La Sentinelle : 60 ans à servir les Mauriciens

Le groupe La Sentinelle poursuit sa mission depuis 1963. Connu majoritairement pour ses multiples publications de presse, il a acquis une notoriété assez rapide tant localement qu’au niveau régional. À l’occasion de ses 60 ans, un livre-anniversaire a été lancé. Comme le rappelle le Chairman du groupe, Philippe Forget, le journal traditionnel demeure un pilier essentiel de l’information crédible malgré l’ascension du digital.

Lorsqu’on parle de La Sentinelle, nombreux sont ceux qui l’associent à l’express, le quotidien de référence. En effet, la qualité de son contenu ainsi que ses analyses poussées lui ont permis d’acquérir un statut de taille auprès des décideurs politiques, économiques et sociaux. Mais comment cette publication a-t-elle fait ses débuts ? Le Chairman du groupe, Philippe Forget, explique que les premières années ont été difficiles, mais que l’express n’a cessé d’innover sur le plan éditorial et a peu à peu convaincu son public jusqu’à devenir, il y a quelques années, le journal de référence du pays.

Le conseil d’administration, voyant les risques liés au monoproduit qu’était l’express et anticipant les défis de la presse écrite qui commençaient déjà à se faire sentir à l’étranger, s’est lancé dans un programme de diversification de ses lignes de revenus juste après l’an 2000, alors que le chiffre d’affaires n’était que de Rs 180 millions. «En 2002, on lançait les activités de presse industrielle de Caractère Ltd ainsi que Radio One. Suivirent 5-Plus dimanche en 2003, L’Express Madagascar en 2004, L’express Property et Eye Catch en 2008, Business Publications en 2011, le rachat des actifs de MSM Ltd en 2014, la prise de contrôle de Mc Easy Freight en 2018. Le chiffre d’affaires atteignait Rs 543 millions en 2010 et Rs 1,2 milliard en 2019. Puis survenaient les années catastrophiques de la Covid et on s’en remet tout juste pour accueillir nos 60 ans avec, c’est rassurant, une légère reprise de nos ventes.» Aujourd’hui, La Sentinelle se démarque dans d’autres pôles d’activités, notamment l’impression, la distribution et la logistique.

Par ailleurs, il convient de noter que l’évolution de la technologie constitue un obstacle quant à la survie du journal traditionnel. Il faut reconnaître que la technologie des nouveaux médias a un impact sur pratiquement tous les éléments des médias traditionnels, y compris les abonnements, la lecture, la diffusion et les revenus publicitaires. La possibilité d’obtenir des informations et de recevoir des mises à jour rapides par le biais d’Internet, en particulier, a mis en péril l’avenir des journaux traditionnels. Philippe Forget porte un regard favorable quant à la pérennité du journal traditionnel. Pour lui, le journal traditionnel reste un pilier essentiel de l’information crédible et donc de la démocratie et de nos libertés individuelles, en raison de son contenu et de son intégrité. Il estime qu’il faut s’adapter à ce phénomène. «Les dirigeants du premier journal qui a présenté sa version digitale gratuite devraient, à cet effet, être bastonnés, car tous les autres ont dû suivre, ce qui a créé des vagues de « likes » et de « followers » qui flattent certes, mais qui minaient les ventes des journaux imprimés et permettaient à de moins en moins de journaux du monde de couvrir leurs frais. De nombreux journaux ont d’ailleurs disparu», fait-il remarquer.

Il souligne que les journaux commencent à rappeler à leurs lecteurs que la production d’un journal coûte de l’argent et que les journaux gratuits ne peuvent pas faire le poids. «Nous allons, nous même, mettre www.lexpress.mu, dûment revisité et agrémenté, derrière un paywall au cours des mois à venir.» Il prévoit que dans quelques années, l’information gratuite sera largement réduite à de la propagande, à du parrainage ou à un produit d’appel pour une source d’information plus complète. Il avance que le citoyen devra choisir de payer pour obtenir des informations crédibles et prendra de plus en plus de risques avec l’”information gratuite”.

Un livre-anniversaire des 60 ans de l’express

Pour marquer ses 60 ans sur le territoire mauricien, l’express lance un livre-anniversaire. Le Chairman du groupe fait ressortir que cette initiative a été conçue et pilotée par Nad Sivaramen, le Directeur des publications à La Sentinelle. Il révèle que ce livre-anniversaire a rassemblé les mémoires vivantes des 60 dernières années de l’express, à l’instar de Jean Claude de l’Estrac, d’Yvan Martial, de Lindsay Rivière, de Patrick Michel, de Denis Ithier, entre autres. «Il a pu tisser une histoire passionnante qui se raconte évidemment largement entrecroisée avec l’histoire du pays. Les fabuleuses archives photo du journal, les caricatures, les témoignages et les clins d’œil complètent agréablement ce survol des 60 dernières années d’un journal sentinelle, gardien de valeurs universelles et à la recherche constante de ce qu’il y a de plus progressiste pour le pays. Ce livre-document devrait agrémenter la lecture de tous ceux qui respirent la démocratie et ses valeurs.»