Type to search

Édito

Sirènes d’alerte

Share

Les derniers chiffres du chômage, publiés ce week-end, sont venus rappeler, s’il le fallait, les priorités à l’Hôtel du Gouvernement. Au deuxième trimestre de 2012, Maurice comptait 48 900 chômeurs contre 46 200 lors de la période correspondante en 2011. Le taux de chômage est donc passé à 8,2 %, soit son niveau le plus haut depuis le premier trimestre de 2011 où il avait atteint 8,3 %.

La progression du chômage devrait tous nous interpeller d’autant plus que Statistics Mauritius a dû revoir, à la baisse, ses prévisions pour la croissance à trois reprises, cette année-ci, pour les ramener à 3,2 %.

Si pour 2012, le bureau des statistiques maintient ses projections concernant le chômage à 8 %, en revanche, à la Banque de Maurice, on pense que ce taux atteindra 8,1 % à la fin de l’année.

Bien qu’avec un taux de chômage de 8,2 %, Maurice n’est pas dans la même situation que les pays de la zone Euro, le fait demeure que ce bond tragique du chômage au deuxième trimestre semble venir confirmer la dégradation de l’environnement économique sur le plan local.

Les plus touchés sont les jeunes, chez qui le nombre de chômeurs continuent d’augmenter. Selon Statistics Mauritius, sur les 48 900 chômeurs recensés au deuxième trimestre, près de la moitié, soit environ 46 %, ont moins de 25 ans. Le chômage féminin, qui s’élève à 59 %, est également une source d’appréhension.

La fermeture d’un certain nombre d’entreprises tournées vers l’exportation durant le deuxième trimestre n’a pas arrangé les choses. Plusieurs entreprises dans les secteurs de l’habillement, de la joaillerie et dans le domaine du bois et de la papeterie ont cessé leurs opérations durant cette période. Ce qui a réduit le nombre d’emplois dans les Export Oriented Enterprises (EOE) à 54 564 au deuxième trimestre. Dans une conjoncture marquée par un ralentissement général et une dégradation de la confiance chez les entrepreneurs, il ne faut pas trop s’attendre à voir créer de nouveaux emplois.

Ce que semble confirmer le sondage de la Chambre de Commerce et d’Industrie auprès de la communauté des affaires. Selon cette étude, les appréhensions des entrepreneurs par rapport à la situation économique se reflètent sur les perspectives d’embauche à court et moyen termes.

Les auteurs de ce rapport constatent que le solde des opinions des opérateurs économiques est négatif sur les créations d’emplois pour le prochain trimestre. Ce qui, selon eux, implique des possibilités de licenciements économiques. D’ailleurs, 15 % des sondés ont affirmé qu’ils vont être obligés de se séparer de certains de leurs collaborateurs pour ne pas être contraints de fermer boutique.

Pire, 75 % des entrepreneurs engagés dans le secteur productif de l’économie mauricienne indiquent qu’ils n’ont pas l’intention de recruter dans les mois à venir.

Une décision qui ne sera pas sans conséquence sur le chômage en 2013. Car, pas de création d’emplois signifie également que bon nombre de ces milliers de jeunes en fin d’études qui arriveront sur le marché du travail, l’an prochain, vont se retrouver dans la plaine.

Face à cette réalité des chiffres qui, nous espérons, ont trouvé leur chemin à l’Hôtel du Gouvernement, il est clair que la priorité des priorités du moment doit être de protéger et préserver les emplois.

Mieux, l’emploi devra être au premier rang dans la préparation du Budget 2013 et dans l’action gouvernementale. Car en temps de crise, l’entreprise s’attaque le plus souvent aux variables les plus simples à mettre en oeuvre, comme reporter l’investissement, mais aussi et surtout avoir recours à des licenciements.

C’est ce réflexe qu’il faut décourager chez l’entrepreneur. D’où une certaine incompréhension générale après la décision du comité de politique monétaire de maintenir le taux directeur alors qu’il y avait de la marge pour offrir aux entreprises, lourdement endettées, une bouffée d’oxygène.

Cela dit, il faut en même temps que les entrepreneurs comprennent qu’un salarié est avant tout un capital pour la création de la valeur. Il ne s’agit pas seulement de penser sur le court terme en procédant à des licenciements économiques, mais il faut également se donner les moyens de survivre à la reprise. D’où l’importance de ne pas créer la perception, chez les futurs employés, que certains secteurs ou entreprises ont la gâchette facile.

La solution face à ce qui se profile à l’horizon viendra sans nul doute d’une véritable concertation public-privé, comme nous avons l’habitude de nous en vanter, sur la question de l’emploi. Certes, il n’y a pas de formule magique, mais l’option de mettre en branle un vaste programme de formation, voire de Capacity Building pour préparer notre ressource humaine à la reprise, ne serait pas mal avisée dans le contexte actuel.

Tags:

You Might also Like