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Les tour-opérateurs face à un avenir incertain

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Les tour-opérateurs face à un avenir incertain | business-magazine.mu

• Le coronavirus impacte grandement leurs revenus et leurs opérations

Plusieurs mois après le déconfinement à Maurice, la Covid-19 continue de susciter des craintes et des inquiétudes dans le milieu des tour-opérateurs. Alors que l’épidémie se propage toujours dans le monde et que les frontières demeurent fermées, ils sont nombreux à être confrontés à l’arrêt de leurs activités avec l’absence de voyageurs et de touristes lorgnant notre petite île Maurice paradisiaque Covid-free en vue de se détendre dans une atmosphère chaleureuse et en profiter pour s’adonner à des activités inhabituelles. Nous sommes allés à la rencontre de quelques opérateurs évoluant dans le milieu des activités de loisirs, dont certains les loisirs nautiques. À défaut de touristes, leur seul recours, c’est la clientèle mauricienne qu’ils s’évertuent à séduire malgré le froid persistant de l’hiver. En dépit de ce sombre tableau, la plupart restent cependant optimistes, se murmurant qu’après la pluie vient le beau temps !


Vitamin Sea Ltd et Marine Fantasea

Des tarifs à 50 % pour la clientèle mauricienne

Opérant depuis 2015, Vitamin Sea propose des activités en mer, comme la rencontre avec des dauphins au lever du soleil, des excursions privées à l’île aux Bénitiers, des croisières au coucher du soleil, l’observation de baleines, des activités nautiques, la découverte de la côte sud-est et des séances de photographie sous-marine et aérienne, entre autres. Son atout, c’est la photographie. C’est l’un des rares tour-opérateurs à offrir ce service à Maurice. «Les réseaux sociaux nous aident beaucoup à nous faire connaître», dit Cédric Février, le directeur de Vitamin Sea. C’est l’une de leurs stratégies digitales qui leur permet d’exister. Ce moyen est devenu indispensable et est un véritable tremplin pour développer leur visibilité sur Internet. Forte de son expérience, trois ans après, sa compagne, Marine Ferrat, ouvre Marine Fantasea.

Aujourd’hui, les deux compagnies jouissent d’une certaine notoriété dans le monde mais comme pour beaucoup, l’épisode coronavirus a perturbé les activités. «Nous avons établi des tarifs à 50 % pour la clientèle mauricienne. Depuis la fin du confinement, nous avons eu plusieurs réservations. Puis le fait que nous sommes en hiver, nous avons proposé aux clients d’acheter les ‘vouchers’ maintenant pour les utiliser jusqu’au 15 novembre», fait ressortir le directeur.

Le Wage Assistance Scheme aide à tenir

Conscient de l’impact causé au secteur du tourisme, Cédric Février concède qu’à long terme, il sera compliqué d’opérer uniquement avec des clients mauriciens. «La plupart des passionnés de la mer possèdent un bateau et n’ont pas besoin de solliciter un tour-opérateur. Cela explique la raison pour laquelle nous n’avons pas autant de clients mauriciens», renchérit Cédric Février. Cependant, grâce son atout qu’est la photographie, la compagnie parvient à attirer les Mauriciens.

Ils ont pu compter sur le Wage Assistance Scheme qui a été rallongé pour quelques mois. «Cette somme nous a grandement aidés. Grâce à elle, nous ne puisons pas de la compagnie. Elle nous aide à tenir.» Il laisse entendre que tant que les frontières n’ouvriront pas, la situation restera telle quelle. «Nous avons un calendrier rempli. Nous avons dû rembourser les 20 % que les clients ont payé en dépôt», souligne le gérant. Définitivement, le virus aura joué les trouble-fête. «Nous avons un manque à gagner de 75 % cette année. Nous travaillons pour pouvoir payer nos employés, le point d’embarcation et les frais de notre emplacement à La Balise Marina, à Rivière Noire, entre autres.» Face à ces événements, le responsable de Vitamin Sea avoue qu’il conçoit l’avenir dans le doute. Et de conclure : «Nous ne sommes toujours pas au courant quant à la réouverture de nos frontières… À deux, nous allons pouvoir faire face avec les locaux mais pour ce qui est de nos employés, il est difficile de penser à après…»

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Born to Fly

Entre 5 % et 10 % du chiffre d’affaires

«Nous proposons les mêmes offres aux touristes et aux Mauriciens mais avec un prix promotionnel aux locaux en cette période de crise. Nous nous adaptons à ce marché en baissant les prix», reconnaît Thierry Content, qui est pilote et l’un des deux directeurs de Born to Fly. Comme il le présente, le but de cette compagnie est de faire découvrir la beauté du patrimoine du Sud-Ouest et à travers leur aéroclub de faire vivre la sensation de l’hydravion.

En effet, Born to fly (Lagoon Flight) offre la possibilité de planer en hydravion à quelques mètres dans les airs pour une escapade en plein air qui donne l’opportunité d’admirer le lagon du Sud-Ouest, la cascade sous-marine et la montagne du Morne, et la passe de Bel Ombre. «La compagnie avait il n’y a pas longtemps d’autres activités comme le parasailing, le kitesurf et le dolphins watch, entre autres», s’empresse d’ajouter Ludovic Tennant, l’autre directeur, qui est aussi pilote.

«Nous travaillons souvent avec le tourisme de luxe. Et maintenant, la clientèle n’est plus la même. Ça ne marche pas en ce moment. Nous n’arrivons pas à atteindre des objectifs suffisants pour nos charges. Nous sommes en train de nous endetter», déplore Thierry Content. Compter sur la clientèle mauricienne est inenvisageable. «Si cette situation perdure, nous ne pourrons pas tenir», lâche-t-il. Quant à leur chiffre d’affaires, les deux soulignent qu’il a été totalement impacté. «Sur les derniers mois et depuis que nous avons repris, nous faisons entre 5% et 10% de notre chiffre d’affaires habituel.»

Tenir jusqu’en janvier

Les deux directeurs reconnaissent cependant que le Wage Assistance Scheme a aidé financièrement la compagnie, l’a maintenu en vie. «Nous limitons les salaires. Ceux des directeurs sont normalement plus importants. D’ailleurs, nous ne les touchons même pas. Pour le reste, nous essayons de payer nos assurances et les différents frais.» La société est aussi perturbée par la dévaluation de la roupie mauricienne.

«Sans touristes, nous pensons que nous allons devoir fermer et mettre les deux hydravions dans le hangar, et faire autre chose de notre vie», se désole Thierry Content, qui explique aussi que si les touristes ne viennent pas dans les prochains mois, ils se sont dit qu’ils vont essayer de tout faire pour tenir jusqu’en janvier 2021. «Nous avons mis toute notre âme dans notre compagnie. C’est notre passion. Nous savons que nous avons une chance incroyable d’opérer. Nous allons nous mettre en stand-by, puis nous reviendrons», avoue-t-il.

De manière positive, ils espèrent avoir une petite rentrée d’argent en effectuant des vols avec des résidents et continuer à obtenir de l’aide du gouvernement. «Nous espérons que lorsque la compagnie reprendra ses activités, les affaires seront florissantes.»

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Johaness Speedboats & Catamaran Cruises

«Nous sommes extrêmement touchés»

Johaness Speedboats & Catamaran opère dans l’est et le nord de l’île. À ce jour, la compagnie organise des excursions à l’île aux Cerfs, l’île de la Passe, l’île aux Phares, l’île aux Flamants, l’îlot Gabriel, l’île Plate, entre autres, et propose plusieurs activités nautiques. Cependant comme plusieurs tour-opérateurs, elle a des difficultés à sortir la tête hors de l’eau même si elle a concocté plusieurs offres destinées aux Mauriciens telles que des forfaits de team building. «Comme nous sommes en hiver et que le temps est parfois peu clément, il est difficile de compter sur les Mauriciens d’autant plus que maintenant, avec la crise, ils réfléchissent à deux fois avant de faire des dépenses», expose Prakash Sokheea, le Group Executive Chairman.

Il ajoute que même si la compagnie dépend généralement des touristes, il espère que les Mauriciens continueront à la soutenir. «Personne n’avait prédit la pandémie. Nous devons travailler avec les Mauriciens sur les court, moyen et long termes en attendant des jours meilleurs.» Il indique aussi que le chiffre d’affaires a été grandement impacté dans cette situation de crise liée à la Covid-19. «Nous sommes extrêmement touchés. Puis la catastrophe du Wakashio est la goutte de trop. Il est presque impossible d’opérer dans l’Est !», s’insurge-t-il.

Prakash Sokheea avance, par ailleurs, que le Wage Assistance Scheme ne les a pas aidés. «Nous n’avons pas pu payer nos employés à temps. Nous avons dû puiser de nos réserves pour y remédier. Pour couronner le tout, nous ne savons pas comment faire pour régler les impayés sans compter les dépenses que nous devons effectuer comme la maintenance des bateaux, les factures mensuelles et d’autres dépenses opérationnelles et administratives», souligne-t-il.

Pour l’heure, malgré la crise, au sein de Johaness Speedboats & Catamaran, le personnel reste positif et optimiste quitte à faire des sacrifices pour encore quelque temps. «C’est le message que nous transmettons à nos employés car il s’agit de notre survie. Nous sommes tous concernés. Tout en espérant que le gouvernement aura une stratégie pour nous aider à remonter la pente.»


Corail Hélicoptères

«Nous faisons tout pour maintenir les emplois»

Corail Hélicoptères fournit des services de circuit aérien, y compris les transferts, des visites panoramiques et l’héligolf. Grâce à l’Airbus AS355, six personnes peuvent s’asseoir confortablement. La compagnie accorde une importance particulière à la sécurité et veille à ce que tous ses vols soient effectués selon les normes de sécurité et de navigabilité les plus élevées.

Pour attirer la clientèle mauricienne, Maryse Hurot, la Sales and Marketing Manager explique qu’on a conçu deux itinéraires : le premier dure cinq minutes et le second dix minutes. Le départ est effectué à Triolet. «Les personnes qui ont fait l’expérience de l’hélicoptère dans l’un des deux itinéraires sont extrêmement contentes», souligne-t-elle. La promotion a duré jusqu’à fin août et seulement les dimanches.

Par ailleurs, Maryse Hurot précise que Corail Hélicoptères souffre également, comme toutes les entreprises du secteur touristique. «Nous faisons tout pour maintenir les emplois dans notre entreprise.»

Aujourd’hui, la Sales and Marketing Manager soutient qu’il est compliqué d’envisager des opérations uniquement pour le marché local. «Le secteur touristique à Maurice a un grand potentiel, dès que la mauvaise période de la Covid-19 sera derrière nous, il reprendra sa route vers un avenir positif.»

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