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Au-delà du jeu d’écriture

u003cpu003eOpposants, économistes et analystes financiers montent au créneau depuis que le Premier ministre a annoncé lu0026rsquo;obtention du0026rsquo;un prêt de Rs 18 milliards de lu0026rsquo;Inde. Tous y vont de leurs rhétoriques pour mettre en garde contre lu0026rsquo;impact de la démarche de Pravind Jugnauth sur les finances publiques. Et ils nu0026rsquo;ont pas tout à fait tort !u003c/pu003eu003cpu003eCet emprunt nous permet effectivement de nous pencher sur le véritable enjeu du Budget. Voyons du0026rsquo;abord les chiffres disponibles à ce jour. Ils nous apprennent, par exemple, que le déficit budgétaire consolidé donc incluant les fonds spéciaux u0026ndash; il est important à ce stade de bien faire la distinction entre le u003cemu003eConsolidated budget deficitu003c/emu003e (une méthodologie du FMI) et celui faisant abstraction des u003cemu003eSpecial fundsu003c/emu003e qui nous donne une prévision de 3,3 % dans le dernier Budget u0026ndash; descendra sous la barre de 4 % pour su0026rsquo;établir à environ 3,7 %. Cela alors quu0026rsquo;il aurait dû tourner autour de 4,3 % pour lu0026rsquo;année fiscale 2016-17. Par quelle magie ? Nous sommes évidemment tentés de nous poser la question. Du0026rsquo;autant plus que les dépenses courantes continuent de se maintenir à plus de 23 % du produit intérieur brut.u003c/pu003eu003cpu003eLa réponse la plus évidente en attendant le discours du ministre des Finances, le 8 juin prochain, cu0026rsquo;est que le gouvernement ne parvient toujours pas à respecter ses engagements sur les dépenses du0026rsquo;investissement. De 1,6 % du PIB en 2015-16, il était prévu que ce chiffre grimperait à 3,3 % durant la présente année financière, mais tout porte à croire que les pouvoirs publics rateront une nouvelle fois le coche sur cet indicateur. La tendance actuelle pointe vers des dépenses du0026rsquo;investissement de lu0026rsquo;ordre de seulement 2,1 % du PIB. En hausse certes comparé à 2015-16, mais toujours insuffisantes. Du0026rsquo;où les grincements de dents à lu0026rsquo;égard du Central Procurement Board. Cet organisme est pointé du doigt pour le retard accumulé dans la mise en chantier de plusieurs projets du0026rsquo;infrastructures.u003c/pu003eu003cpu003eLu0026rsquo;incapacité chronique à agir efficacement pour réduire les dépenses courantes et accroître les dépenses du0026rsquo;investissement représente un défi de taille. Jusquu0026rsquo;ici, les gouvernements successifs se refusent à affronter cette triste réalité. Ils préfèrent recourir à des u003cemu003ecolourable devicesu003c/emu003e. Du coup, on nous fait prendre des vessies pour des lanternes. Le Premier ministre nu0026rsquo;a-t-il pas expliqué que la dette publique ne gonflera pas malgré le poids de lu0026rsquo;emprunt indien? En effet, selon la définition locale, la dette publique était calculée à 55,6 % du PIB à fin mars de cette année. Toutefois, la définition la plus répandue à lu0026rsquo;international la place à 65,6 % du PIB à la même période.u003c/pu003eu003cpu003eIl serait intéressant de voir comment on arrive à se conformer à lu0026rsquo;objectif de la u003cemu003ePublic Debt Management Actu003c/emu003e qui est de ramener le niveau de la dette à 50 % du PIB en 2018. Déjà, en 2013, le gouvernement du0026rsquo;alors avait crevé ce plafond. Cu0026rsquo;est probablement pour éviter un nouveau dérapage que le National Property Fund a opté pour des certificats de repaiement au lieu du0026rsquo;émettre des obligations à lu0026rsquo;intention des clients de lu0026rsquo;ex-BAI. La création de SBM Mauritius Infrastructure Development Company pour être le récipiendaire du prêt de Rs 18 milliards su0026rsquo;insère dans le même esprit. Il nous rappelle du0026rsquo;ailleurs la mise sur pied du National Infrastructure Development Fund pour répondre à un besoin similaire avec les u003cemu003eFloating Rate Notesu003c/emu003e. Toutefois, sans ce subterfuge, le niveau de la dette avoisinerait 70 % du PIB.u003c/pu003eu003cpu003eAu-delà des gimmicks financiers et de ce que diront Moodyu0026rsquo;s et le Fonds monétaire international, il y a un besoin urgent : des réformes. Des réformes pour se donner les moyens de ses ambitions sur les dépenses du0026rsquo;investissement. Des réformes pour booster notre capacité à mettre en œuvre des chantiers. Des réformes pour faciliter la mise en place du concept u003cemu003eBuild-Operate-Transferu003c/emu003e. Ce qui nous évitera du0026rsquo;aller frapper à la porte des bailleurs de fonds étrangers. Des réformes pour attirer des investissements productifs. Et finalement, des réformes pour replacer lu0026rsquo;économie sur une courbe de croissance solide et durable.u003c/pu003e

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