Monnaie virtuelle : La Banque de Maurice peaufine les détails en vue de l’introduction de la roupie numérique

La banque de Maurice se prépare à lancer sa propre monnaie numérique d’ici novembre prochain. Elle a opté pour un modèle de distribution à deux niveaux, visant à garantir la participation des banques et préserver la stabilité financière.

DEPUIS mai 2020, le nombre de pays explorant les monnaies numériques de banque centrale (CBDC) a augmenté considérablement. Pas moins de 114 pays, représentant plus de 95 %, sont engagés dans cette voie.

Suivant cette tendance, la Banque de Maurice envisage également de lancer sa roupie numérique sur une phase pilote, après avoir effectué un exercice complet de sandboxing et finalisé les attributs de conception de sa CBDC. Intervenant lors de l’International Monetary Fund/World Bank Community of Central Bank Technologists Workshop, la semaine dernière, le Gouverneur de la Banque de Maurice, Harvesh Seegolam, est satisfait de l’avancée du projet. Il se dit confiant que la roupie numérique pourra être utilisée dans les opérations quotidiennes dès le mois de novembre. Dès le départ, la Banque centrale a adopté une approche prudente et réfléchie par rapport à la création de sa roupie numérique.

«En décembre 2022, toutes les économies du G7 se sont engagées dans le développement de monnaies numériques de banques centrales, tandis que 18 pays du G20 sont également dans une phase avancée de développement de CBDC, avec 7 pays ayant déjà atteint la phase pilote. Malgré cette croissance rapide de l’expérience en CBDC, les connaissances sur le sujet demeurent encore limitées», a-t-il fait ressortir. Ainsi, pour garantir le meilleur développement possible de sa propre CBDC, la Banque de Maurice a sollicité l’assistance technique du Fonds monétaire international (FMI), devenant ainsi la première banque centrale à bénéficier d’une telle assistance.

«Durant l’étape préliminaire en mi- 2020, la Banque de Maurice avait interagi avec des experts de différentes unités du FMI. Ces interactions ont offert à la Banque des opportunités pour renforcer la capacité analytique et technologique de notre équipe, et ce grâce à des ateliers de réflexion organisés par le FMI», a-t-il indiqué.

GÉRER LES RISQUES

Ces interactions ont permis à la Banque centrale de poser les bases d’un premier cadre de réflexion pour une éventuelle CBDC pour Maurice. Parallèlement, ses équipes ont mené des enquêtes approfondies sur les objectifs, les avantages et les inconvénients, les cas d’utilisation, la technologie, l’infrastructure, la préparation à la cybersécurité dans le cadre de l’entrée en opération de la roupie numérique.

Toujours par rapport à l’aspect opérationnel, la Banque de Maurice a opté pour l’adoption d’un modèle de distribution à deux niveaux pour gérer les risques pour la politique monétaire et la stabilité financière. «Ce modèle à deux niveaux garantira également que les banques commerciales continuent de participer pleinement à notre parcours CBDC et qu’il n’y a pas de désintermédiation des banques dans la distribution de la CBDC», a-t-il assuré. Dans la même foulée, il a encouragé les CEO des banques à suivre de près les développements dans ce domaine et à travailler avec leurs équipes, compte tenu de l’importance stratégique de la CBDC.

Par ailleurs, la Banque de Maurice envisage d’utiliser la roupie numérique pour les transactions transfrontalières dans une seconde phase. Cela pourrait être une solution aux frictions actuelles dans les paiements transfrontaliers et un moyen d’atteindre l’objectif du G20 pour des paiements transfrontaliers plus rapides, moins chers, plus transparents et plus sûrs.

Publication d’un document pour la consultation publique

La Banque de Maurice a été choisie pour rejoindre une initiative du Commonwealth dans le but de promouvoir la technologie et l’intelligence artificielle. Le Gouverneur Seegolam a ainsi exprimé son enthousiasme à l’idée de partager les expériences de la Banque centrale en matière de développement de la Digital Rupee et d’explorer comment les CBDC pourraient améliorer l’expérience client et l’inclusion financière tout en permettant une meilleure supervision et surveillance. De plus, il a annoncé que la Banque de Maurice s’apprête à publier un document pour consultation publique sur la roupie numérique.