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Employabilité : Former pour les besoins du pays

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Les compétences font défaut. Selon les employeurs, les établissements d’enseignement et de formation ne produisent pas des travailleurs avec les compétences professionnelles requises. Il est donc impératif de repenser les programmes pour répondre aux besoins des apprenants modernes et suivre l’évolution de la main-d’œuvre. Dans ce paysage redessiné par la pandémie, la formation professionnelle se retrouve face à de multiples enjeux.

L’OBJECTIF aujourd’hui est de former selon les besoins du pays. Mais beaucoup se demandent si nous avons pu adapter notre offre éducative aux besoins actuels, qui correspondent à une nouvelle phase de développement économique. Le défi du pays pour l’avenir est de devenir une plaque tournante régionale dans le domaine de l’éducation et de la formation de qualité dans l’industrie du savoir. Ce qui en retour servira de catalyseur pour Maurice en vue d’élargir son économie et d’apporter son soutien aux secteurs existants et futurs.

Mais les systèmes d’enseignement et de formation sont souvent accusés de ne pas fournir au marché du travail les qualifications nécessaires. Cependant, il est important de faire ressortir qu’un certain déséquilibre entre l’offre et la demande de compétences dans certains domaines est inévitable, surtout face à l’évolution des métiers dans un monde du travail complexe, surtout avec les nouveaux enjeux tels que l’automatisation et la robotisation. S’y ajoute l’impact majeur qu’a eu la pandémie de la Covid-19 sur l’emploi et le recrutement. Comme en témoignent veut le principal outil stratégique et de planification du développement des compétences et s’aligne sur la vision d’une économie future portée par la quatrième révolution industrielle, anticipant une forte demande d’emplois dans le secteur des Tic et de compétences numériques. Mais cela nécessite une approche plus prospective et plus axée sur la demande, avec un fort soutien du secteur privé.

Comme l’a fait ressortir la Banque mondiale dans son dernier Country Economic Memorandum pour Maurice, les évaluations des compétences doivent établir un lien entre les normes professionnelles et les compétences professionnelles spécifiques – sans se concentrer uniquement sur le nombre de postes vacants par catégorie d’emploi – et s’appuyer sur diverses méthodes (par exemple, des enquêtes régulières sur les professions, sur les entreprises, des entretiens et des discussions de groupe). Un exercice d’anticipation des compétences, qui fait défaut jusqu’ici, permettrait de prévoir – en indiquant les tendances – les besoins futurs en compétences, d’évaluer les scénarios futurs et de formuler des recommandations politiques en matière d’éducation, de politique du travail, de formation, d’enseignement et de migration.

«Dans un monde en évolution rapide, la connaissance ne doit plus être comprise comme la prérogative des institutions d’enseignement et de formation, mais relevant d’une intelligence collective. Si nous voulons réussir la mise en adéquation des compétences professionnelles et le marché du travail, il sera impératif d’intégrer l’apprentissage au sein des entreprises, plutôt que les entreprises au sein de l’apprentissage. Les entreprises doivent aujourd’hui être la pierre angulaire pour piloter cette conscience collective, cela en agissant, par exemple, comme cellule stratégique pour les institutions d’enseignement», explique Steena Kistnen, General Manager d’Uniciti Education Hub.

Il va sans dire, enchaînet-elle, que c’est l’entreprise, de par ses actions, durables et soutenues, qui façonne le monde aujourd’hui, en répondant à ses divers défis. Et celles qui sont les plus utiles à la société sont intrinsèquement celles qui sont les plus performantes. C’est un enjeu majeur et inédit. L’entreprise dispose de tous les moyens pour activer ses leviers et changer la donne.

D’un autre côté, certains sous-secteurs n’ont pas la capacité, les ressources ou les outils nécessaires pour identifier leurs besoins futurs en compétences. Pour les industries qui font face à des fluctuations dans la demande, il est difficile, surtout pour les petites entreprises, d’anticiper leurs besoins en compétences, que ce soit à court ou long terme, alors que pour d’autres, cela n’est pas une des priorités. D’autres facteurs liés au décalage entre les besoins de l’industrie et la pénurie de compétences sont, entre autres, le manque d’équipements et d’infrastructures de formation ou même le coût élevé de recourir à l’expertise étrangère.

Steena Kistnen ajoute que la compétence est multidimensionnelle aujourd’hui. La signification même du mot ‘compétence’ a muté au fil des années. Aujourd’hui, plus que jamais, être titulaire de diplômes, même les plus reconnus, n’est pas suffisant, et posséder des compétences multiples ne suffit plus, puisque ces prérogatives peuvent être l’apanage de tous. Ce que les employeurs recherchent particulièrement, en sus du diplôme et de la compétence – et les institutions s’accordent dessus –, ce sont des types de personnalités, des qualités telles que la résilience, la versatilité, la créativité ou encore une propension à la curiosité.


AMÉLIORER NOTRE POSITIONNEMENT

Par ailleurs, Maurice s’est tissé une forte réputation sur le continent africain en matière d’enseignement supérieur, soutenue, d’une part, par une augmentation notable d’étudiants internationaux et, d’autre part, par le nombre grandissant d’étudiants mauriciens qui effectuent leurs études supérieures dans leur pays. Ceux-ci s’appuient sur une offre éducative qualitative et diversifiée, autant en programmes académiques qu’en profils d’institutions. Cependant, comme le précise Steena Kistnen, General Manager d’Uniciti Education Hub, l’arrivée soudaine de la Covid-19, aussi bouleversant que disruptif, a mis en exergue un enjeu fondamental : la nécessité de conserver et surtout d’améliorer notre positionnement sur l’échiquier international. «Cette pandémie a clairement repoussé la croissance du hub éducatif en touchant de plein fouet la mobilité, autant celle des étudiants que des experts intervenants ; un élément crucial de ce cercle vertueux. Nous devons nous donner les moyens de cette mobilité internationale pour être un véritable centre du savoir. Par ailleurs, la virtualisation de l’apprentissage a clairement eu un impact sur la perception de la qualité de l’enseignement ; un autre enjeu bien réel qui devra être traité avec réactivité», souligne Steena Kistnen.


POTENTIEL DE DEVENIR UN DES PILIERS MAJEURS DE L’ÉCONOMIE

Dr Kaviraj Sharma Sukon - Un chercheur pro-industrie  au MRIC | business-magazine.mu

Le Dr Kaviraj Sharma Sukon, directeur général de l’Open University of Mauritius, est convaincu que Maurice a tout le potentiel pour devenir une plaque tournante dans le domaine de l’éducation et de la formation. Les parents qui décident d’envoyer leurs enfants à Maurice pour entamer des études sont sereins car Maurice est connu comme un pays stable où règnent la paix et l’harmonie. Le gouvernement offre déjà des bourses à travers Mauritius-Africa Scholarships. Il ajoute qu’il faut toutefois renforcer davantage cette stratégie payante. Un marketing agressif est nécessaire (comme pour le secteur du tourisme) pour faire connaître Maurice comme une destination pour les études supérieures. Il faut également que chaque université offre des bourses ainsi qu’un encadrement pour attirer les élèves étrangers.

«On doit se positionner comme une destination sécurisante où, malgré la pandémie, les institutions ont démontré leurs forces en s’adaptant et en continuant leurs opérations. On doit aussi mettre en avant la culture de qualité que prônent les institutions d’enseignement supérieur, qui opèrent aussi dans des cadres légaux bien établis. L’encadrement et le soutien que procurent les régulateurs telles la Higher Education Commission et The Quality Assurance Authority assurent le bon fonctionnement des universités. À titre d’exemple, à l’Open University, l’amélioration continue est un mantra et nous assurons une culture de qualité à tous les niveaux. D’autres institutions en font autant et cette force doit être communiquée au niveau international pour rassurer les étudiants potentiels», fait ressortir le Dr Kaviraj Sharma Sukon. Le Dr Kaviraj Sharma Sukon ajoute qu’ils sont confiants de pouvoir attirer beaucoup d’étudiants des îles avoisinantes, de l’Afrique et de l’Asie. Et ainsi, ce secteur deviendra un des piliers majeurs de notre économie, à condition que les stratégies de développement ne soient pas affectées par la Covid-19. «On doit être vigilant et à l’écoute des besoins exprimés par l’industrie et, même, être en avance sur eux et en proposant des formations en anticipation aux défis. La demande émane surtout des nouvelles épreuves auxquelles fera face l’humanité. Les institutions d’enseignement supérieur répondront à ce besoin en offrant des programmes d’études ou des formations spécialisées pour mieux armer les employés, les entrepreneurs, les professionnels et les jeunes pour qu’ils puissent travailler et, surtout, survivre dans un monde incertain – ce sera ça, peut-être, le rôle principal des universités.»

La survie de l’humanité peut devenir tributaire des universités et de la recherche appliquée. La santé publique, l’épidémiologie, l’agro-industrie, l’intelligence artificielle, l’économie bleue, la pharmacologie, etc. sont quelques-uns des domaines que les universités seront appelées à développer continuellement.

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