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Services financiers : Défis et opportunités après la reprise

Le secteur des services financiers ne peut ni être analysé en vase clos ni être perçu comme existant de lui-même dans son propre système à lui. Il faudrait peut-être remonter dans le temps plus de trois décennies de cela, quand le Global Business, le Port franc et la Bourse de Maurice avaient vu le jour. Le contexte était propice pour la création de ces trois instances car l’île Maurice, après être sortie de l’Indépendance, aura connu une courte traversée du désert avant de s’embarquer dans une aventure de diversiĆcation de son économie – création de la zone franche, développement du secteur hôtelier et optimisation du secteur agricole.

À ce moment précis, il fallait trouver autre chose qui allait galvaniser notre économie vu que les secteurs existants s’affaiblissaient, n’ayant pas de secteur(s) relais qui pourraient amener du sang nouveau et qui aiderait à propulser la machine économique vers de plus hauts sommets. Il est un fait indéniable qu’une économie comme la nôtre ne peut se fier sur quelques piliers qui ne sauraient durer éternellement. Il y va de la pérennité de notre système économique de rechercher les alternatives afin de pouvoir huiler la machine économique. Le secteur des services financiers qui comprend le Global Business, le secteur bancaire, les assurances et le marché des capitaux, y compris la Bourse de Maurice, a été ce déclic qui a fait que l’ouverture de notre économie, comme dirait l’Anglais, «has brought the world to us».

Le secteur financier comprend plusieurs fonctions, allant de la facilitation de l’épargne et l’investissement, la protection contre les risques à la promotion de l’emploi et la création de nouvelles entreprises. Le secteur des services Ćnanciers représente 13 % du PIB de Maurice et constitue de la sorte un pilier important de notre économie. En fait, il y va de notre survie économique tant que ce secteur sera à la hauteur de nos espérances. Le secteur est un relativement grand pourvoyeur d’emplois à notre économie, surtout que celle-ci s’est vouée à se présenter comme une économie basée sur le savoir, d’où la pertinence de notre mouvance vers une économie de services.

La pandémie de Covid-19 a eu les effets néfastes qu’on connaît sur notre pays en matière de la retombée sur nos recettes en devises étrangères avec la fermeture de nos hôtels pour une période assez longue et la reprise après-Covid s’est fait de manière positive. Les hôtels ont affiché presque complet en fin de l’année 2022 et cette tendance est prévue de se maintenir dorénavant. Les précédentes inscriptions de Maurice sur la liste grise du GAFI et la liste noire de l’Union européenne ne nous ont également pas porté chance ; tout au contraire, les effets négatifs se sont fait sentir bien après.

La zone de prédilection pour notre île et nos espérances en matière de vie économique reposent de prime abord sur le continent africain. Il y a plusieurs raisons à cela : l’Afrique en tant que tel possède un avenir brillant et durable car elle dispose d’un potentiel attrayant, inspirant qui peut changer la face du monde. Le secteur des services financiers devrait se focaliser de plus en plus sur ce continent qui nous est si proche, que ce soit géographiquement ou culturellement. Sa population étant jeune, dynamique et de plus en plus instruite, l’Afrique, portée par les changements politiques et économiques opérés dans le monde entier ainsi qu’à travers sa vaste étendue, offre de réelles possibilités de développement à toute échelle, et dans divers secteurs d’activité.

Les citoyens africains qui retournent au bercail après avoir soit étudié soit travaillé dans des pays développés sont aptes à stimuler le progrès et la prospérité dans leurs pays respectifs. Il en résulte une plus grande confiance, plus d’ouverture et davantage de démocratie, des gouvernements mieux gérés et des économies renforcées. La preuve en est que l’Afrique a été le continent le plus résiliant à la pandémie vu le faible degré de contagion, que ce soit au niveau médical ou au niveau de l’économie propre. Le secteur des services financiers devrait s’atteler à la tâche de se positionner davantage, beaucoup plus qu’il ne l’a fait dans le passé et jusqu’ici visà-vis du continent.

En somme, notre île ellemême devrait se présenter, comme on l’a si souvent entendu mais qui n’a jamais pu se concrétiser dans le sens voulu, comme la plateforme idéale à permettre le flux financier aussi bien que l’apport en projets susceptibles de faire gravir le continent à un niveau supérieur de son développement. Il y a tant à faire au niveau de l’Afrique, que ce soit par rapport à l’éducation, la santé, l’immobilier, bref tout ce qu’on pourrait imaginer en termes de secteurs d’activité. Et là, notre secteur de services financiers est bien placé pour le savoir, car avec l’expérience acquise après les trois décennies, il est à point de pouvoir agir comme facilitateur et levier par rapport à toutes ces opportunités qu’offre l’Afrique.

Hormis les décennies de guerre et de pauvreté qui ont ravagé l’Afrique, celle-ci est en passe de devenir le théâtre de nouvelles stratégies en matière de pouvoirs économique et politique. Surtout dans un contexte de monde multipolaire avec l’Amérique et les Européens d’un côté, et la Chine, la Russie et leurs “alliés’’ de l’autre. Aussi, l’ascension des économies de marché émergentes, allant du Brésil à la Turquie, s’efforcent d’établir des liens d’investissement en Afrique.

Notre secteur des services financiers, avec les atouts dont il dispose en matière de ressources humaines qualifiées et bilingues, avec sa capacité à concocter des solutions pour des structures adéquates en vue de planification d’investissements ou de projets en Afrique ou ailleurs, est bien placé pour accompagner les investisseurs, les entreprises et les projets en terre africaine.

Toutefois, les défis qui se profilent à l’horizon sont énormes et il s’agit de bien se retrousser les manches et ensuite s’enrober d’initiatives entrepreneuriales qui avaient fait mouche à l’époque. Dans un contexte où l’évolution des communications et technologies nouvelles font loi, et aussi avec les changements économiques, politiques et sociaux opérant à l’échelle mondiale, la prudence est de mise. Il nous faut nous armer de bonnes intentions envahissantes sans pour autant négliger les opportunités qui s’offriront à nous. Avec la montée des prix des matières premières, les vicissitudes des marchés financiers, les caprices des décideurs politiques, les incertitudes liées à la guerre en Ukraine pouvant à tout moment basculer dans l’irréversible, notre secteur des services financiers aura intérêt à s’appuyer sur ses confrères qui sont d’autres secteurs de notre économie, quitte à tisser des liens pour que la plateforme mauricienne soit vue et reconnue comme celle offrant une panoplie de produits, services et solutions à toute la classe économique ayant fixé leurs objectifs de développement et de croissance vers l’Afrique.

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