Baptême du feu

Les analystes et opérateurs économiques qui s’attendaient à y voir plus clair sur la situation macroéconomique et les perspectives pour l’avenir devront prendre leur mal en patience. La politique, qui est le sport roi à Maurice, est venue une nouvelle fois reléguer, au second plan, l’économie.

Personne ne semble faire grand cas des débats budgétaires qui se déroulent actuellement à l’Assemblée nationale. Même le leader de l’Opposition, Paul Bérenger, a signifié son intention de ne pas y participer.

C’est dire l’importance qui est accordée aux élections régionales alors que d’habitude, les échanges entre le gouvernement et l’Opposition dans le sillage de la présentation du Budget sont de véritables batailles rangées sur la gestion de l’économie.

Quels sont donc les enjeux de ces élections municipales ? D’abord, pour le Remake 2000, ces consultations populaires vont se révéler être non seulement un test réel de popularité, mais aussi un baptême du feu.

Longtemps réclamé, le scrutin du 9 décembre donnera l’occasion à l’alliance MSM-MMM de démontrer sa capacité à retravailler ensemble après les « récentes blessures » et la période de cooling off.

Cela dit, la reconquête des villes par l’Opposition et, en particulier, par le MMM ne s’annonce pas de tout repos dans une joute électorale qui sera sans nul doute âprement disputée. Selon certains observateurs politiques, les vieilles dissensions entre les deux anciens adversaires politiques et désormais partenaires ne sont pas insurmontables d’autant plus qu’en politique, ce sont les intérêts qui priment sur toute autre considération.

Toutefois, certains faits pourraient donner à penser que la confiance n’a pas été totalement retrouvée au sein du Remake 2000, comme cela s’est vérifié dans l’exercice de répartition des tickets entre les partenaires.Si dans le passé, le MMM a été très généreux envers son partenaire, cette fois-ci, les mauves ont préféré jouer la carte de la prudence.

 « En s’octroyant la majorité des tickets, le MMM espère se protéger contre toute situation inconfortable si jamais les données venaient à changer sur la scène politique. » 

tickets entre les partenaires.Si dans le passé, le MMM a été très généreux envers son partenaire, cette fois-ci, les mauves ont préféré jouer la carte de la prudence.

En s’octroyant la majorité des tickets, le MMM espère se protéger contre toute situation inconfortable si jamais les données venaient à changer sur la scène politique.

D’autant plus qu’une faction du MMM espère toujours la concrétisation d’une alliance avec le Parti Travailliste, tandis que le Premier ministre, Navin Ramgoolam, a fait également clairement comprendre qu’il a laissé une porte ouverte lorsqu’il a déclaré récemment que le MMM a des points en commun avec son parti. Les enjeux de ces municipales sont donc très importants pour l’Opposition.

Car une défaite du Remake 2000 à ces élections pourrait relancer les négociations entre le MMM et le PTr sur la réforme électorale. Ce qui ne manquera pas de provoquer de nouvelles frictions entre les deux partenaires, surtout après la prise de position publique de sir Anerood Jugnauth sur ces exercices et l’exclusion du MSM. Il y a donc tout intérêt, pour le MSM en particulier, à ce que ça marche.

En revanche, une victoire du Remake 2000 lors des scrutins municipaux donnera un nouveau souffle à l’alliance de l’Opposition qui, après un départ en fanfare, avec la démission de sir Anerood Jugnauth de la présidence de la République s’est, bien souvent, dispersée en cours de route. Elle se remettra certainement en scelle face au gouvernement si elle devait remporter ces élections.

Dans l’autre camp également, les enjeux sont très importants. Après avoir pris le contrôle des villes lors des dernières élections régionales, l’alliance gouvernementale PTr-PMSD ne voudra certainement pas que celles-ci retombent entre les mains de l’Opposition. Pour s’en rendre compte, il n’y a qu’à écouter les discours de certains parlementaires de la majorité ces jours-ci. Ils vont même jusqu’à faire comprendre aux citadins qu’il n’y aura pas de développement sans l’aide du gouvernement central.

Pour certains observateurs politiques, cette démarche traduit parfaitement l’état d’esprit du gouvernement sur les enjeux de ces élections. Une défaite de l’alliance gouvernementale, face au challenger MMM-MSM, enverra un signal fort aux dirigeants du PTr-PMSD car elle signifiera un retour de l’électorat urbain vers le MMM à mi-chemin de son mandat. 

Cela pourra également être vu comme un ras-le-bol de la population urbaine face à l’action gouvernementale. Une telle situation, si elle se concrétise, poussera le gouvernement à rectifier le tir sur pas mal de questions s’il ne veut pas retrouver sur son chemin une alliance MSM-MMM revigorée lors des prochaines élections générales.

En même temps, une victoire du gouvernement lors de ces élections municipales lui donnera carte blanche pour poursuivre son action dans le pays. Un plébiscite de l’action gouvernementale en milieu urbain ne manquera pas non plus de refroidir les ardeurs des opposants au pouvoir. Comment penchera la balance ? Verdict : le 9 décembre.