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L’inflation faible favorisera-t-elle la consommation ?

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L’inflation faible favorisera-t-elle la consommation ? | business-magazine.mu

La période festive est à nos portes. Les enseignes de grande distribution et importateurs se préparent déjà à réaliser les meilleurs chiffres possibles. Les consommateurs seront-ils au rendez-vous ? La conjoncture est-elle favorable à la consommation ?

C’est un fait : le taux d’inflation actuel est propice à la consommation. L’inflation est même très basse à 0,8 % selon le relevé de septembre dernier. Les prix sont relativement stables. Les consommateurs ne devraient pas se plaindre. «L’inflation suit une tendance baissière depuis ces dernières années et cela influe positivement sur le pouvoir d’achat des Mauriciens», observe Sonny Wong, General Manager – Commercial chez Innodis. Ces derniers mois ont également vu une baisse de prix des produits de base comme le lait, le riz et l’huile, «qui s’explique par une contraction de la demande au niveau mondial, qui est elle-même consolidée par les prix favorables du pétrole», explique Andrew Sin, directeur général d’Intermart (Mtius) Ltd.

Ces facteurs devraient donc encourager la consommation pendant les fêtes. Mais tout n’est pas si simple, argue Nicolas Merven, COO de Pick & Buy Ltd (qui gère les supermarchés Winner’s), car les Mauriciens continuent de se plaindre de la cherté de la vie. «Le Mauricien se plaint toujours malgré l’augmentation des pensions et du PRB, et la baisse de prix et les promos», constate-t-il.

La raison se trouve, selon lui, sans doute dans les nouveaux postes de dépense qui pèsent lourd sur le budget familial, comme l’utilisation du smartphone, d’Internet, l’abonnement aux chaînes satellitaires et la fréquentation des food-courts. Depuis peu, il faut inclure les voyages avec les compagnies aériennes low-cost. Nicolas Merven s’empresse toutefois de préciser que ces loisirs sont bénéfiques à la population.

L’effet BAI et Air Asia

Malgré tout, la grande distribution s’attend à ce que la période des festivités sera porteuse. Nicolas Merven espère une hausse des ventes dans les supermarchés Winner’s. En cette fin d’année, la conjoncture générale est, en effet, propice à la consommation, dit-il. Le contexte dans lequel le pays évolue – et surtout l’actualité – joue beaucoup sur la consommation car ce sont des facteurs qui affectent le moral et la confiance des consommateurs. Et Nicolas Merven de citer l’exemple de l’affaire BAI : «J’espère que nous ferons mieux qu’en décembre 2015 quand nous étions encore en plein dans les turbulences post-BAI». Winner’s a d’ailleurs augmenté ses commandes pour la période des fêtes.

Les attentes de la grande distribution sont d’autant plus grandes pour les festivités après ces derniers mois où elle a subi les contrecoups des épidémies de fièvre aphteuse et de salmonelle qui ont contribué à faire chuter la vente de certains produits alimentaires. Depuis septembre, il y a eu un shift vers le poisson et les fruits de mer par précaution. Mais la situation est graduellement en train de retourner à la normale, note le COO de Pick & Buy Ltd. Pendant les fêtes, les ventes sont toujours supérieures à la moyenne, confirme Sonny Wong. «C’est la période la plus importante pour les affaires, et nous sommes aujourd’hui bien préparés, avec des stocks suffisants de produits pour répondre à cette hausse de la demande», soutient-il.

Du côté d’Intermart (Ébène et Beau-Bassin), on garde bon espoir de terminer l’année sur une bonne note. «On espère terminer sur une belle croissance et satisfaire nos clients avec des produits festifs et exclusifs. Avec le boni de fin d’année, les Mauriciens vont se faire plaisir. D’ailleurs, nous prévoyons des promotions et cadeaux pour nos clients», annonce observe Andrew Sin.

Les promos seront légion dans les prochaines semaines en vue d’attirer un maximum de clients et de gonfler le chiffre d’affaires. Les différentes enseignes affûtent leurs armes. Elles se livreront à une lutte âpre et sans merci, comme c’est le cas chaque année. «La vive concurrence entre enseignes fait rage et tire les prix vers le bas», observe Nicolas Merven. Les consommateurs ont donc toutes les raisons de se réjouir, dit-il.

Promo ou pas, le consommateur ne dépense pas aveuglément. Il fait beaucoup plus attention à ce qu’il achète. «Les Mauriciens recherchent de bons produits à de bons prix. Le côté pratique du produit est également très important», fait remarquer Andrew Sin. De son côté, Sonny Wong est d’avis que la qualité reste «un critère de base» dans le choix du consommateur. Au passage, il note une tendance à privilégier «des produits perçus comme étant plus sains à la consommation».

Quoi qu’il en soit, les dépenses des foyers à l’item de la consommation devraient atteindre Rs 319,9 milliards cette année, contre Rs 306,2 milliards en 2015, selon les prévisions de Statistics Mauritius, soit une hausse de 2,9 %. Cette croissance stagnante de la consommation depuis plusieurs années s’explique par plusieurs facteurs, en particulier par la multiplication de centres commerciaux dans le pays, un taux d’épargne national en constante baisse, un pouvoir d’achat qui n’augmente pas suffisamment et l’endettement des Mauriciens.