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Règlements sur le CSR – Les ONG asphyxiées faute de financement

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Règlements sur le CSR - Les ONG asphyxiées faute de financement | business-magazine.mu

La nouvelle méthode de financement des organisations non gouvernementales (ONG) mise en place par la National CSR (NCSR) Foundation fait débat. Celles-ci pâtissent de ces changements et peinent à trouver une stabilité financière. Et pour cause, les ONG, qui recevaient directement un financement des entreprises, sont contraintes de passer par la NCSR, qui a la responsabilité de redistribuer les fonds. Aujourd’hui, les ONG réclament une sortie de crise qui se fait attendre.

Ce ne sont pas Patricia Adèle Félicité, secrétaire générale de Caritas, et Anushka Virahsawmy, fondatrice de Gender Links, qui diront le contraire. Elles confirment toutes deux que les ONG ont dû mal à maintenir la tête hors de l’eau. L’une des raisons résulte du retard pris par la fondation pour effectuer les versements. Anushka Virahsawmy confie avoir dû puiser de ses finances personnelles pour pouvoir maintenir les activités de Gender Links. La fondatrice d’Autisme Maurice, Géraldine Aliphon, estime, pour sa part, que le problème vient aussi du plafond de financement de la NCSR Foundation à une ONG, qui s’élève à Rs 3 millions annuellement.

«Ce plafond nous limite. Certes, c’est une grosse somme, mais Autisme Maurice et certaines ONG nécessitent bien plus que cette somme afin de continuer à financer leurs projets et couvrir leurs coûts d’opération», observe Géraldine Aliphon. Il faut savoir qu’Autisme Maurice s’occupe de l’éducation des enfants atteints de ce trouble de développement en les scolarisant dans des écoles spécialisées. Cela nécessite le recrutement d’éducateurs à temps plein. «Bien qu’étant substantielle, la somme de Rs 3 millions permet à peine de finir l’année. Plus encore, cela bloque les nouveaux projets, car ce serait un autre coût supplémentaire», soutient-elle. 

L’UoM mène une étude sur le CSR
L’Université de Maurice (UoM) et la NCSR Foundation ont récemment signé un accord en vue de cibler les problèmes inhérents au mode de financement du CSR. Le vice-chancelier de l’UoM, Dhanraj Jhurry, a fait remarquer qu’il a sollicité le soutien des doyens des différentes facultés et des chercheurs pour abattre «un travail collectif et interdisciplinaire» sur la question du CSR. L’UoM fait un suivi sur une base mensuelle avec la NCSR Foundation sur l’avancée de ses travaux. Un document complet sur le CSR comprenant les besoins de financement et les secteurs prioritaires devrait être prêt avant le prochain Budget. L’un de ces secteurs concerne l’éducation à la petite enfance. C’est le premier axe de la recherche menée ces jours-ci par l’UoM. De son côté, Menon Munien explique que la situation s’améliore, mais reste tout de même perfectible. «Nous travaillons avec l’université pour comprendre la situation autour du secteur. Actuellement, certaines ONG n’arrivent pas à gérer le financement et d’autres rencontrent des problèmes de bonne gouvernance», argue-t-il. 
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Face aux difficultés auxquelles font face les ONG, le président de la NCSR Foundation, Menon Munien, affirme comprendre le positionnement de ces organisations. Il souhaite se rapprocher de ces organisations pour mieux cerner leurs besoins en termes de financement. Il rappelle que les ONG qui se sentent lésées peuvent faire appel au Funding Appeal Committee, qui opère indépendamment de la fondation. 

Dans une volonté de transparence, la NCSR Foundation souhaite communiquer sur ses actions. Lors de son second appel à projets, elle s’est retrouvée avec 406 dossiers émanant d’ONG pour un montant de Rs 761 millions. Parmi, 20 projets n’étaient pas éligibles faute de documents fournis, 73 n’ont pas atteint le seuil de financement, alors que 89 autres ont fait l’objet de fortes révisions. Et 224 projets ont été approuvés et le versement a déjà été effectué.

Si elles estiment que le fonctionnement de la NCSR Foundation comporte des lacunes, les ONG reconnaissent toutefois que cette structure abat un travail satisfaisant. «Le programme d’accompagnement des ONG et la qualité de l’encadrement dont elles bénéficient sont à souligner. À titre d’exemple, lorsque nous avons rencontré des problèmes de financement, la NCSR a fait un suivi et nous a aidés à trouver les fonds nécessaires pour boucler l’année», souligne Géraldine Aliphon. Une opinion partagée par Anushka Virahsawmy, qui concède ne pas remettre en question l’investissement et la bonne volonté de la fondation.

Cependant, tous ne partagent pas le même avis. Ainsi, la secrétaire générale de Caritas fustige l’instabilité et les modifications liées au mode opératoire des ONG. «Depuis que le CSR a été introduit à Maurice, l’on se retrouve constamment avec des révisions du mécanisme et à réinventer la roue au lieu d’améliorer et de continuer ce qui fonctionne», soutient Patricia Adèle Félicité.

Face aux doléances des ONG, la NCSR Foundation a entamé une réflexion et entend venir de l’avant avec des solutions concrètes. Ainsi, celles-là réclament à cor et à cri que le délai pour le décaissement des fonds soit écourté. Ce serait un premier pas dans la bonne direction.  

Marge de manœuvre réduite pour les entreprises

Depuis début janvier, la NCSR Foundation a la responsabilité de gérer 75 % des fonds du CSR contre 50 % auparavant. Or, une entreprise dont les actions relevant de la responsabilité sociale se recoupent sous les secteurs prioritaires de la charte de la fondation, peut demander un certificat dudit organisme pour garder jusqu’à 25 % le contrôle de son CSR.  

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