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Édito

A la croisée des chemins

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A la croisée des chemins | business-magazine.mu

Les défis se multiplient pour le gouvernement de Navin Ramgoolam. À deux ans de la fin de son mandat, la route qui le mènera aux élections générales s’annonce tout aussi sinueuse qu’elle l’a été jusqu’ici.

Alors que bon nombre d’observateurs politiques croyaient que les risques d’instabilité émaneraient principalement de la crise économique, tel n’a pas vraiment été le cas. Bien que fragilisée par la crise globale, l’économie mauricienne a continué à faire montre d’une certaine résilience.

Avec moins de stress sur le plan économique, l’on aurait pu s’attendre à moins de tensions entre les dirigeants du gouvernement. D’autant plus que les bailleurs de fonds avaient estimé que de par sa configuration, le gouvernement issu des urnes du 5 mai 2010 allait être moins réformateur que celui qui avait dirigé le pays entre 2005 et 2010. Ce qui signifie moins de risques de conflits.

Mais selon les analystes politiques, l’Alliance de l’Avenir, conclue contre toute attente entre le Parti travailliste et le MSM, portait déjà en elle les germes de l’instabilité.

C’est donc de l’intérieur que sont venues les premières secousses, avec au départ un sentiment de méfiance qui s’était développé entre les nouveaux partenaires. Et il n’a pas fallu attendre longtemps pour assister à l’éclatement de l’Alliance de l’Avenir. Le détonateur a été le rachat de la clinique Medpoint par l’Etat pour en faire un hôpital gériatrique ; une transaction qualifiée de scandale du siècle par le leader de l’Opposition à l’époque.

Miné par les révélations autour de cette affaire, le gouvernement s’est finalement retrouvé avec la convocation de Maya Hanoomanjee, alors ministre de la Santé, par la Commission anti-corruption suivie de sa mise en examen. Un développement qui n’a fait que dégrader davantage les relations entre les partenaires au point d’entraîner dans son sillage la démission en bloc des ministres du MSM.

Fragilisé et amoindri par cette crise politique, Navin Ramgoolam ne devait toutefois pas lâcher prise. Cela, malgré sa courte majorité à l’Assemblée nationale. Alors que l’Opposition ne donnait pas cher de sa peau, le Premier ministre s’est donné les moyens de résister au Remake 2000, ressuscité par l’arrivée de Sir Anerood Jugnauth en provenance de la présidence de la République, en recrutant dans le camp du MSM.

L’arrivée de trois députés du MSM dans les rangs du gouvernement devait donc augmenter la marge de manœuvre de Navin Ramgoolam. C’est ainsi qu’il a tenté de reprendre le jeu politique à son compte après le Budget 2012 présenté par Xavier Duval à travers sa carotte politique favorite, la réforme électorale.

Cette fameuse réforme électorale, dont Navin Ramgoolam abuse à chaque fois que se présente un orage politique, avait même retrouvé son chemin jusqu’en 2012. C’est d’ailleurs grâce aux nombreuses consultations sur cette réforme qu’il a pu mettre, pendant un moment, l’opposition MSM/MMM sous l’éteignoir.

Il n’empêche que 2012 a été une toute autre paire de manches pour le gouvernement. Sa défaite aux élections municipales en témoigne. Bien que les résultats de ces élections régionales n’aient pas provoqué de gros bouleversements dans le paysage politique, ils n’ont néanmoins pas manqué de créer une certaine tension au sein de la majorité dans sa quête d’un bouc émissaire.

D’ailleurs, l’acte d’insubordination du ministre du Tourisme, Michael SikYuen, envers son leader, Xavier Duval, et la posture adoptée par le Premier ministre, Navin Ramgoolam, en disent long sur les relations tendues entre les alliés. Et comme pour répondre à la déclaration du chef du gouvernement sur ceux qui avaient fait du « wishful thinking» en souhaitant la révocation de SikYuen, le leader du PMSD a profité d’un congrès à Plaine Magnien pour bien se démarquer de certaines pratiques.

Le feu couve-t-il à nouveau sous les cendres ? En attendant d’y voir plus clair, de nouveaux risques sont venus s’ajouter à ceux qui s’apparentent de plus en plus à une nouvelle instabilité interne. Des risques imprévisibles et d’une toute autre nature comme les inondations meurtrières que le pays a connues.

Ce que nous avons vu et entendu jusqu’ici de la part des autorités gouvernementales n’est certainement pas la meilleure façon de gérer ce genre de risque. A trop chercher à renvoyer aux calendes grecques les décisions urgentes, Navin Ramgoolam court, cette fois-ci, le risque d’être pris au piège de son indécision.

À moins d’un changement de cap indiquant clairement une certaine détermination à mettre un terme à la crise de gouvernance à laquelle nous assistons, les mois à venir ne seront pas de tout repos. Surtout qu’il est connu que le peuple a souvent tendance à faire montre de son insatisfaction à l'approche d'une échéance électorale.

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