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Marché pétrolier : Vers une baisse de 10 % des prix des carburants 

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Malgré la courbe baissière des cours pétroliers, la State Trading Corporation a gardé les prix des carburants inchangés ces derniers mois. Mais tout indique que l’organisme va revoir les prix à la pompe dans les jours à venir.

Le Petroleum Pricing Committee (PPC) se réunira d’ici à la fin de la semaine pour avaliser les nouveaux prix de l’essence et du diesel, actuellement à Rs 74,10 et Rs 54,55 le litre. Au vu de la chute des cours pétroliers ces derniers mois, tout porte à croire qu’on se dirige vers une baisse de 10% des prix des carburants. Pour rappel, avec l’éclatement de la guerre en Ukraine, le baril du brut avait, dans un premier temps, flambé pour se vendre autour de 120 dollars. Depuis le mois de novembre, les prix amorcent une courbe baissière. À lundi, le baril du brut se vendait autour de 75 dollars. 

Interrogé, l’ancien directeur de la State Trading Corporation, Megh Pillay, explique que les prix des carburants à Maurice sont calqués sur ceux du marché international. Il cite en exemple trois périodes où la baisse des prix des cours pétroliers a été répercutée sur le marché local. «Lors de ces deux dernières décennies, il y a eu trois périodes similaires à la situation que l’on traverse actuellement, soit un niveau de 75 dollars le baril. Lors de lesdites périodes, le prix maximal du litre d’essence a été fixé respectivement à
Rs 45,45 en 2010, Rs 49,65 en 2018 et Rs 50,70 en 2021. Aujourd’hui, le litre est vendu à Rs 74,10 le litre. Donc, c’est plus de Rs 25 par litre plus cher pour un cours mondial comparable»
, souligne-t-il.

Néanmoins, poursuit-il, nul ne peut dire avec exactitude la décision que prendra le PPC. Bien qu’une baisse de 10 % soit envisageable pour ce mois-ci, il sera difficile d’émettre plus de spéculation sur les décisions à venir du PPC. D’autant plus que le compte de stabilisation des prix (PSA), qui permet à la stabilisation des prix sur le marché local, n’a pu être convenablement renfloué. «D’autres baisses, hormis celle des
10 % discutée, restent improbables. Pour cause : la structure actuelle de fixation du prix laisse peu de marge à l’impact d’une chute du prix mondial. Les gains exceptionnels résultant des prix bas n’ont pas été comptabilisés dans la structure des prix. Ainsi, au lieu de les verser sur le PSA afin d’atténuer les hausses éventuelles, ils ont été épongés par une taxation additionnelle et quasi permanente. Le PSA est donc à sec, reste sous-alimenté et a complètement perdu sa capacité de mitiger l’impact de la volatilité du cours du pétrole sur notre marché»
, commente Megh Pillay.

Diminuer les pressions inflationnistes

Par ailleurs, une baisse de 10 % des prix à la pompe va quelque peu casser l’inflation calculée à 12,2 % en décembre 2022. Par la même occasion, cette charge moindre soulagerait le panier des ménages. C’est en ce sens qu’abonde le CEO d’Anneau, Amit Bakhirta. «Le poids dans le panier du CPI pour le logement, l’eau, l’électricité, le gaz et des autres combustibles est de 11,2 % et le transport est de 14,7 % (total = 26 % de notre panier CPI est donc directement lié au prix de l’essence). À cela, si vous ajoutez l’effet multiplicateur des intrants élevés (prix de l’essence et du transport) à d’autres composants du CPI et à d’autres industries (la consommation et la demande globales sont affectées à mesure que les prix de l’essence/du transport augmentent), vous pouvez comprendre l’impact sous-jacent catastrophique. L’inverse, c’est-à-dire un prix du pétrole plus faible (ainsi que la base mathématique/statistique élevée de 2022), soutiendra le CPI à la baisse. Et donc le ralentissement de l’inflation – nonobstant la devise mauricienne vis-à-vis du dollar américain ; qui devrait s’affaiblir davantage cette année – positif et négatif», explique-t-il.

Cela dit, il faut garder en tête qu’une baisse trop abrupte des prix des carburants pourrait aussi être malvenue car les cours restent fortement volatils. Ainsi, la réouverture de la Chine devrait entraîner dans son sillage une demande additionnelle de pétrole brut de plus de
4 millions par jour durant l’année. D’ailleurs, l’Energy Information Administration (EIA), agence gouvernementale américaine, table sur un Brent aux alentours de 90 dollars. Le CEO d’Anneau reconnaît que plusieurs facteurs auront des effets sur l’évolution des cours pétroliers, à l’instar des décisions de l’OPEP et l’OPEP+, ainsi que la probable récession mondiale. Néanmoins, il pense que le pétrole devrait plausiblement se négocier à la baisse, conformément à la faiblesse de l’économie mondiale en 2023.