L’éclatement de la pandémie a mis en exergue l’importance d’avoir un système de santé publique digne de ce nom conscient des en jeux. Le gouvernement se lance dans un nouveau pari: La création d’une unité de production de vaccins.
DE nouveaux horizons s’annoncent pour le secteur de la santé. Avec Rs 2,3 milliards additionnelles pour la construction des infrastructures, financer l’acquisition de nouveaux équipements médicaux de haute technologie et un capital de départ d’un milliard de roupies attribué au Mauritius Institute of Biotechnology pour l’implantation d’une usine de production locale de vaccins contre la Covid-19 et d’autres encore, ce pilier important de l’économie franchit un nouveau palier vers la résilience mais aussi la modernité. Or, les avis sont mitigés selon les approches et les ressources disponibles pour mener celui-ci à ses fins.
Cette dernière souligne qu’il sera néanmoins important d’avoir, à travers le ministère de la Santé, une autorité compétente et forte qui puisse répondre aux attentes du secteur et aux questions des investisseurs potentiels. «Étant donné que nous évoluons dans des métiers extrêmement réglementés, il est important que les instances mauriciennes s’alignent sur les réglementations internationales et régulent, par des audits et des contrôles, aussi bien les nouveaux entrants que les acteurs historiques», suggère-t-elle.
RETOUR ATTENDU DE LA DIAPORA DANS LES MÉTIERS SPÉCIALISÉS
Cependant, si l’on évoque la question au niveau des ressources disponibles localement, Claire Blazy-Jauzac et Hélène Echevin s’accordent à relever un vrai manquement à Maurice. «Il y a un manque de ressources à Maurice pour le moment. Notamment l’accès aux infirmiers/infirmières, aux spécialités pointues dans le domaine de la recherche ou de la haute technologie. Mais si les conditions sont créées, nous pouvons monter en compétence», aiguille Hélène Echevin. Or, Claire Blazy-Jauzac estime qu’un grand nombre de Mauriciens qualifiés travaillent aujourd’hui dans le secteur de la recherche à l’étranger. La plupart d’entre eux choisissent de poursuivre leur carrière à l’étranger en raison du manque d’opportunités à Maurice. Maintenant que le secteur de la recherche prend de l’ampleur, certaines entreprises internationalement reconnues, à l’instar de CIDP, de Natec et d’Aspen, reçoivent des candidatures de nombreux postulants qui souhaitent retourner servir leur pays. «Les mesures incitatives introduites par le gouvernement à l’égard des membres de la diaspora mauricienne contribuent également à ce mouvement. Le CIDP compte aujourd’hui plusieurs professionnels issus de la diaspora qui occupent des postes clés», fait valoir la CEO.
Mais encore, le CIDP investit massivement dans la formation et l’accompagnement des membres du personnel pour les aider à exceller dans le domaine de la recherche. Cependant, aujourd’hui, même si Maurice forme des médecins, il faut, insiste-t-elle, aller plus loin et proposer aux étudiants un choix élargi de formations dans le domaine de la recherche et de la santé, comme celles d’Attaché de Recherche Clinique, des Masters en pharmacovigilance, en pharmacologie, ou encore en production et contrôles pharmaceutiques. Le Dr. Ramanand Jeeneea souligne, pour sa part, que la résilience dans le secteur de la santé se construit en se concentrant sur la résilience du personnel de santé. Il ajoute que les systèmes de santé modernes reconnaissent de plus en plus que le fait de prendre soin de leur personnel permet de renforcer sa résilience en temps de crise et, par extension, aux systèmes de santé de mieux s’adapter aux changements. Dans le domaine scientifique, le frottement et la collaboration entre scientifiques sont clés pour créer une émulation positive, observe Hélène Echevin.
Des changements souhaités
Toutefois, à croire Claire Blazy-Jauzac, ces dernières années, des changements positifs ont été apportés au cadre juridique pour attirer davantage de sociétés de recherche à Maurice. Cela a commencé avec la promulgation de la loi sur les essais cliniques en 2011, qui a fourni un cadre juridique. «Avec la création du Clinical Research Regulatory Council (CRRC), les CRO (Contract Research Organizations), comme CIDP, disposent d’une autorité qui évalue les projets de recherche et délivre les permis nécessaires avant tout démarrage d’essais pharmaceutiques», détaille-telle.
Cela dit, elle trouve que bien que cette autorité fonctionne depuis dix ans, des changements pourraient être mis en œuvre pour améliorer la qualité et le niveau du service. «Le système de soumission des dossiers n’est pour l’instant pas digitalisé, ce qui peut rendre le processus complexe. D’autres pays comme Singapour ont bien compris l’enjeu d’attirer la recherche sur leur sol en proposant à l’industrie pharmaceutique un écosystème favorable (instances réglementaires, crédit d’impôt pour les entreprises faisant de la Recherche et Développement, infrastructures hospitalières publiques et privées, entre autres). Et en ce qui concerne la production de médicaments à Maurice, il faudra former les professionnels aux bonnes pratiques de fabrication (BPF) et s’assurer que les infrastructures répondent aux standards internationaux», suggère-t-elle.
En outre, en sus des mesures fiscales annoncées qui encouragent les investissements, il est primordial que Maurice attire les compétences et les talents sur son sol afin de se positionner comme un centre d’excellence dans le domaine de la recherche et de la santé. «Il faut créer un écosystème favorable à l’émergence de cette nouvelle industrie, quid à renforcer les partenariats public-privé», conclut Claire Blazy-Jauzac.