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Édito

Arbitrer la course des indices

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Arbitrer la course des indices | business-magazine.mu

La rentabilité du Metro Express, celle du complexe multisport de Côte d’Or, le poids du financement initial ainsi que des contrats d’entretien de Safe City, les nouvelles pensions qui augmentent de

Rs 3 200 (environ Rs 10 milliards de plus au budget annuel) alors que seulement Rs 500 était jugées supportables au dernier budget, le salaire minimum qui grimpe, la balance commerciale déficitaire à plus de Rs 120 milliards l’an, celle des comptes courants qui se détériore rapidement, l’endettement national qui s’envole, les exportations qui n’affichent pas la bonne santé, notre dépendance des flux de l’offshore pour notre balance des paiements positive et nos réserves de devises dites «nationales», mais qui s’érode…

Dès le premier budget de Lepep en 2015, le défi était bien cerné : les ambitions de dépenses et d’investissements dépendaient crucialement d’une croissance forte : 5,3 % et 5,7 % étaient espérés à partir de 2016 et 2017 respectivement. Cette forte croissance était nécessaire pour dynamiser les revenus gouvernementaux, en ligne avec ses ambitions de dépense. Globalement, on a dépensé à l’hypothèse de ce taux de croissance, qui ne s’est jamais malheureusement concrétisé !

La conséquence ? Des budgets socialement bien accueillis mais requérant de l’endettement grandissant pour son financement. Le tableau I est clair à cet effet. On peut aussi rappeler que le dernier budget de Pravind Jugnauth comptait, pour ramener l’endettement national à 64,1 % du PNB, sur Rs 18 milliards provenant des Special Reserve Funds de la Banque centrale, ce qui paraît être un peu compromis pour l’heure, ainsi que sur la vente d’actifs de l’État de Rs 11 milliards jusqu’en 2021. Or, jusqu’ici, on ne sait toujours pas lesquels, et s’il existe bien un acheteur pour ce que l’État souhaite vendre.

Autre constat à la lecture du tableau I : si les trois indices cruciaux que sont l’endettement public, le déficit commercial et le déficit de la balance des comptes courants se détériorent tous depuis cinq ans comme un pourcentage du Produit National Brut, c’est que ces trois déficits se creusent plus rapidement que la croissance du PNB, ce qui est insoutenable à terme. La responsabilité première du ministre des Finances est sans doute d’arbitrer dans la course de ces indices et de rétablir les grands équilibres rapidement. Produire plus ? Dépenser et consommer moins ? Un peu des deux ? Il nous surprendra peut-être dans le discours-programme qui arrive, ou dans le discours du budget de juin prochain (et il aura sans doute besoin de faire voter des Extra Supplementary Expenditures avant cette date), mais je plains le nouveau ministre des Finances d’autant plus qu’il faut aussi (et surtout !) se focaliser sur et raviver l’économie productive !

Mais mieux que de le plaindre, j’espère bien, comme citoyen responsable, pouvoir l’applaudir plutôt que de le critiquer ! 

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