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Compétitivité – Former les PME à l’efficience

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Compétitivité - Former les PME à l'efficience | business-magazine.mu

Assurer l’efficience des petites et moyennes entreprises. C’est la finalité de la formation Sustaining Competitive and Responsible Enterprises (SCORE), un projet pilote lancé à la suite d’un accord tripartite signé entre l’Organisation Internationale du Travail (OIT), le gouvernement mauricien et le National Productivity and Competitiveness Council (NPCC).

Kalyan Ganesh, expert et formateur certifié de l’Organisation Internationale du Travail, souligne que l’une des missions prioritaires de cette institution pendant la dernière décennie a été de promouvoir un cadre de travail décent pour les employés autour du monde. Et le programme intitulé SCORE est rattaché à cette démarche. Sur le site de l’OIT, SCORE est défini comme un programme global promouvant le développement conjoint de la productivité et des conditions de travail dans les PME. Ces dernières intéressent particulièrement l’OIT car elles génèrent de l’emploi et permettent aux pays, notamment en développement, d’accélérer leur croissance et de générer de la richesse et du savoir-faire. «50 % des emplois sont générés par les PME. Donc, si elles ne sont pas efficientes, cela n’aide pas l’économie à se développer», fait remarquer Kalyan Ganesh. Pour l’expert, le programme SCORE, déployé dans plus de 20 pays et 2 100 entreprises, a pu bénéficier à plus de 400 000 employés autour du monde. Pour lui, le programme a fait ses preuves et permet, de manière efficace, aux PME de mieux maîtriser l’ensemble des paramètres qui contribuent à leur productivité et à leur efficience.

«Les PME ont des défis particuliers selon leur secteur d’activité. Et à chacune d’entre elles, le programme SCORE permet d’accéder aux mêmes types d’outils que les grandes entreprises. La formation est structurée et permet de concentrer l’essentiel des meilleures pratiques en termes de gestion des PME», souligne Kalyan Ganesh. Il constate que les employés des PME n’accèdent que rarement, si ce n’est jamais, à des formations formelles de ce type. Cette formation est assurée pour partie dans un centre de formation et pour l’autre partie, in situ, au sein même de l’entreprise.

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TROIS PHASES

L’OIT procède à la dissémination de ce savoir et de ces outils en concluant des accords tripartites, notamment avec le gouvernement, les syndicats et les associations industrielles. «L’OIT exige que ces trois parties soient réunies avant de démarrer toute activité ou toute formation. Et, ayant assuré cela, elle choisit un partenaire local qui est engagé dans le développement de l’efficience et de la compétitivité des PME. Dans le cadre de Maurice, c’est tout naturellement que nous nous sommes tournés vers le NPCC, dont c’est le cœur de métier», ajoute-t-il.

Le programme SCORE se déroule en trois phases successives. Kalyan Ganesh est missionné pour introduire la méthodologie de l’OIT à Maurice, notamment en formant des formateurs qui pourront ensuite prendre le relais. «Ce programme a été développé en Inde dans plus de 200 compagnies de secteurs très variés. Mais la clé, c’est de partager la même méthodologie. The King is the Methodology», soutient Kalyan Ganesh.

Pour Deodass Appalswamy, Officer in Charge du NPCC, l’application de méthodes qualitatives dans les PME mauriciennes a démarré il y a longtemps. Toutefois, en découvrant le programme SCORE lors d’une présentation de l’OIT à Nairobi, cette méthode lui est parue particulièrement adaptée au contexte local. «Ce programme est bien structuré et ce qui fait la différence, c’est qu’il y a un véritable travail de terrain et une adaptation aux réalités de chaque PME. Du coup, je me suis mis en lien avec la branche de l’OIT basée à Madagascar, qui chapeaute aussi Maurice. À la suite de la visite de Kofi Annan à Maurice, l’OIT a donné son aval pour la dispensation de SCORE à Maurice», informe-t-il. Deodass Appalswamy indique que cinq entreprises mauriciennes, cinq formateurs, deux représentants de SME Mauritius ainsi que des stagiaires participent aux sessions de formation sur SCORE. Les formateurs du NPCC vont suivre les entreprises jusqu’au mois de mars, quand aura lieu la deuxième visite d’inspection de l’expert de l’OIT. Ce processus permettra aux formateurs de se certifier pour accompagner des entreprises au programme SCORE.

Kalyan Ganesh rappelle que l’OIT fonctionne avec deux objectifs en tête : participer à la montée en compétence de leur partenaire local tout en accompagnant et formant les entreprises. «SCORE se décline en cinq modules : la coopération sur le lieu de travail, la gestion de la qualité, la production propre, la gestion des ressources humaines et la sécurité et la santé au travail», résume celui qui a eu l’occasion de visiter les entreprises en amont de la formation. Et les employés et la direction ont le champ libre de s’exprimer sur les problématiques mises au jour sur ces cinq axes. «L’un des exercices, c’est que l’entreprise photographie les lieux en amont de la formation. Ensuite, pendant la formation, elle s’engage à travailler sur des aspects liés à ces cinq axes. D’autres photographies sont prises à différentes étapes. Le but, c’est de pouvoir suivre l’évolution au sein des entreprises au fur et à mesure qu’elles appliquent la méthodologie SCORE. Et cette approche visuelle et précise est extrêmement constructive. D’ailleurs, des employés qui ne s’étaient peut-être jamais exprimés auparavant sont souvent porteurs d’idées et forces de proposition, ce qui ne manque pas d’étonner la direction», observe Kalyan Ganesh.

MÉTHODE DES CINQ «S»

Parmi les grands défis pour les PME, Kalyan Ganesh identifie, notamment, la gestion du stock, l’hygiène et le staff turnover. L’expert de l’OIT note que les PME ne réalisent pas forcément les pertes en agilité et efficience causées par une mauvaise gestion des stocks. «Quand le marché est acquis et que les affaires roulent, les PME ne sont pas motivées pour viser l’efficience. Notre but est de leur faire comprendre qu’elles peuvent, d’une part, réaliser des économies substantielles en visant l’efficience. Et, d’autre part, l’efficience leur permet de rester compétitives, notamment quand les paramètres du marché changent dans ce contexte économique incertain», illustre-t-il.

De la même façon, Kalyan Ganesh encourage les entreprises à étudier les raisons du staff turnover. Selon lui, l’entretien de départ est une mine d’informations que la direction doit prendre en considération pour trouver les solutions adaptées. Par ailleurs, constate-t-il, «les PME qui adoptent un management par ligne de production et par l’objectif d’excellence tendent à être plus efficientes». Et, parmi les meilleures pratiques adoptées, il observe que les PME qui réussissent sont souvent celles qui adoptent le briefing de cinq à dix minutes le matin par ligne de production. Par ailleurs, Kalyan Ganesh met l’accent sur la reconnaissance des efforts d’un employé, rappelant qu’un employé qui se sent reconnu, fera toujours preuve d’un haut niveau d’engagement envers son entreprise.

En guise de conclusion, Kalyan Ganesh et Deodass Appalswamy s’entendent pour indiquer aux PME que l’efficience de base est acquise dès qu’on adopte la méthode des cinq «S» du housekeeping : «Identifier et libérer 30 % de l’espace, Organiser les espaces de travail pour réduire le temps de recherche des matériaux, Nettoyer les lieux, Mettre en place des pratiques standard et Appliquer de la discipline au maintien de l’ensemble de ces paramètres.» Pour eux, il ne fait pas de doute que le programme SCORE permettra aux PME de se développer et devenir compétitives autant sur la scène nationale qu’internationale.