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Crowdfunding premier Financeur des entreprises de demain

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En jeu Crowdfunding

En Afrique, le financement participatif représente aujourd’hui moins de 0.1 % de l’activité mondiale du financement participatif, bien que la taille de son marché potentiel soit évaluée à 2,5 milliards de dollars américains en 2025, selon les estimations de la banque mondiale.

LA crise de la Covid-19 a fait que les banques sont réticentes à prêter en raison des retards de paiement et des moratoires d’intérêts. Ainsi, les initiatives de financement participatif basées sur l’investissement peuvent fournir aux entrepreneurs le capital que les banques ne sont pas disposées à prêter. Dans ce contexte, il existe un certain nombre de plateformes de financement participatif axées sur les investissements telles que FundKiss ou encore Olive Crowd. D’autres comme Small Step Matters et CrowdFund.mu se concentrent sur des projets sociaux initiés par des ONG.

Crowdfunding, crowdequity ou encore crowdlending… Comment faire la différence ? Osman Badat, cofondateur et Chief Investment Officer d’Olive Crowd, souligne qu’il y a effectivement une confusion à Maurice sur ces termes. Le crowdfunding ou financement participatif est le fait pour une entreprise de se financer auprès d’un public via des plateformes dédiées en ligne. Il existe cependant quatre modèles de crowdfunding, à savoir, le crowdfunding sous forme de dons, le Reward Crowdfunding, le Crowdfunding sous forme de dette, le Crowdlending, le Crowdfunding sous forme d’investissement appelé également Crowdequity ou Equity crowdfunding et, enfin, le Crowdfunding sous forme de royalties où l’investisseur perçoit des redevances sur le chiffre d’affaires réalisé par l’entreprise en contrepartie de son investissement.

«Le crowdfunding est une industrie naissante dans le pays. N’importe qui peut créer une plateforme, mais il est impératif que toutes ces plateformes soient régulées parce qu’il en va de l’intérêt et de la sécurité des investisseurs. Aujourd’hui, seules deux plateformes sont régulées : Fundkiss, qui vient d’obtenir une licence de peerto-peer lending sous la supervision de la FSC, et Olive Crowd, qui est sous le Regulatory Sandbox Licence de l’EDB mais qui va très prochainement basculer sous la FSC avec la nouvelle réglementation à venir sur le crowdfunding. Nous sommes des institutions financières et en tant que telles, nous devons opérer dans un cadre réglementaire», explique Osman Badat.

Le gouvernement, les institutions publiques et les banques commerciales ont fait énormément d’efforts pour soutenir les entreprises et les ménages pendant la crise du coronavirus et le ralentissement économique qui en découle. L’accès au financement pour les PME est un problème global. Et Maurice n’est pas en reste. Il faut savoir qu’il y a 138 553 TPE/PME dans l’île, d’après les statistiques officielles. Or en 2019, uniquement 800 de ces entreprises ont obtenu un prêt auprès des différentes institutions financières pour un montant total de Rs 1,5 milliard. Cela donne un aperçu de l’écart de financement qui doit être comblé. Malgré l’abondance d’offres actuellement, les entreprises ont compris qu’il faut trouver des sources de financement alternatives puisque les institutions traditionnelles ne peuvent pas tout faire.

PARTICIPER À LA RELANCE ÉCONOMIQUE

Les acteurs de ce secteur constatent un début de changement dans l’évolution du marché sous l’impulsion de la digitalisation du secteur financier et de la pandémie sans précédent. Aujourd’hui, les entrepreneurs sont conscients des atouts et des avantages de la diversification de leurs sources de financement au-delà de leur banque traditionnelle. Aujourd’hui encore, ils ne veulent plus se contenter de la relation traditionnelle et souhaitent avoir le choix d’une procédure à distance. Cela permet d’économiser du temps et des efforts, de réduire leurs frustrations et d’accroître les chances d’obtenir le financement dont ils ont besoin.

«La reprise économique post-Covid-19 va inéluctablement conduire les PME aux devants d’une demande croissante de trésorerie. En d’autres termes, les PME, moteur de l’économie mauricienne, qui ont déjà eu des structures bilancielles fragilisées du fait du confinement, vont devoir trouver de l’argent pour financer la relance et les investissements. Donc, nous pensons que le crowdfunding a toute sa place dans la relance économique. Aujourd’hui, au-delà des aspects purement financiers, les investisseurs veulent donner du sens à leurs investissements en finançant des projets à impact sur la société et l’environnement. Nous faisons la promotion de ‘l’impact investing’ pour répondre aux nouvelles exigences de nos investisseurs. En plus de son objectif d’inclusion financière, le crowdfunding doit jouer un rôle multidimensionnel pour un développement économique, social et environnemental durable et soutenable», fait ressortir Osman Badat.

«En ce qui concerne les plateformes de crowdfunding, l’un des principaux défis à Maurice est d’être reconnue en tant que plateforme fiable par la population. Gagner la confiance des Mauriciens n’est pas une mince affaire ; c’est un processus de longue durée. Nous y travaillons quotidiennement depuis le lancement de nos opérations car nous savons qu’il s’agit d’un aspect clé dans la réussite de ce type de plateforme. Par ailleurs, la concurrence actuelle reste modérée en ce qui concerne le crowdfunding à Maurice. Pour ce qui est de la fintech en général, de plus en plus d’acteurs sont désormais présents sur le territoire, ce qui engendrera sans aucun doute une concurrence accrue dans ce secteur dans les années à venir», observe Esben Raffray, Operation Manager de CrowFund.mu

Alors qu’il devient de plus en plus clair que la Covid-19 affecte le pays sur de multiples fronts tels que les soins de santé, l’éducation, la continuité des activités et les finances personnelles, entre autres, le Mauritius Africa FinTech Hub est d’avis qu’il est temps que toutes les parties prenantes viennent à la rescousse. En tant que prêteurs alternatifs utilisant les fintech, les plateformes de financement participatif ont déjà fait leurs preuves auprès des PME en tant que source de financement importante, en s’appuyant sur une technologie qui leur permet d’évaluer la solvabilité des emprunteurs grâce à des données alternatives et à l’utilisation de plateformes électroniques pour traiter les demandes plus rapidement que les prêteurs traditionnels

Au-delà du levier économique, le crowdfunding est un moyen d’impliquer les acteurs locaux – habitants, associations, entreprises – aux décisions publiques dont ils seront directement ou indirectement bénéficiaires. En mobilisant l’engagement citoyen, associatif ou entrepreneurial local, les collectivités s’engagent dans une démarche positive et constructive pour consolider le lien social.

Maintenant, dans un contexte de pandémie, alors que l’accessibilité au financement et la rapidité des prêts deviennent encore plus critiques pour les PME, l’opportunité pour les plateformes de financement participatif d’unir les communautés et de responsabiliser les entrepreneurs n’a jamais été aussi prononcée.

 

Le crowdfunding complexe

Concernant le crowdfunding sous forme de dons, Esben Raffray, Operation Manager de CrowFund.mu, rappelle qu’il existe actuellement trois plateformes de crowdfunding à l’île Maurice. Parmi elles, deux ont vu le jour il y a moins de deux ans et CrowdFund.mu en fait partie. Le principe du crowdfunding reste simple. Cependant, opérer une plateforme de crowdfunding n’est pas de tout repos et requiert un logiciel fiable, performant et sécurisé afin de permettre le bon déroulement des opérations. Par le passé, deux autres plateformes se sont lancées dans l’aventure mais ne sont aujourd’hui plus actives, ce qui illustre la complexité du crowdfunding.

 

Mieux comprendre le crowdequity

S’agissant du crowdequity, Osman Badat ajoute que le défi aujourd’hui est de le vulgariser pour qu’il soit plus largement connu par les acteurs économiques comme étant une solution crédible, innovante et alternative de financement et d’investissement.

Les entrepreneurs doivent penser à intégrer le crowdequity dans leur plan de financement parce que c’est un instrument qui leur permet de renforcer leurs fonds propres, sécuriser leur trésorerie et financer leurs investissements. Le crowdequity est une nouvelle classe d’actifs répondant parfaitement aux besoins de diversification des investisseurs. Il doit alors être le canal via lequel les investisseurs pourront investir directement dans le capital des PME et start-up locales pour les soutenir et devenir actionnaires en échange de leurs investissements. Enfin, le crowdequity doit servir d’outil opérationnel de collaboration entre les investisseurs et les entrepreneurs. C’est ce que nous appelons du management collaboratif puisque les investisseurs pourront partager leurs compétences, des conseils ou leur carnet d’adresses avec l’entrepreneur pour ainsi créer de la valeur. C’est un modèle qui aligne les intérêts des entrepreneurs et des investisseurs

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