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Édito

Putting people first

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Putting people first | business-magazine.mu

Si à l’échelle mondiale, la crise économique a ouvert la voie à l’émergence d’un monde à trois vitesses, comme l’a souligné récemment la directrice du Fonds monétaire international, Christine Lagarde, en revanche, à Maurice, elle n’a fait que contribuer à creuser davantage l’écart dans la société. Cela a été confirmé par la dernière Household Budget Survey de Statistics Mauritius.

Le constat de cette enquête est cinglant. La pauvreté a gagné du terrain à Maurice. Statistics Mauritius estime à 122 400 le nombre de nos compatriotes qui subsistent avec des revenus de Rs 5 660 par mois. Selon l’institut de statistiques, bien que les revenus moyens disponibles des ménages aient connu une hausse durant les cinq dernières années, le fait demeure que ces revenus sont de plus en plus inégalement répartis.

C’est d’ailleurs ce que font remarquer les officiels de Statistics Mauritius dans leurs commentaires. “Income in equality increased between 2006/2007 and 2012. The share of total incomegoing to the 20% of households at the lower end to the income range decreased from 6.1% in 2006/07 to 5.4% in 2012. On the other hand, the share of the upper 20% of households increased from 45.6% to 47.4%,” écrivent-ils.

Ces chiffres traduisent une certaine réalité que nous sommes nombreux à ne pas vouloir regarder en face. Au lieu de tout mettre sur le dos de la crise, comme c’est régulièrement le cas, il est temps de reconnaître qu’il y a un problème et qu’il faut y trouver des solutions. Car les moyens déployés jusqu’ici n’ont pas permis de lutter efficacement contre ce fléau qu’est la pauvreté.

Pourtant, ce n’est pas faute d’avoir essayé. Mais, il semblerait qu’il y ait des failles dans le système. C’est donc là que doit se porter urgemment notre attention si nous voulons éviter les pires dangers qui accompagnent une société fonctionnant à deux ou trois vitesses. En d’autres mots, nous ne pouvons avoir un îlot de très grande prospérité dans un océan de très grande misère sans risquer tôt ou tard d’en payer le prix cher.  

Tous autant que nous sommes, nous avons notre part de responsabilité dans ce combat, étant donné que la menace d’une montée de la haine sociale pèse sur notre sécurité collective. 

Se résoudre à dire que la croissance va se charger de régler le problème d’exclusion n’est certainement pas la meilleure attitude dans la situation actuelle. La preuve ayant été faite que malgré le niveau de croissance enregistré dans le sillage de la réforme de 2006, la pauvreté et les inégalités n’ont pas cessé de progresser.

Certes, la crise économique n’a pas arrangé les choses, mais en même temps, il ne faut pas se voiler la face. Il y a aujourd’hui, à Maurice, un réel problème social dont les racines sont ancrées dans la pauvreté. Il suffit de voir le nombre de cas de violences souvent extrêmes qui sont rapportés quotidiennement dans la presse.

D’où la question : à quand une croissance inclusive, voire une véritable Growth for the greater good ? Car c’est le moyen par excellence de permettre à ceux qui se trouvent au bas de l’échelle de ressentir les effets du développement et d’éviter que l’on perpétue cette mentalité de « rodeurs boutes ».

Pour parvenir à un tel résultat, il ne suffit pas de mettre en place un ministère de l’Intégration sociale et en même temps contrôler, pour ne pas dire bloquer tous les leviers qui peuvent ouvrir des opportunités à ceux qui veulent gagner honnêtement leur vie. C’est dommage mais le système politique a tout gangrené au point d’encourager une culture d’affairisme qui semble de plus en plus devenir la norme.

Il n’est pas trop tard pour tourner le dos à ces pratiques et replacer l’homme au centre du développement. Maintenant, la question est de savoir s’il existe une volonté pour arriver à une croissance à visage humain ou si nous allons continuer à changer les règles du jeu à chaque fois pour permettre à une poignée de personnes de s’enrichir de façon douteuse.  

À nous de décider quel genre de société nous voulons léguer à nos enfants.

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