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Monétique et paiements numériques – Accélération de la transition vers une société «cashlite»

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Monétique et paiements numériques - Accélération de la transition vers une société «cashlite» | business-magazine.mu

Depuis l’apparition de la pandémie, les Mauriciens se tournent davantage vers les solutions de paiement mobiles ou utilisent la carte. Quel est votre constat ?

Shehryar Ali : Depuis l’émergence de la pandémie, le comportement de notre clientèle locale a évolué et nous avons constaté qu’elle a adopté sans grande difficulté les modes de paiement sans contact ainsi que les plateformes en ligne. Nous avions d’ailleurs assisté à une transition majeure entre les paiements cash vers les cartes ou les paiements en ligne depuis le confinement ; une tendance qui s’est maintenue depuis. À titre d’exemple, les paiements sans contact chez Bank One ont augmenté de plus 400 % depuis mars 2020 !

Offrir à nos clients un service de qualité tout en assurant leur sécurité et leur bien-être est d’une importance capitale pour nous et c’est la raison pour laquelle nous avons triplé la limite de nos paiements sans contact : celle-ci est passée à Rs 3 000 par transaction et Rs 6 000 par jour.

Nantes Lavin : La pandémie a certainement été un catalyseur pour passer à des méthodes de paiement alternatives comme les paiements mobiles, les paiements par carte sans contact et surtout les paiements par carte pour les transactions de commerce électronique. Au début du confinement et de l’application de la distanciation sociale, certains commerçants ont vu l’opportunité et ont rapidement lancé des épiceries en ligne et des magasins d’alimentation numériques pour satisfaire la demande des consommateurs qui voulaient éviter les longues files d’attente dans les supermarchés et les épiceries.

D’après les statistiques que nous avons recueillies, 90% des acheteurs ont payé en ligne avec une combinaison de cartes de débit, de cartes de crédit et d’applications de paiement mobile. Bien que le volume global des transactions ait diminué au cours de cette période, nous avons également observé que le volume de transactions par carte en ligne entre avril et juin 2020 a dépassé celui des transactions par carte aux points de vente.

Fabrice Konan : L’écosystème des paiements évolue à un rythme sans précédent, certaines des innovations les plus intéressantes provenant de cette région. À Maurice, nous avons remarqué une croissance continue des transactions numériques au cours des 15 dernières années à la suite de plusieurs initiatives mises en œuvre par les institutions financières et les organismes de réglementation pour avancer davantage sur le parcours du cashlite.

La réalité de la pandémie de Covid-19 a présenté un nouveau changement de comportement des consommateurs. Cela a encore accéléré la tendance des Mauriciens à acheter en ligne et créé un point d’inflexion d’un point de vue comportemental pour payer sans contact. Grâce à notre technologie, nous voulons nous assurer que les consommateurs mauriciens disposent d’un éventail de choix qui répondent à leurs besoins de paiement et les adoptent car ils sont pratiques et sécurisés.

La prochaine évolution des paiements sera axée sur les partenariats et les collaborations sont essentielles pour fournir des solutions pour le nouvel environnement de paiement et de style de vie créé par la pandémie. À une époque aussi critique que celle-ci, notre objectif est de favoriser en permanence l’innovation motivée par la technologie pour répondre aux besoins quotidiens des consommateurs, tout en conduisant l’économie à la reprise grâce à des transactions sans contact accélérées.

Avec cela, Maurice continuera d’être à l’avant-garde de l’adoption des paiements numériques dans la région. Nous verrons une amplification des transactions en ligne, ce que les gens de Maurice ont fortement adopté. L’argent liquide sera davantage déplacé avec le développement accéléré du paiement sans contact via les cartes, les téléphones et autres appareils portables, ainsi que l’augmentation du paiement peer to peer via les identifiants numériques. L’acceptation du paiement numérique chez les commerçants deviendra de plus en plus omniprésente avec le déploiement d’appareils d’acceptation pratiques et à faible coût tels que les terminaux mobiles et Soft POS, ainsi que la QR interopérable.

Est-ce que nous évoluons plus rapidement vers un «cashless society» ?

Shehryar Ali : Nous assistons très certainement à une tendance mondiale, et Maurice ne fait pas exception à la règle. Les transactions numériques, les e-wallets et les autres méthodes de paiement sont désormais largement utilisés par les Mauriciens et se développent à un rythme soutenu. Les institutions bancaires et financières sensibilisent leur clientèle et l’encouragent à utiliser ces modes de paiement. Nous constatons que l’adhésion aux canaux numériques augmente de jour en jour. En même temps, les attentes des particuliers et des commerçants évoluent. Ils recherchent à la fois la sécurité, la valeur ajoutée, le confort, et au-delà de tout cela, les prestataires de services financiers veulent à leur tour apporter des changements positifs dans la société.

Je fais ici un clin d’œil à la Banque de Maurice pour avoir pris de nombreuses mesures afin de permettre aux banques, aux institutions financières non bancaires, aux FinTech, aux entreprises de télécommunication, aux commerçants et aux particuliers de bénéficier d’une infrastructure numérique bien réglementée. MauCAS en est un brillant exemple et les avantages se font déjà sentir.

Par ailleurs, le coût de gestion du cash varie généralement entre 1 % et 2 % du PIB. Il s’agit là d’un fardeau important pour l’économie mauricienne et le fait de manipuler cet argent, en particulier dans les circonstances actuelles, ne contribue pas au bien-être et à la sécurité de la population. Ce n’est qu’une question de temps avant que Maurice ne devienne une société essentiellement cashless.

Nantes Lavin : Les efforts nationaux visant à abandonner l’argent liquide sont relativement lents, mais les progrès observés au cours des quatre ou cinq dernières années restent encourageants. Les méthodes de paiement alternatives telles que les cartes de débit, les cartes de crédit et les applications de paiement mobiles sont clairement en hausse et leur adoption ne peut que s’accélérer à mesure que le marché mûrit. Le lancement du Mauritius Central Automated Switch (MauCAS) en 2019 est un témoignage probant de cette volonté et de la vision du

gouvernement.

Si l’on compare le nombre de cartes de débit et de crédit en circulation au cours des quatre dernières années, on constate une augmentation de 11 %, pour atteindre près de 1,9 million de cartes en circulation en août 2020, pour une population d’environ 1,2 million de personnes. Le nombre de transactions aux distributeurs automatiques a cependant augmenté de 28 % pour la même période et le nombre de paiements par téléphone portable a connu une augmentation de 68 %.

Bien que les statistiques montrent de bons progrès, il reste encore beaucoup à faire par nos banques locales pour sensibiliser davantage aux meilleures pratiques d’utilisation des cartes et des paiements mobiles comme moyen sûr et plus pratique de payer et de faire des transactions.

Fabrice Konan : Le rythme plus rapide de la transition vers une société sans numéraire ou cashlite est une réalité, et c’est une traduction des comportements des consommateurs, des entreprises et des gouvernements, qui ont trouvé les avantages réels de passer à l’absence de numéraire. En effet, les transactions sans numéraire sont plus rapides et beaucoup plus pratiques que les transactions en espèces. Les consommateurs n’ont plus besoin de transporter de l’argent liquide et de payer directement dans les magasins. Les consommateurs peuvent payer à tout moment depuis n’importe quelle partie du monde via les canaux en ligne, en participant et en profitant des avantages du commerce mondial. Ils sont également traçables. Les commerçants et les clients ont un accès facile aux informations de paiement. Les entreprises et les gouvernements sont de plus en plus conscients des avantages des paiements numériques pour optimiser certains de leurs processus, ce qui leur apporte une productivité globale accrue.

Alors que le monde devient de plus en plus mobile et numérique, Visa établit également de nouveaux partenariats avec les gouvernements, les clients, les opérateurs de réseaux mobiles, les développeurs de logiciels, les fabricants de matériel et autres pour étendre la portée des paiements numériques à l’échelle mondiale. Alors que nous nous tournons vers l’avenir, Visa reste ancré dans les principes de partenariat, d’innovation, de confiance et d’ouverture.

Parallèlement au développement de solutions de paiement mobiles, quels sont les investissements auxquels doivent consentir les banquiers et autres émetteurs de cartes pour mieux servir la clientèle et garantir que les transactions et données personnelles sont pleinement sécurisées ?

Shehryar Ali : Les banques et les émetteurs de cartes en général sont très bien réglementés à Maurice. Il existe des lignes directrices strictes et des solutions très fiables telles que le cryptage, l’authentification multi-facteur, les systèmes de sécurité en ligne pour n’en nommer que quelques-unes. Au-delà de cela, il existe une tendance croissante à la pollinisation croisée multilatérale entre les prestataires de services financiers et également à travers la Mauritius Bankers Association (MBA), et ce, concernant les meilleures pratiques pour assurer la sécurité à tous les niveaux.

En outre, les structures gouvernementales et la loi sur la protection des données offrent des directives claires sur ce que l’on attend des prestataires de services financiers. Chez Bank One, nous sommes fiers d’être à la pointe de la sécurité en matière de transactions et de données clients. Nous avons été parmi les premières banques à Maurice à passer aux cartes à puce et, plus récemment, au paiement sans contact. Nous offrons également à nos clients la sécurisation des paiements en ligne avec le système 3D Secure.

Nantes Lavin : Dans le cadre de l’élargissement du modèle commercial, les émetteurs de cartes doivent tenir compte du nombre de cartes utilisées depuis la pandémie, qui a entraîné une augmentation des transactions par carte. Par conséquent, les émetteurs doivent assurer une continuité efficace des activités en termes de système de gestion des cartes du point de vue de l’infrastructure technologique. Les données personnelles des clients sont bien préservées dans le cadre des normes PCI-DSS en vigueur et des normes ISO27001 respectives. De plus, en tant qu’organisations émettrices de cartes, nous devons respecter la norme RGPD (Règlement géneral sur la protection des données) nécessaire, promulguée dans le cadre de la protection des

données. Pour soutenir le modèle commercial, un autre élément à valeur ajoutée est l’investissement dans de puissantes plateformes d’analyse qui doivent permettre aux organisations de prendre de meilleures décisions commerciales, plus rapidement, sur la base de données de transactions en temps réel, anonymisées et agrégées, et d’analyses exclusives. Les organisations devraient être capables d’analyser de grandes quantités de données, ce qui permettra aux dirigeants d’entreprises de prendre des décisions fondées sur les données et de mettre en œuvre des initiatives commerciales à l’échelle.

Du point de vue de la gestion des risques, notre organisation procède régulièrement à des évaluations de risques et, en outre, nous nous efforçons de créer un écosystème à 360 degrés pour surveiller et contenir les activités frauduleuses et malveillantes. Grâce à l’investissement dans les dernières technologies telles que les systèmes de surveillance de fraudes qui utilisent l’apprentissage automatique (AI), la puce EMV pour les transactions par carte présente, la technologie des cartes sans contact et la technologie 3D Secure V2.0.

Fabrice Konan : Le besoin est critique pour accroître et maintenir la confiance des consommateurs, des entreprises et des commerçants dans les solutions de paiement numérique. Pour cela, il est primordial d’investir continuellement dans l’offre d’options de paiement plus sûres, plus rapides et plus pratiques que les espèces. En partenariat avec le secteur au sens large, y compris les institutions financières, les innovateurs, les FinTech et autres, Visa adapte, améliore et fait évoluer en permanence ses solutions de paiement adaptées aux besoins de la société et face aux nouveaux risques. Le cas échéant, nous apportons des changements à la technologie et à l’infrastructure pour atténuer les risques. 

La collaboration dans l’écosystème de paiement est indispensable pour renforcer la disponibilité de bonnes technologies de paiement auprès des consommateurs et des commerçants, des PME et des entreprises, ainsi que des gouvernements pour atteindre leurs objectifs. Visa est fermement résolue à orchestrer cette collaboration.

À ce jour, seulement 25 % des Africains ont un compte bancaire. Y a-t-il là une opportunité pour les opérateurs mauriciens possédant des expertises dans la monétique et les solutions de paiement mobiles ?

Shehryar Ali : Très certainement. Maurice bénéficie dans la plupart des cas d’une expertise avancée en matière de solutions bancaires électroniques et de paiements mobiles. Cela représente une opportunité considérable pour les opérateurs mauriciens car ils ont la capacité d’aider leurs homologues régionaux à développer l’infrastructure globale nécessaire dans les pays où le besoin se fait sentir. Il va sans dire qu’en termes de solutions de paiement mobiles, nous avons des modèles africains très avancés comme le M-Pesa ou Tigo dont nous pouvons également profiter à Maurice. La collaboration multi-industries et les pollinisations croisées sont essentielles pour notre développement régional et, à coup sûr, nous sommes tous plus riches ensemble si nous partageons notre expertise et fournissons des solutions qui enrichissent la vie de nos clients.

 

Fabrice Konan : Oui, il existe d’énormes opportunités pour les acteurs mauriciens disposant de l’expertise et des ambitions appropriées pour aider à répondre aux besoins importants en Afrique subsaharienne liés à l’inclusion financière et à l’utilisation des paiements numériques.

D’emblée, l’Afrique subsaharienne a la croissance démographique la plus rapide parmi les principales régions, soit le double de la moyenne mondiale. Et la moitié de l’Afrique subsaharienne a moins de 18 ans. Elle compte 46 pays et 6 d’entre eux figurent parmi les 10 économies à la croissance la plus rapide au monde. Et encore, le marché est encore inexploité et regorge d’opportunités de transfert d’argent partout.

Les cartes n’ont pénétré que 3 % des dépenses de consommation personnelle et deux tiers de la population n’a pas de compte bancaire. Pourtant, l’Afrique abrite près de la moitié de tous les utilisateurs d’argent mobile. En outre, l’Afrique subsaharienne met en avant le mobile. Les gens utilisent quotidiennement leurs téléphones portables pour effectuer et recevoir des paiements.

L’Afrique est au cœur de la stratégie de croissance à long terme de Visa, en particulier si l’on considère que les espèces restent l’option de paiement principale pour des millions de personnes sur le continent. Il existe une formidable opportunité, en particulier dans les communautés rurales, d’offrir des services financiers sûrs, fiables et pratiques.


ShehryarFabrice
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