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EMPLOIS – Déception et inquiétudes

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EMPLOIS - Déception et inquiétudes | business-magazine.mu

Ceux qui s’attendaient à une extension du plan de soutien salarial ont été déçus, estimant que le gouvernement aurait dû aller en ce sens. Or, plutôt que de «distribuer» de l’argent, l’État a privilégié une approche sectorielle pour relancer l’économie et, par la même occasion, limiter les pertes d’emplois dans les secteurs clés. C’est ainsi qu’il a consacré une grosse enveloppe au secteur de la construction, en annonçant la réalisation de nombreux projets d’infrastructures publiques. De même, l’industrie agricole et celui des technologies ont également fait l’objet d’une attention particulière lors de cet exercice budgétaire qui, rappelons-le, intervient dans un contexte difficile tant à Maurice que sur le plan international.

L’une des seules mesures liées à la préservation de l’emploi d’un point de vue général a été l’annonce, par Renganaden Padayachy, d’une allocation d’un minimum de Rs 5 100 qui sera accordée aux salariés qui se retrouveront au chômage technique. Une annonce qui a aussitôt été décriée par les partis de l’opposition, qui pointent du doigt le «flou» entourant cette mesure. Pour le chef de file du PMSD, Xavier-Luc Duval, la question de la préservation de l’emploi a été le grand absent du discours budgétaire. «La plus grande attente des Mauriciens était de savoir comment s’y prendrait le gouvernement pour contenir le chômage, surtout après que le ministre des Finances et la Banque de Maurice aient annoncé que l’on pourrait avoir 100 000 chômeurs. Mais ce n’est qu’à la fin de son discours, dans un demiparagraphe, qu’il a précisé ce qu’il compte faire pour l’emploi, à travers une allocation minimum de Rs 5 100 pour ceux en chômage technique», a déclaré le leader des bleus lors d’une conférence de presse, samedi. Il a déploré le manque de détails entourant cette mesure, expliquant ne pas savoir si cette allocation couvrira 50 % des salaires ou si elle ne concernera que ceux qui travaillent à leur compte ou ceux travaillant dans les secteurs qui ont été le plus affectés par l’arrêt de l’activité économique durant le confinement. «Le tourisme, avec zéro revenu, aura besoin de plus de soutien salarial qu’une entreprise avec 20 % ou 30 % de revenus», a-t-il plaidé. Le leader du MMM, Paul Bérenger, a également critiqué le manque d’informations entourant cette mesure : «Il ne s’agit pas d’une allocation chômage ; on ne sait pas vraiment ce que c’est exactement. Il n’a fait que faire une annonce sans donner de détails.»

Depuis la reprise des activités économiques, des centaines de cas ont été référées au Redundancy board du ministère du Travail. Une tendance qui devrait aller en s’accentuant au cours des semaines et mois à venir, selon des observateurs ainsi que les agences de recrutement. «Nous sommes effectivement en présence, depuis la reprise, de demandes émanant de nos clients en recherche d’emploi», acquiesce Thierry Goder, CEO d’Alentaris. Ce dernier s’attend, suite au Budget, à des débouchés dans les secteurs des technologies informatiques et de l’agriculture, qui ont bénéficié d’importantes mesures. «Ces secteurs devraient rebondir dans environ 12 mois. Les jeunes qui quittent l’université devraient songer à saisir cette occasion pour tenter d’y faire carrière», oriente Thierry Goder.

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LA MENACE DU LICENCIEMENT

La décision du gouvernement d’attirer davantage d’étrangers à Maurice et d’y faciliter leur installation ainsi que la possibilité pour eux d’y travailler n’ont pas été sans susciter de nombreux commentaires. En effet, certains craignent que les entreprises ne privilégient les expatriés pour occuper des postes à responsabilités. «Il est essentiel que la priorité soit accordée aux Mauriciens si l’on veut combattre le chômage au niveau national. L’on pourrait aussi envisager de recruter des free-lances sur des missions ponctuelles là où c’est possible. Ainsi, un employé avec une formation technique et une expertise rare pourra offrir ses services à plusieurs employeurs et être ainsi mieux rémunéré. Et les employeurs aussi y trouveront aussi des avantages», soutient Jennifer de Comarmond, directrice de l’agence Adecco.

Et de poursuivre : «Nous sommes en ce moment sollicités pour accompagner les employés qui se retrouvent au chômage. Nos services d’‘outplacement’ permettent, grâce au ‘reskilling’, soit de réorienter les employés à des postes vacants sur le marché, soit de former les employés au freelancing ou encore à l’entrepreneuriat pour ceux qui en ont les compétences. Nous effectuons également des bilans de compétence pointue grâce à nos tests et nos équipes de psychologues du travail qui nous permettent objectivement de guider les employés vers des métiers qui valorisent leurs atouts. Nos tests sont ‘benchmarked’ sur plus de 3 000 personnes à Maurice et nous donnent donc une indication du potentiel et des compétences de l’employé.»

Au lendemain de la présentation du Budget, de nombreux salariés, qui se retrouvent aujourd’hui confrontés à la menace du licenciement, disent regretter l’absence de mesures fortes qui auraient aidé à préserver l’emploi, le temps que l’économie redécolle. «Autant le programme de soutien salarial mis en place durant le confinement démontrait la détermination du gouvernement à protéger l’emploi, autant le manque de mesures en ce sens dans le Budget fait penser que l’État a renoncé ou n’a plus les moyens de préserver les emplois», lâche, dépité, un cadre du tourisme, dont le salaire pourrait dans les semaines à venir être divisé par deux.

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