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La genèse d’un conflit

u003cpu003eAu départ, cela su0026rsquo;apparentait à de simples divergences. Puis, cela a pris la forme du0026rsquo;un u0026laquo;u0026nbsp;blame gameu0026nbsp;u0026raquo; avant de finalement se transformer en une véritable guerre de tranchées entre les deux plus importantes personnalités du paysage économique de Maurice. Nous faisons, bien évidemment, allusion au bras de fer qui oppose actuellement le ministre des Finances, Xavier Duval, au Gouverneur de la Banque de Maurice, Rundheersing Bheenick.u003c/pu003eu003cpu003eComment en sommes-nous arrivés làu0026nbsp;? Pour mieux comprendre ces divergences u0026laquo;u0026nbsp;devenues structurellesu0026nbsp;u0026raquo;, il est important de remonter à la genèse. Tout commence en 2012. Après sa nomination au poste de mi-nistre des Finances en remplacement de Pravind Jugnauth en 2011, Xavieru0026nbsp; Duval se concentre sur la préparation de son premier Budget. Ce qui ne lui laisse pas le temps de voir de près la politique monétaire. La preuve, les deux dernières réunions du comité de politique monétaire en 2011, soit en septembre et en décembre, ont été marquées par des décisions prises à lu0026rsquo;unanimité. Dans le premier cas, cu0026rsquo;était pour laisser le taux directeur inchangé et, dans le second, pour lu0026rsquo;abaisser de 10 points de base.u003c/pu003eu003cpu003eToutefois, la situation allait rapidement changer avec la reconstitution du comité de politique monétaire en mars 2012. Un exercice qui avait même vu, à lu0026rsquo;époque, le report de la réunion en raison justement des difficultés à ré-concilier des positions extrêmement divergentes. Avec les nouveaux membres fraîchement nommés, la guerre du0026rsquo;influence sur ce comité ne faisait que commencer. Cu0026rsquo;est ce comité new-look qui donnera du0026rsquo;ailleurs le ton des nouvelles relations entre la Banque de Maurice et le Trésor Il ouvrira également une nouvelle ère en matière de politique monétaire avec un coup de semonce qui enleva 50 points de base au taux directeur. Une réunion qui sonnait aussi le glas de la période de u0026laquo;u0026nbsp;consensus et de lu0026rsquo;unanimitéu0026nbsp;u0026raquo;.u003c/pu003eu003cpu003eSi, à lu0026rsquo;époque, le marché anticipait une détente monétaire, en revanche, lu0026rsquo;ampleur de la baisse avait pris tout le monde de court. Du0026rsquo;autant plus quu0026rsquo;après avoir réduit le Repo Rate de 10 points de base à lu0026rsquo;issue de la réunion de décembre 2011, le Gouverneur de la Banque centrale annonçait que le comité procéderait désormais par petites touches. Mais, cu0026rsquo;était mal connaître ceux qui estimaient que la croissance était la priorité du moment. Su0026rsquo;ensuit alors une bataille rangée entre deux camps opposés sur la nécessité soit de favoriser la croissance, soit de lutter contre les pressions inflationnistes.u003c/pu003eu003cpu003eLe départ de lu0026rsquo;ancien Secrétaire financier, Ali Mansoor, lu0026rsquo;année dernière, nu0026rsquo;a rien changé à ce conflit qui a fini par trouver son chemin jusquu0026rsquo;en 2014. Au contraire, les récents épisodes de ce feuilleton qui a débuté en 2012 indiquent un durcissement de ton avec, cette fois-ci, le surplus de liquidités dans le circuit bancaire comme nouvelle source de tensions.u003c/pu003eu003cpu003eAlors que nombre du0026rsquo;observateurs su0026rsquo;attendaient à ce que le Fonds monétaire international, qui était de passage dans lu0026rsquo;île récemment, allait contribuer à rapprocher les positions des principaux protagonistes, tel nu0026rsquo;a pas été le cas. Pire, les commentaires émis par la mission dirigée par Martin Petri nu0026rsquo;ont fait quu0026rsquo;alimenter davantage les tiraillements.u003c/pu003eu003cpu003eAu sujet de lu0026rsquo;épargne, par exemple, lu0026rsquo;institution de Bretton Woods su0026rsquo;aligne carrément sur la position du Trésor public lorsquu0026rsquo;elle est venue dire que la politique monétaire nu0026rsquo;a quu0026rsquo;un impact très limité sur celle-ci. Selon Martin Petri, le mécanisme de transmission monétaire a une incidence sur lu0026rsquo;activité réelle et lu0026rsquo;inflation, mais su0026rsquo;agissant de lu0026rsquo;épargne, il trouve que le taux est déterminé par des facteurs structurels autres que le taux du0026rsquo;intérêt, prenant ainsi le contre-pied du Gouverneur de la Banque de Maurice. Un commentaire qui a du0026rsquo;ailleurs été repris par le ministère des Finances dans un communiqué, dans la soirée de vendredi dernier.u003c/pu003eu003cpu003eMême quand il accepte, à la demande du FMI, de participer à lu0026rsquo;exercice de stérilisation de lu0026rsquo;excès de liquidités dans le but du0026rsquo;améliorer le mécanisme de transmission monétaire, le ministère des Finances trouve moyen de se démarquer. Il insiste que sa participation se fera à ses conditions et quu0026rsquo;il nu0026rsquo;y aura pas de chèque en blanc. Une phrase qui nu0026rsquo;a pas été du goût de Rundheersing Bheenick. Celui-ci ne su0026rsquo;est pas fait prier pour réagir le lendemain à travers un communiqué soulignant que la question de chèque en blanc ne se pose pas et que le Trésor public qui, à son avis, est responsable de cet excédent de liquidités en raison de sa propension à avoir recours aux financements étrangers, devrait assumer ses responsabilités. Il répond également aux critiques portées à lu0026rsquo;égard des services de la BoM en matière de prévision de lu0026rsquo;inflation en renvoyant le Trésor public à ses projections de croissance dans le cadre de la présentation des différents Budgets.u003c/pu003eu003cpu003eFinira-t-on par voir la fin de cette guerre de chiffonniers ? Ceux qui ont assisté au match Rama Sithanen / Rundheersing Bheenick en 2009 se demandent si le Premier ministre, le Dr Navin Ramgoolam, prendra le risque du0026rsquo;arbitrer le match Duval / Bheenicku0026nbsp; en 2014.u003c/pu003eu003cpu003eDans lu0026rsquo;attente du0026rsquo;un éventuel arbitrage, lu0026rsquo;absence de coordination entre le Trésor public et la Banque de Maurice sur plusieurs questions majeures se fera toujours sentir. Ce nu0026rsquo;est certainement pas demain la veille que les deux institutions se mettront autour du0026rsquo;une même table pour décider du0026rsquo;un taux acceptable du0026rsquo;inflation pour Maurice. Cela, alors quu0026rsquo;une telle décision aurait pu u0026ndash; du moins nous aurions espéré u0026ndash; nous faire lu0026rsquo;économie de la bagarre trimestrielle sur lu0026rsquo;inflation et la croissance. Lu0026rsquo;alignement du taux interbancaire sur le taux directeur, comme le préconise le FMI, ne se fera pas non plus du jour au lendemain sans une bonne coordination.u003c/pu003e

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