de nouvelles opportunités de diversification, tant en termes d’offres que de services, pourraient également être soutenues. «Ce serait une excellente opportunité d’envisager de nouveaux moyens de transport autres que les hélicoptères pour le transfert des touristes de l’aéroport aux hôtels. Nous avons, par exemple, des voitures de luxe et haut de gamme, comme les limousines, qui peuvent être utilisées pour étendre la mobilité et ne pas la restreindre uniquement à l’hélicoptère», suggère-t-il.

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