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Grande distribution – Le consommateur boude les produits non essentiels

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Grande distribution - Le consommateur boude les produits non essentiels | business-magazine.mu

Malgré les contraintes liées à la pandémie de Covid-19, les exploitants de grandes surfaces de l’alimentaire et les enseignes de la grande distribution assurent un service essentiel pour répondre aux besoins de la population en biens de grande consommation. Prouvant leur statut d’anchor tenants dans les centres commerciaux et malls du pays, les grandes surfaces d’alimentation semblent avoir connu une activité inégalée pendant le confinement sanitaire. Peut-on pour autant dire qu’elles figurent parmi les acteurs économiques les moins impactés par les séquelles socio-économiques de la pandémie de la Covid-19 ?

«Étant un prestataire de service essentiel, nous avons effectivement pu opérer pendant la période de confinement malgré les risques que cette situation comportait. Nous ne cautionnons cependant pas la perception à l’effet que nous avons enregistré une activité inégalée car nous avons fait face à plusieurs facteurs qui nous ont grandement impacté. Selon le protocole sanitaire imposé par le gouvernement, le nombre de clients autorisés à venir s’approvisionner en magasin avait été restreint. En raison des problèmes d’approvisionnement auprès des distributeurs, il y avait un rationnement dans la fourniture de beaucoup de produits. Sans compter que le délai permis en magasin obligeait le client à se focaliser sur les produits essentiels», évoque Aldo Létimier, COO de Pick & Buy, qui opère les 24 enseignes Winner’s.

Dans l’alignement des procédures sanitaires déployées dans la lutte contre la Covid-19, des coûts additionnels ont dû être engagés, notamment avec la mise à disposition de plus de véhicules pour véhiculer les employés, la révision des heures d’ouverture à respecter. De plus, détaille notre interlocuteur, l’incendie au Winner’s de St Paul a tenu le magasin fermé pendant un mois, tandis que le cas de contamination au Winner’s de Pereybère a valu à la succursale 10 jours de fermeture.

Pascal Tsin, CEO d’Udis, opérateur des enseignes Super U et exploitant des malls - Flacq Cœur de Ville et Grand Bay Cœur de Ville, partage l’avis qu’à des degrés variables tous les opérateurs économiques ont été touchés par la crise sanitaire. «Avec la pandémie, je crois que tout le monde a été impacté à divers degrés. La grande distribution fait partie des services essentiels ; les gens ont besoin de manger. Par conséquent, nous avons peut-être moins ressenti l’impact du confinement que d’autres, mais cela dépend des régions. Par exemple, notre magasin de Grand-Baie a été plus touché, puisque la clientèle y est plus touristique», soutient-il.

La grande distribution pas épargnée

Comme tout un chacun a dû s’accommoder à une nouvelle normalité dans les processus et les comportements, Simon Harel, Asset Manager chez Ascencia, abonde dans le sens que la grande distribution n’a pas été épargnée pendant le confinement sanitaire. «Nous avons tous dû nous accommoder à une situation qui demandait une réorganisation des habitudes d’achat pour les particuliers et un réaménagement au niveau des services essentiels pour approvisionner la population pendant cette période», dit-il.

La confiance des consommateurs devait être le moteur déterminant dans la vitesse de la reprise de la relance économique. Trois mois après le déconfinement, les opérateurs d’enseignes de la grande distribution et exploitants de centres commerciaux notent que les incertitudes liées à la crise sanitaire continuent à plomber l’activité. «Nous avons noté un changement de comportement chez le consommateur, qui se traduit notamment par une baisse de la fréquence de visites en magasin. Dans la nouvelle normalité, les Mauriciens se montrent plus vigilants par rapport à leurs dépenses car leur pouvoir d’achat semble avoir été impacté. Cela occasionne inéluctablement une baisse dans la consommation en général», indique Aldo Létimier, COO de Pick & Buy.

Dans la nouvelle normalité qui se déploie depuis trois mois, relate Pascal Tsin, CEO d’Udis, la fréquentation en semaine a diminué sur les sites qu’exploite le groupe. Elle s’est densifiée durant les week-ends. «C’est peut-être dû au froid de l’hiver ou au fait que la population dépense moins, je ne sais pas. Le fait est que les gens ne sortent plus beaucoup en semaine», souligne-t-il.

Cette mutation dans le comportement d’achat fait une victime : l’achat plaisir. Comme l’atteste Pascal Tsin. «Comme l’avenir est assez incertain en ce moment, les consommateurs évitent les achats superflus et se concentrent sur les produits essentiels», dit-il.

Relégué au second plan, l’achat plaisir, qui se réfère notamment aux produits non essentiels pour le panier ménager, accuse une baisse d’environ 30 %, confirme autant Aldo Létimier. «Nous confirmons une diminution dans la consommation des produits non essentiels tels que les articles de la catégorie ‘Parfumerie et Hygiène’, où nous notons, par exemple, une baisse de 30 % sur la vente des produits de beauté», indique-t-il.


L’achat en ligne gagne du terrain


Par ailleurs, faire ses courses en ligne, comme pour bien d’autres catégories d’articles, s’est révélé comme un mode de consommation normalisé depuis le confinement sanitaire. Cette révolution dans l’offre de shopping et de consommation est-elle une menace pour les acteurs de la grande distribution comme ceux des centres commerciaux ? «Le consommateur ne se satisfait pas d’un seul modèle aujourd’hui ; il a le choix de fréquenter d’autres circuits de distribution que la grande distribution. Cependant, ce qui est sûr, c’est que l’achat en ligne ne va pas du jour au lendemain balayer les supermarchés. À mon avis, ces modèles de distribution vont être complémentaires. Le numérique va permettre d’enrichir l’expérience de consommation. C’est un gain de temps, une facilité, et cela permet aux Mauriciens de consulter rapidement de leur ordinateur les offres et les prix. Mais le rayon physique d’un supermarché fera toujours la différence par rapport aux algorithmes. Quand vous allez dans un magasin, vous pouvez voir, sentir, toucher le produit, et choisir celui qui vous convient le mieux», rappelle Pascal Tsin.

Au-delà du fait que les magasins virtuels de consommation ne remplaceront pas les magasins physiques, argue Simon Harel, Asset Manager chez Ascencia, ces plateformes s’intégreront dans une stratégie de ventes omnicanale des commerces. «Chaque acteur économique doit continuellement s’adapter et nous nous y sommes préparés chez Ascencia. L’achat en ligne est un mode de consommation qui a démarré bien avant la pandémie. Les centres commerciaux arrivent à coexister avec ce mode virtuel et nous faisons ce constat dans les pays où l’achat en ligne est davantage présent qu’à Maurice. La vente de produits se fait selon une stratégie omnicanale et non pas par le remplacement pur et simple d’un canal de vente par un autre. Les centres commerciaux ne disparaîtront certainement pas, même si leurs offres et leurs fonctions seront appelées à évoluer», soutient-il.

Pendant le confinement, souligne Aldo Létimier, beaucoup de sociétés ainsi que des particuliers se sont lancés dans la vente en ligne pour répondre aux besoins de consommation. 

«Nous avons été grandement critiqués suite à la fermeture du site e-commerce pendant une bonne période au cœur du confinement. Il était très difficile pour nous de soutenir le service car nous ne pouvions assurer la disponibilité des produits en raison du panic buying et notre priorité était de desservir la population dans son ensemble, et non une minorité», fait-il ressortir.

La demande grandissante pendant le lockdown national a fait le bonheur de beaucoup d’opportunistes, fait ressortir le COO de Pick & Buy, qui se sont réinventés en tant que commerçants en ligne «mais qui malheureusement n’étaient pas structurés et équipés pour répondre à la demande du marché à ce moment précis». Depuis le déconfinement cependant, poursuit notre interlocuteur, le Mauricien est tout naturellement retourné à ses habitudes.

À ceci près que dans la nouvelle normalité, les achats plaisir et l’acquisition de produits non essentiels ont pris du plomb dans l’aile.


Réduction de revenus pour un foyer sur trois

65 % de foyers mauriciens reconnaissent avoir subi un choc dû aux conséquences de la pandémie de la Covid-19 et des mesures de confinement rendues nécessaires. Les chocs principaux étant la réduction de salaire ou de revenus, suivie de la hausse des prix, relève la première édition du Rapid Continuous Multi-Purpose Household Survey, étude commanditée par Statistics Mauritius et la Banque mondiale.

Plus d’un foyer sur trois a, en effet, déclaré une réduction de revenus par rapport aux 12 mois précédant, et de ce nombre, un ménage sur deux a indiqué que cette réduction dépassait les 50 %. Les ménages ayant accusé lesdits chocs ont réduit leurs consommation alimentaire (27 %), ont puisé de leurs économies (26 %), réduit leur consommation non alimentaire (11 %), et ont reçu l’aide d’amis et de proches (7 %) pour tenir. Environ un ménage sur cinq n’a adopté aucune stratégie pour mitiger les effets néfastes des chocs induits par les retombées de la crise sanitaire.

Ces informations ont été recueillies entre mai et juillet 2020 auprès de 924 foyers (à Maurice et à Rodrigues) dans le sillage du Rapid Continuous Multi-Purpose Household Survey. Dans le sillage de l’éclatement de la pandémie de la Covid-19, une série d’enquêtes auprès des ménages a été initiée par Statistics Mauritius en collaboration avec la Banque mondiale. Réalisée par voie téléphonique, la série de trois sondages s’attelle à analyser les retombées de la crise sanitaire sur les ménages.


Le fonctionnement des centres commerciaux et malls revu

Positionnés comme des lieux de vie, de loisirs et d’activités récréatives, les centres commerciaux et malls ont dû revoir leur fonctionnement avec les procédures sanitaires préconisées depuis l’éclatement de la pandémie. Comme l’évoque si bien l’Asset Manager d’Ascencia, il est primordial de suivre le rythme d’un monde en constante évolution, surtout dans le sillage de d’une pandémie de l’ampleur de la Covid-19.

«Pendant le confinement, nos équipes ont conçu le plan #SafeShopping avec pour but de garantir à nos employés, nos locataires et nos visiteurs un environnement de shopping et de travail sain et sécurisé. Ce plan, qui a été mis en œuvre dès la réouverture des malls, comprend la désinfection quotidienne du centre et des magasins dans leur intégralité ; le contrôle systématique des visiteurs, fournisseurs et employés ; la prise de température et le port du masque obligatoire à l’entrée du centre ;

des mesures barrières dont la distanciation sociale, le lavage des mains et autres recommandations de l’OMS. Nous avons également veillé à ce que chaque locataire mette en place son propre protocole sanitaire dans le but de compléter les mesures d’Ascencia», détaille Simon Harel, Asset Manager d’Ascencia. Ce protocole a permis de rassurer, d’après notre interlocuteur, ceux qui fréquentent les centres commerciaux, leur permettant de faire ainsi leurs achats en toute quiétude.

Chez Udis, indique son CEO, Pascal Tsin, l’organisation d’activités s’est intensifiée pendant le week-end dans l’optique d’attirer la clientèle. «Comme je l’ai dit, c’est assez tranquille en semaine actuellement. Nous essayons de mettre l’accent sur les week-ends en organisant des activités pour booster la fréquentation. Il nous faut créer des passages pour que les locataires aussi puissent en bénéficier, et convertir cela éventuellement en actes d’achat. Dans cette approche, l’entreprise tient des événements, jeux-concours avec cadeaux à la clé, des live-shows, des dégustations, dans ses centres commerciaux de Grand-Baie et de Flacq. Pour soulager les locataires de ses complexes commerciaux, précise Pascal Tsin, des facilités de paiement ont été accordées ou même dû «renoncer à certains loyers juste pour pouvoir permettre aux locataires de continuer à faire tourner leur business. Nous avons remarqué que les plus touchés sont ceux qui opèrent dans le secteur touristique», fait-il ressortir.

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