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Intelligence artificielle – Maurice en passe d’établir une stratégie nationale

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Intelligence artificielle - Maurice en passe d’établir une stratégie nationale | business-magazine.mu

Dans le discours du Budget en juin dernier, le gouvernement signifiait son intention de faire de 2018 l’année de l’intelligence artificielle. Le World AI Show suivi du World Blockchain Summit, organisé la semaine dernière par la société Trescon, a fortement marqué les esprits, notamment en présentant le robot humanoïde Sophia. «Le robot Sophia n’est qu’un outil activé par des codes et des algorithmes. Et il n’y a aucune crainte à avoir ; ça ne peut même pas faire un café», a pourtant rappelé Satyam Priyadarshi, Chief Data Scientist. Idem, un participant devait témoigner : «J’ai vu le robot à son arrivée, en pièces détachées, et ça ôte un peu l’émerveillement.»

Qu’importe, le robot était bien le clou de l’évènement et l’interaction «live» entre Sophia et des conseillers du gouvernement était un moment très attendu à la cérémonie d’ouverture. Peut-être car la vision d’un robot qui imite l’expression humaine participe inconsciemment à la réelle prise de conscience de l’envahissement global de l’intelligence artificielle. Pour Avinash Meetoo, Senior Adviser du ministère des Technologies, «c’était crucial que les Mauriciens voient le robot Sophia en action et entendent ses réponses. L’image d’une intelligence artificielle lointaine, qui opère comme par magie, a été remplacée par une vision plus concrète. Des participants ont témoigné avoir compris que pour implémenter l’intelligence artificielle, c’est impératif de développer des compétences et connaissances en matière de mathématiques, de sciences et d’informatique, entre autres.»

Le conseiller gouvernemental souligne que la venue d’experts internationaux a été le souhait conjoint du Premier ministre, Pravind Jugnauth, et du ministre des Tic, Yogida Sawmynaden, démontrant le réel engagement du pays à chevaucher le changement technologique.

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2018 sous le signe de l’Intelligence Artificielle

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Ces trois jours de conférences de haut niveau ont contribué à l’élaboration d’un rapport de l’AI Council. Ce rapport permettra de jeter les bases nécessaires à l’accomplissement de la révolution digitale annoncée avec l’industrie 4.0. «Le gouvernement a une vision 2030 et souhaite faire de Maurice un pays à haut revenu inclusif. Or, pour atteindre ce but, Maurice doit présenter des produits innovants et attrayants pour les marchés établis, mais aussi à destination du continent africain», fait ressortir Avinash Meetoo.

Et d’ajouter que des rencontres de haut niveau avec des chercheurs, des représentants de gouvernements et des acteurs du secteur privé permettent d’envisager le futur visage du pays, de réfléchir aux enjeux techniques, sociétaux et humains, y compris les défis de la formation et des plans de recyclage des compétences pour alimenter les métiers émergents. Satyam Priyadarshi, met, lui, en garde les entreprises : «Il ne suffit pas d’établir des tableaux de bord pour estimer qu’on a accompli la transformation digitale au sein de l’entreprise». Le chercheur émérite rappelle que le monde est déjà saturé de données, mais reste à l’orée de la réelle transformation digitale, qui pourrait véritablement créer de la valeur et révolutionner le monde des affaires.

«L’intelligence artificielle n’est ni plus ni moins l’apprentissage constant d’une machine grâce à des algorithmes. Mais une entreprise qui veut vraiment se servir de la puissance de l’IA doit d’abord clairement établir, dans une vision holistique, quelles sont les données dont elle dispose et, surtout, d’où elles proviennent. Et c’est en ayant une vision connectée, une vision d’ensemble de la provenance de ses données que l’entreprise peut utiliser cette mine d’informations pour accroître son avantage compétitif et détecter les poches d’inefficiences cachées», ajoute-t-il. Satyam Priyadarshi note que le potentiel réel de l’IA est sa puissance d’éliminer les données parasites et d’extraire des données pertinentes à travers des algorithmes ciblés. 

}RobotPour sa part, le chercheur mauricien Sarvapali Gopal Ramchurn, professeur en Intelligence Artificielle à l’université de Southampton, a dit sa conviction que l’intelligence artificielle prendrait tout son sens si elle était appliquée pour résoudre les «real world problems». Selon Avinash Meetoo, fort de ces conseils avisés et des démonstrations concrètes par les intervenants, un effort de coordination doit se mettre en place de manière transversale pour la gestion des données au niveau national. Le Senior Adviser explique : «En janvier, le Cube Sat mauricien, le Mauritian Infrared Satellite (MIR-SAT1) initié par le Mauritius Research Council, démarrera ses opérations. Les images du satellite devront être stockées et analysées de manière efficace pour gérer le territoire maritime mauricien, intervenir sur la congestion routière et également servir d’outil de prévention contre les catastrophes naturelles.»

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La société Nubesol, qui propose un plan de gestion des champs de canne à sucre en faisant appel à des images satellitaires, à des capteurs et des drones, a fait forte impression. L’entreprise indienne a présenté une analyse des terrains mauriciens sous culture, arguant que les récoltes sucrières et le taux de sucre pouvaient être améliorés de 10 % sur une surface moindre. Cela pourrait potentiellement dégager 12 000 arpents de terres pour cultiver d’autres produits et faire baisser les coûts de production tout en permettant de mieux gérer le déploiement de la maind’œuvre. En Inde, Nubesol installe des capteurs utilisant la Remote Sensing Technology. Les images satellitaires sont croisées avec les données atmosphériques et les données provenant des champs. De cette première analyse, des actions correctives comme le dosage d’herbicides ou de fertilisants peuvent être décidé pour des parcelles ciblées.

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Le secteur de la recherche et le soutien au développement de start-up ont fait l’objet de plusieurs interventions. Hans Christensen, vice-président de DTEC, a présenté la smart city de la Dubai Silicon Valley, qui abrite un fort écosystème de start-up. La forte dynamique française dans ce secteur a été traduite par Nicolas Brien, directeur de France Digitale, Damien Gromier de France is AI et d’Isabelle Ryl, directrice du projet PRAIRIE de l’INRIA. Tour à tour, les intervenants ont insisté sur la nécessaire collaboration publicprivé pour arriver à tirer plein avantage des technologies émergentes et dans l’exploitation des puits de données pour accélérer le machine learning. L’étroite collaboration des organisations françaises permet de connecter les start-up, les laboratoires de recherche et les financeurs afin de donner l’essor aux projets innovants très tôt.

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Selon Nicolas Brien, les gouvernements et les entreprises sont littéralement assis sur des montagnes de données qui ne demandent qu’à être utilement traitées et injectées dans les projets innovants. Rachel Delacour, présidente de France Digitale, a, elle, mis en avant les projets santé, faisant appel à l’intelligence artificielle, telle la réalité augmentée pour les interventions chirurgicales, mais aussi l’AI watch développée dans le cadre du projet Emma pour les malades atteints de Parkinson. Ces exemples ont laissé entrevoir le potentiel de développement de solutions pour une meilleure prise en charge des patients et l’apport pour la recherche de traitements. Ce riche partage d’expérience des intervenants français a permis de conforter Maurice dans sa pratique d’«open data policy». Le National Open Data Portal mauricien recense à ce jour plus de 193 sources de données, représentant une mine d’informations pour les start-ups désireuses de lancer des applications.