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Le ver était dans le fruit

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Le ver était dans le fruit | business-magazine.mu

Le PMSD a pris tout le monde (?) par surprise en démissionnant du gouvernement lundi. À l’origine de ce départ, le projet d’amendement à la Constitution et l’empressement du gouvernement à aller de l’avant avec la mise sur pied d’une Prosecution Commission pour contrôler les pouvoirs du Directeur des poursuites publiques (DPP).

On peut deviner dans le récent move stratégique du PMSD une tentative de se débarrasser de l’étiquette «j’accepte tout et je me tais», ce parti étant perçu par beaucoup comme ayant coutume de s’accrocher aux basques des grands partis pour se hisser au pouvoir. Une étiquette qui lui colle à la peau depuis quelques années, suite à sa participation à deux gouvernements successifs dirigés tantôt par le PTr, tantôt par le MSM. Le PMSD tente ainsi de redorer son blason et espère se bâtir dans l’opposition une nouvelle image de parti sérieux et crédible, capable de cristalliser l’opinion publique, sans avoir à dépendre d’aucun autre, lui qui ambitionne d’«unir l’opposition».

Mais la partie est loin d’être gagnée. Dans l’opposition, vis-à-vis de ténors comme Bérenger, rompu à l’art des PNQs, Xavier-Luc Duval devra se démarquer et imposer son propre style, tout en restant vigilant face à ses ‘nouveaux amis’.

 

«Nous ne nous taisons pas»

Malgré la surprise affichée par certains au sein du gouvernement, le ver était déjà dans le fruit. Xavier-Luc Duval ne déclarait-il pas à son congrès du 25 septembre dernier qu’avant les élections de 2014, le PMSD n’avait jamais discuté avec le MSM de l’accession de Pravind Jugnauth au poste de Premier ministre ? Une révélation lourde de sens sur les rapports parfois conflictuels entre les partenaires de l’alliance au pouvoir, même s’il s’était empressé d’ajouter qu’il soutiendrait Pravind Jugnauth. Le leader du PMSD en a aussi profité ce jour-là pour balayer les critiques persistantes sur la posture adoptée ces dernières années par le PMSD : «Nous ne nous taisons pas» et plus loin, «nous respectons nos partenaires, mais nous ne sommes pas complaisants.»

Quoi qu’il en soit, le dernier épisode en date sur l’échiquier politique vient encore compliquer la tâche du MSM, désormais réduit à voguer sur une mer houleuse avec pour seul allié le Muvman Liberater, dont il faut dire que la plupart des ministres n’ont pas vraiment brillé ces derniers mois. Quant au MSM, aprés avoir débarrassé le pays du groupe BAI, il voulait sans doute également faire partir le «monstre», surnom donné au DPP par Roshi Badhain.

Or, si le MSM persiste dans cette voie, cela pourrait lui coûter cher, tant cet amendement constitutionnel a provoqué une levée de boucliers aussi bien parmi les membres du barreau que parmi les syndicalistes et observateurs. Avec le MSM, les amendements à la loi suprême du pays sont non seulement devenus monnaie courante mais se destinent aussi à assouvir de sombres fantasmes. Une obsession qui pourrait lui être fatale, le parti soleil traînant déjà plusieurs casseroles.

En deux ans, il a réussi l’exploit de se rendre presque aussi impopulaire que l’ancien gouvernement. La mayonnaise n’a pas pris. Au lieu d’un renouveau, nous avons encore eu droit à du copinage, des scandales impliquant divers ministres, des guerres intestines et règlements de compte au sein même du Conseil des ministres ou par voie d’affidavit, un comportement honteux de certains hauts dignitaires de l’État à Maurice et à l’étranger et un malaise généralisé suivant les difficultés de Lepep à «deliver».

La cerise sur le gâteau aura été l’annonce du Premier ministre selon laquelle il comptait se retirer de son poste. Des propos déstabilisants qui ont entraîné le pays dans une période d’incertitude. Il en avait trop dit ou pas assez. Résultat : le moral de la nation est aujourd’hui en berne. On nous a promis un miracle. On nous a promis la création de 100 000 emplois d’ici à 2019. On attend toujours. Comme disait un internaute : «Aret netwayé, dévlopé aster…»