Type to search

Édito

Contre-productif

Share

C’était le chaos mercredi dernier. Les pluies diluviennes qui se sont abattues sur l’île ont provoqué des inondations monstres dans plusieurs régions du pays, avec pour résultat la fermeture des écoles et des entreprises. Mais comme c’est souvent le cas à Maurice, la décision de fermer le service public et les établissements privés par mesure de sécurité est, bien sûr, intervenue après que toute l’île Maurice s’est retrouvée sur le chemin du travail.

La scène était des plus spectaculaires. Un bouchon interminable sur l’autoroute et, dans certains cas, des véhicules pris au piège par la montée des eaux. Et pour couronner le tout, les lignes téléphoniques étaient saturées. Heureusement, il n’y a pas eu de pertes de vies humaines.

Avec les nerfs à vif dans plusieurs régions sinistrées, il fallait pour nos politiques, plus particulièrement ceux qui nous dirigent, de trouver rapidement des boucs émissaires d’autant plus qu’ils étaient très sollicités sur les antennes des radios privées.

C’est ainsi que nous avons appris lors d’une intervention radiophonique que les morcellements aménagés par les « grands missiés » – comprenons par là des entrepreneurs – sont en partie responsables de ces inondations.

Si cela est réellement le cas et que l’obstruction des drains par ces constructions est à l’origine de ces inondations, il est important de situer les responsabilités.

Plusieurs questions méritent donc d’être posées. Comme par exemple, quel est le rôle de tous ces organismes qui sont chargés de délivrer les permis nécessaires avant que de tels projets ne voient le jour ? Après que les permis ont été octroyés, qui sont ceux qui sont supposés veiller à ce que les règlements et les directives soient scrupuleusement respectés afin justement d’éviter ce genre de situation ? Et si des entorses ont été commises, est-ce que des mesures ont été prises pour traduire les coupables devant les institutions chargées de faire respecter les lois du pays ?

Des réponses à ces questions devraient contribuer à mieux éclairer l’opinion sur ce qui s’est vraiment passé durant ce mercredi noir.

En même temps, il est bon de s’interroger sur l’utilité d’avoir de nouvelles lois ou encore de renforcer les législations existantes si nous ne sommes même pas en mesure de faire respecter celles qui sont déjà en vigueur dans le pays.

Ce ne sont pas ces lois qui viendront combler les failles dans nos systèmes d’alerte et les manquements sur le plan de la planification ainsi qu’au niveau de l’aménagement du territoire.

Cette propension à toujours chercher des faux-fuyants est tout sauf productive. Au contraire, il faut que nos dirigeants arrivent à affronter la réalité, à reconnaître que le système n’est pas parfait et que des améliorations sont nécessaires. Au fil des ans, le pays s’est doté d’un système d’alerte très efficace pour les cyclones. Pourquoi ne pas s’en inspirer pour mettre en place un système similaire dans le cas de pluies torrentielles ?

La population a besoin d’être rassurée. Les entrepreneurs également. Ils ont besoin de savoir qu’ils ne sont pas les seuls dans cette lutte acharnée à maintenir la tête hors de l’eau – sans jeu de mots –, alors que la planète en général est sous le coup d’un ralentissement économique.

Les défis sont nombreux et ils changent constamment. La nouvelle guerre de monnaie évoquée récemment par le G20 et qui semble se profiler à l’horizon risque d’avoir des conséquences fâcheuses pour notre petite économie ouverte si elle n’est pas désamorcée à temps.

Malgré la conjoncture actuelle difficile, nos entrepreneurs ne semblent pas vouloir baisser les bras comme en témoignent les bilans financiers qui sont publiés ces jours-ci. C’est très encourageant. Il faut maintenant que le gouvernement, comme facilitateur, ne perde pas le nord.

Se tromper de priorité est la pire des choses qui puissent arriver au pays en cette période difficile. Malheureusement, c’est ce qui semble nous confronter avec les nouvelles fissures qui sont apparues au sein de la majorité gouvernementale dans le sillage des récentes révocations à la Mauritius Tourism Promotion Authority et à la Tourism Authority.

Tags:

You Might also Like