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Marché domestique et d’exportation : L’industrie locale affiche la résilience

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La performance des deux têtes de pont du secteur manufacturier mauricien s’est améliorée en cette deuxième année de l’ère covid-19, dans une conjoncture économique jouant sur une croissance de 4,8 %, un rebond de 10,9 % pour l’industrie manufacturière et une augmentation de 3,9 % des exportations mauriciennes de marchandises.

La pandémie de la Covid-19 est venue porter un coup additionnel à l’industrie locale et d’autant plus à la filière manufacturière domestique tournée vers l’exportation, déjà en proie à une baisse de compétitivité et de productivité et de croissance irrégulière. Après une contraction de 17,8 % en 2020 pour l’industrie tournée vers le marché domestique et un déclin de 10,8 % pour l’industrie locale portée sur l’exportation, la mauvaise performance s’est creusée pendant la première année post-Covid-19. D’après les dernières données du bureau des statistiques, la performance des deux têtes de pont du secteur manufacturier mauricien s’est améliorée en cette deuxième année de l’ère Covid-19 dans une conjoncture économique jouant sur une croissance de 4,8 %, un rebond de 10,9 % attendu pour l’industrie manufacturière et une augmentation de 3,9 % des exportations de marchandises. Des performances qui devraient continuer de s’améliorer dans un contexte de taux de croissance améliorée projetée pour 2022.

Surtout si les défis inamovibles de l’industrie situés au gré de la chaîne logistique et de l’approvisionnement trouvent de meilleures solutions cette année. Face à l’emballement du coût du fret, l’indisponibilité d’offres cargo pour l’expédition des marchandises ou le transport des matières premières, ou encore l’envolée des prix des matières premières, l’industrie locale ou tournée vers l’exportation a subi tous les contrecoups des disruptions dans les chaînes d’approvisionnement et logistiques mondiales. Dans sa globalité, la performance économique de l’industrie manufacturière tournée vers le marché local a été en demi-teinte en 2021, relève Bruno Dubarry, CEO de l’Association of Mauritian Manufacturers (AMM). «II y a eu un deuxième confinement et une reprise touristique qui ne s’est pas passée comme on le voulait. La situation des coûts de production est toujours problématique tandis que le pouvoir d’achat des Mauriciens est diminué. Il y a eu moins d’activités collectives et festives, donc moins de consommation. Les subsides fixés sur les prix contrôlés sont problématiques pour l’activité économique. Du côté de l’AMM, nous avons poursuivi notre plaidoyer et affiné notre réflexion stratégique. Cette réflexion aboutira en 2022 avec le lancement d’un nouvel outil de transformation pour la production locale. En 2021, l’on a pu rétablir le dialogue public-privé sur des sujets sur lesquels le dialogue était mal entamé, notamment la question de la pollution du plastique. L’AMM est toujours partie prenante de l’Executive Oversight Committee de l’Industrial Policy du ministère de l’Industrie. Le travail avance dans le bon sens.»

Une vulnérabilité significative a été observée depuis l’apparition de l’épidémie de la Covid19 en 2020 à Maurice dans l’industrie manufacturière exportatrice, relevait la Chambre de Commerce et d’Industrie de l’île Maurice (MCCI) dans son analyse économique 2020-2021, et publiée en septembre dernier. D’une contraction de -0,4 % en 2018, de -1,9 % en 2019, le déclin dans la filière s’est creusé à hauteur de -10,8 % en 2020. En faute : la perte de résilience de la filière manufacturière exportatrice en raison de la baisse d’investissement privé dans le secteur, qui a donné lieu à une productivité moindre et une absence d’innovation. Arif Currimjee, président de la Mauritius Export Association (MEXA), l’expliquait en septembre dans une interview à Business Magazine.

Croissance de 2,5 % prévue pour l’industrie exportatrice cette année

«La productivité multifactorielle n’a pratiquement pas augmenté au cours des dix dernières années et notre valeur ajoutée n’a cessé de baisser. Une explication peut être les très faibles niveaux d’investissement dans le secteur après la crise financière de 2008 et la roupie forte de 2010 jusqu’en 2019 (hormis une baisse de 10 % en 2015) qui ont impacté la rentabilité du secteur. Il est urgent d’aborder la question de la productivité et une solution évidente à court terme est d’encourager l’investissement dans le secteur. Nous devons, par ailleurs, démocratiser l’innovation, ne pouvant pas compter que sur les grandes entreprises pour le faire. Dans bien des cas, les structures d’entreprise et de gouvernance sont intrinsèquement anti-risques et les nouvelles idées ont du mal à émerger et d’être financées», observait-il alors.

Dans le contexte d’un retour de la croissance économique estimée en juin à 5,4 % pour 2021 – elle a été abaissée à 4,8 % en décembre –, une croissance de 2,5 % a été projetée pour l’industrie exportatrice en 2021. Avec les prévisions de croissance économique en 2022 (6,7 % en 2022 d’après le FMI) dans un contexte économique toujours perturbée par les incessantes résurgences de la propagation de la Covid-19, les perspectives mais aussi les défis à relever pour le secteur manufacturier mauricien sont multiples. La connectivité aérienne et maritime, l’efficacité du port, notamment, sont les principaux enjeux pour la filière exportatrice.

À l’occasion du webinaire Japan-Mauritius: Moving Africa up the Value Chain tenu le 15 décembre, à l’initiative de l’Economic Development Board (EDB), en collaboration avec la Japan International Cooperation Agency (JICA) et l’ambassade du Japon à Maurice, Lilowtee Rajmun-Joosery, directrice de la MEXA, a présenté les initiatives prises par l’île Maurice pour améliorer la connectivité. En ce qui concerne la connectivité maritime, la MEXA a sensibilisé le gouvernement mauricien à la nécessité d’investir dans un navire régional d’apport qui desservira les ports de l’océan Indien, y compris ceux d’Afrique de l’Est, qui pourrait à terme relier Durban, Djibouti, Dubaï et l’Inde à partir de Maurice. Le gouvernement mauricien est très réceptif à ce projet. Des développements positifs sur la mise en œuvre de ce projet sont attendus en 2022 et cela propulsera certainement Maurice en tant que centre d’entreposage, industriel et de connectivité reliant l’Asie à l’Afrique, communique l’EDB. De même, pour la connectivité aérienne, la MEXA a attiré l’attention du gouvernement sur la mise en place d’un Air Cargo Hub à Maurice reliant l’Asie à l’Afrique en s’appuyant sur la compagnie aérienne nationale et ses alliances. L’infrastructure pour le hub de fret aérien en termes d’entreposage est déjà disponible autour de l’aéroport et un port franc à côté de l’aéroport est en cours de développement, précise l’EDB. La question de la production locale est transversale, rappelle le CEO de l’AMM, Bruno Dubarry, et l’AMM investit dans cette optique de nombreux chantiers. «Cette année, nous avons participé au Food Systems Summit 2021 des Nations unies. Nous assurons la coprésidence avec le ministère de l’Agro-industrie, du Comité Food Security pour la commission économique de l’EDB. On ne peut donc pas imaginer sortir de la crise, transformer notre modèle économique sans la production locale. Une grande partie des solutions à nos crises actuelles passent par la production locale.» La réponse aux défis actuels du secteur manufacturier local se trouve dans l’économie circulaire (réduire, recycler, réutiliser), l’innovation et la coopération régionale. «La région nous offre une bonne échelle de projection pour ouvrir des marchés et trouver les solutions à nos défis. 2022 sera placée sous ces trois thématiques pour l’AMM. Il est indéniable que la situation économique sera similaire en 2022. Nous serons toujours en mode reprise et l’on subira encore les contrecoups, comme en 2021. Pénurie de matières premières, pression sur la capacité de production des entreprises, manque de main-d’œuvre, difficultés de financement de la transition de nos secteurs… Cela crée des surcoûts et des opportunités nouvelles. Il faut penser et faire différemment.»

On ne peut pas imaginer sortir de la crise, transformer notre modèle économique sans la production locale.

La banque mondiale invite à réorienter l’investissement privé

Dans l’optique de reconstruire l’économie mauricienne dans l’ère de la nouvelle normalité, les experts du groupe de la Banque mondiale ont invité cette année le pays à réorienter l’investissement privé vers des productivité et sophistication technologique plus élevées. Avec un tiers des investissements consacrés au cours de la dernière décennie (2009-2019) à l’immobilier et d’autres activités traditionnelles, fait remarquer le country report, l’absence d’investissements novateurs permettant d’accroître la productivité est probablement le reflet du système d’aide à l’innovation à Maurice et des faiblesses du côté de la demande – par exemple, les faibles capacités de gestion des PME et les faibles niveaux de R&D privée. Pour restaurer la compétitivité de ses exportations, l’appui sur les nouveaux accords de libre-échange est conseillé.

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