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Devenir la porte d’entrée pour l’apport de capitaux en Afrique.

La conférence économique africaine se tiendra à Maurice en décembre prochain. L’objectif principal sera de discuter des défis auxquels sont confrontés les pays africains, de connaître les opportunités et de partager des connaissances sur divers thèmes. Cette conférence sera l’occasion pour Maurice de se positionner en tant que hub financier pour l’Afrique.

MAURICE accueillera la Conférence économique africaine du 9 au 11 décembre 2022. Celle-ci sera placée sous le thème : «Soutenir le développement intelligent du climat en Afrique». Environ 300 participants sont attendus à cette conférence, dont des économistes, des chercheurs, des représentants du secteur privé, des institutions financières.

Selon le ministre des Finances, Renganaden Padayachy, cette conférence examinera les impacts du changement climatique, les défis qui y sont liés et les stratégies d’adaptation. Elle aidera aussi à mettre en place un développement robuste, durable et à faible émission de carbone, qui soit résilient au changement climatique.

La tenue d’une telle conférence devrait permettre à Maurice de se positionner comme une plateforme financière pouvant faciliter les investissements sur le continent. Pour Amédée Darga, Managing Director de StraConsult, ce sera certainement le cas, mais il précise qu’il faut faire ressortir que le financement des projets vient de quatre axes.

«Premièrement, cela se fera par le financement bilatéral de gouvernement à gouvernement. Deuxièmement, par les organisations de financement au développement comme la Banque africaine de Développement. Troisièmement par les fonds d’investissement privés et enfin par des investisseurs opérateurs. Dans les deux derniers cas, Maurice a une position de choix pour attirer les capitaux et monter les véhicules d’investissement eu égard au capital-confiance dont nous jouissons, à la facilité de faire des affaires, aux transactions bancaires et autres avantages. Découlant, nous pouvons aussi offrir d’autres services tels que le légal ou certains services professionnels», explique Amédée Darga.

Selon le dernier rapport de la Conférence des Nations unies sur le commerce et le développement (CNUCED), les flux d’investissement vers l’Afrique représentaient 5,2 % de l’investissement direct étranger (IDE) mondial en 2021, soit une légère augmentation par rapport aux 4,1 % de 2020, ce qui représente une légère croissance. Se basant sur ces chiffres, Kennedy K. Mbekeani, Deputy Director General de la Southern Africa Region de l’African Development Bank Group, fait ressortir que cette croissance des flux d’investissement va se poursuivre en raison des besoins variés et croissants d’une population africaine en forte augmentation et de la mise en œuvre progressive de la Zone de libre-échange continentale africaine (ZLECA). Ce qui conduit de nombreux investisseurs étrangers, y compris ceux des pays émergents, à considérer davantage l’Afrique comme un continent d’opportunités d’investissement. De nombreux secteurs économiques et pays seront concernés par la nouvelle dynamique des flux financiers externes vers les pays africains.

«Les secteurs prioritaires restent les mines et l’énergie (pétrole et gaz), mais aussi les infrastructures, notamment les ponts, les routes et la logistique qui bénéficieront de ce nouvel élan. D’autres secteurs tels que les nouvelles technologies et les industries primaires devraient également être développés grâce à l’essor des IDE. Les pays qui attireront davantage d’IDE seront ceux qui reçoivent traditionnellement plus d’investissements en raison du renforcement des institutions, de l’environnement des affaires et de l’infrastructure nécessaire à l’amélioration des affaires. Des pays comme l’Afrique du Sud, le Maroc, l’Égypte, le Mozambique, l’Éthiopie, le Nigeria, le Ghana, le Sénégal et la Côte d’Ivoire feront partie des économies qui recevront des flux plus importants», prévoit Kennedy K. Mbekeani.

Soutenir les secteurs émergents

Il faut savoir que Maurice est déjà un centre financier important pour l’Afrique. Ainsi, selon Capital Economics, 9 % des IDE en Afrique sont structurés par le secteur financier mauricien. Mais, de l’avis d’Amédée Darga, il nous faut être réaliste et modeste. «Maurice n’est pas le centre de l’Afrique. Nous pourrons certes avoir un rôle encore plus grand aujourd’hui si nous pouvons garder et attirer les compétences pour offrir la gamme de services requise. Le plus important, c’est de pouvoir mieux capitaliser sur la région Afrique pour alimenter la croissance de Maurice», insiste-t-il.

Pour sa part, Kennedy K. Mbekeani indique que Maurice aide les autres pays africains à accéder aux capitaux nécessaires au financement des investissements. Cela en réduisant à la fois les risques et les coûts associés aux opérations transfrontalières. Il précise qu’à l’avenir, l’Afrique devrait bénéficier de nouvelles perspectives et de nouveaux accords d’investissement car la diplomatie économique de Maurice contribue à soutenir les secteurs émergents sur le continent.

«Maurice jouera un rôle crucial dans le soutien de la croissance et de la prospérité en Afrique en investissement, stimulant ainsi les activités économiques et créant des millions d’emplois. Outre les autres avantages de la participation du secteur privé, tels que l’augmentation de la compétitivité, l’efficacité et l’adoption de technologies, plusieurs milliards de dollars de recettes fiscales seront générés chaque année pour les gouvernements des pays principaux. Cela permettra de financer des dépenses dans des domaines essentiels tels que l’éducation, la santé et les services sociaux», souligne Kennedy K. Mbekeani. Clairement, l’avenir de Maurice se trouve en Afrique.

CES ENTREPRISES MAURICIENNES EN AFRIQUE

SELON Amédée Darga, plusieurs conglomérats sont en train d’amplifier leurs investissements et leur présence sur le continent. Ce qui est une excellente chose tant pour la santé financière de ces compagnies, leur développement en taille et pour Maurice. «Cela permet de faire revenir les profits au pays. Plusieurs compagnies de taille moyenne qui produisent des biens de consommation courante s’installent aussi surtout en Afrique de l’Est et sont en train de prendre le marché. Oxenham et Deramann, entre autres, sont déjà en Tanzanie. Il y a même des compagnies de services qui y vont, à l’instar d’Alpha Cleaning.»

Le Managing Director de Straconsult constate qu’il existe trois facteurs qui empêchent certains à franchir le pas : le manque d’ambition et la peur du risque quand on parle de l’Afrique ; ils ne savent pas comment y aller et enfin ils n’ont pas les moyens financiers et les ressources humaines pour investir. Les opportunités sont abondantes tant en termes de produits que d’investissement. Certains pays comme le Kenya ont des marchés très compétitifs, d’autres comme la Tanzanie, l’Ouganda ou la Zambie sont à prendre. L’agroalimentaire, l’agriculture, le secteur manufacturier, l’ingénierie légère sont quelques domaines où Maurice a un savoir-faire à faire valoir.

 

CAPACITÉ RESTREINTE

MAURICE fait partie du groupe restreint de sept pays participant à l’initiative de commerce guidé visant à tester l’efficacité de la Zone de libre-échange continentale africaine. C’est un pas de plus dans l’intégration du pays au sein de l’Afrique.

Pour Amédée Darga, Maurice est déjà bien intégré dans le sens des accords commerciaux régionaux. «Notre problème se situe plutôt au niveau de notre ‘supply side capacity’. Nous n’avons pas suffisamment de produits, que ce soit en termes de gamme ou de volume pour prendre le marché qui est à notre portée. Nous avons une bonne gamme de services professionnels à faire valoir. Mais la question, c’est d’avoir la bonne stratégie», estime Amédée Darga. Les secteurs d’opportunités sont divers, dépendant des pays, mais pour citer quelques-uns, il y a la santé, l’agroalimentaire, l’industrie de transformation ou l’industrie de soutien.

 

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