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L’industrie pharmaceutique et de la recherche : un secteur très divers en termes de métiers

L’industrie pharmaceutique et de la recherche est un secteur axé sur la connaissance, nécessitant une main-d’œuvre hautement qualifiée. À l’échelle mondiale, le secteur pharmaceutique est en croissance et porteur d’avenir pour les diplômés. Tendance qui commence à se confirmer à Maurice.

L’industrie pharmaceutique est au centre des discussions depuis que le gouvernement a exprimé sa volonté de faire de ce secteur un nouveau pilier de l’économie. Avec la recherche, elle joue, en effet, un rôle clé dans la stratégie de développement de nouveaux médicaments. La pandémie de Covid-19 a, qui plus est, mis en exergue le rôle capital de cette industrie, suscitant ainsi un intérêt accru pour ce secteur d’activité.

«Le développement de l’industrie pharmaceutique et de la recherche est la base de la stratégie gouvernementale visant à diversifier notre économie et à investir dans de nouveaux secteurs d’activité. Cependant, développer ce type d’industrie est un processus qui prend du temps et qui nécessitera donc plusieurs années avant d’être complètement fonctionnel. Le Centre International de Développement Pharmaceutique (CIDP), en tant qu’acteur clé de l’industrie pharmaceutique, est impliqué de près dans ces évolutions. Des développements devraient aboutir dans ce domaine dans les mois à venir», souligne Sabrina Sonea, directrice (générale) de l’entité mauricienne CIDP et directrice des ressources humaines du groupe.

L’industrie pharmaceutique et de la recherche est-elle un secteur d’emploi innovant qui embauche à Maurice ? Le Dr Fabien Boullé, neuropharmacologiste, fondateur et CEO d’Axonova, souligne que l’industrie pharmaceutique et de la recherche est à un stade de développement embryonnaire à Maurice. Bien que petit, il représente un très fort potentiel de croissance au vu de l’essor global de cette industrie ces dernières années.

«À Maurice, il existe à ce jour très peu de compagnies impliquées dans ce secteur, qui comprend d’ailleurs plusieurs branches telles que la recherche et développement, la production ou encore la commercialisation. À ma connaissance, à Maurice, il doit exister une quinzaine, voire une vingtaine de sociétés de service et d’innovation dans l’industrie pharmaceutique. Vous comprendrez donc que ce n’est pas un secteur qui embauche beaucoup sur le plan local, mais cette tendance pourrait s’inverser rapidement avec la forte volonté du gouvernement et du secteur privé d’accélérer le développement de cette filière», fait ressortir le Dr Fabien Boullé.

PROFILS SPÉCIFIQUES

Ce secteur est très divers en termes de métiers car le développement d’un médicament est un procédé très long, qui peut durer de 10 à 12 ans, et qui va nécessiter un ensemble d’expertises différentes de la conception jusqu’à la mise sur le marché. Les métiers types sont, entre autres, technicien de laboratoire, responsable de projet R&D, attaché de recherche clinique, rédacteur médical, responsable des affaires réglemen[1]taires, responsable d’études cliniques, chef de produit, directeur de production.

Les profils requis dans l’industrie pharmaceutique sont ainsi très variés et peuvent aller du travail de laboratoire de recherche, notamment des profils de scientifiques, de microbiologistes, de biologistes. Dans la production, les besoins peuvent aller du technicien à l’ingénieur, l’assurance qualité et le contrôle qualité. À titre d’exemple, le CIDP conduit actuellement des essais cliniques, une étape préliminaire du développement de médicaments. Dans ce secteur d’activité, ils travaillent activement avec divers experts tels que des médecins, des pharmaciens, des biologistes, des chimistes et des techniciens de laboratoire.

Toutefois, selon certains observateurs, ce secteur peine à recruter. Le Dr Fabien Boullé confirme qu’il est force de constater que les profils adaptés et compétents dans cette industrie sont très limités à Maurice. Cela est dû au fait qu’il n’existe pas de cursus universitaire à Maurice permettant de forme les gens sur les métiers de la recherche, de la production, du réglementaire ou autres de l’industrie pharmaceutique.

Par exemple, Axonova, qui offre des services de recherche et développement à l’industrie pharmaceutique et nutraceutique, a réussi à trouver des talents mauriciens ayant étudié et travaillé à l’étranger, et qui ont souhaité revenir à Maurice pour faire carrière. En fait, il existe une large diaspora mauricienne établie à l’étranger avec du savoir-faire et de l’expertise dans la pharmaceutique ou la recherche. Le challenge est d’arriver à faire rentrer ces personnes au pays pour contri[1]buer à la croissance de ce secteur.

Sabrina Sonea abonde dans le même sens. Elle explique que bien que l’industrie pharmaceutique reste un secteur porteur, les profils recherchés pour travailler dans ce domaine sont très spécifiques. «Les res[1]sources disponibles localement sont limitées. De plus, les cours proposés dans les universités, que ce soit en médecine ou en pharmacie, ne sont ni adaptés ni appliqués à l’industrie. Actuellement, de nombreux Mauriciens qualifiés travaillent dans le secteur de la recherche à l’étranger. La plupart d’entre eux choisissent de poursuivre leur carrière à l’international en raison du manque d’opportunités à Maurice.»

Maintenant que le secteur de la recherche commence à se développer, Sabrina Sonea pense qu’il devrait pouvoir offrir davantage d’opportunités et attirer les professionnels qualifiés du secteur. Par ail[1]leurs, les mesures incitatives prises par le gouvernement à l’attention des membres de la diaspora mauricienne devraient également contribuer à ce mouvement.

QUALIFICATIONS

S’agissant des qualifications requises et les qualités nécessaires pour réussir une carrière dans l’industrie de la recherche et de la pharmaceutique, le Dr Fabien Boullé fait ressortir qu’elles dépendent du profil du poste. Chaque étape de la mise au point et de la production de médicaments est unique et il existe des formations spécialisées pour ceux qui souhaitent faire carrière dans ce domaine. Les candidats bénéficient notamment d’une formation spécifique relative au GXP, (un ensemble de directives de qualité spécifiques aux produits pharmaceutiques) et à d’autres directives internationales. Pour Sabrina Sonea, en principe, la formation de base pour travailler dans ce secteur nécessite des connaissances et acquis solides en pharmacie et en biologie. Le cursus type d’un employé travaillant dans une entreprise pharmaceutique est une qualification de niveau licence ou master en biologie ou pharmacie, avec une spécialité recommandée dans la filière pharmaceutique. Les profils plus scientifiques se dirigeront naturellement vers les métiers de la recherche et développement, alors que les pharmaciens iront plus du côté de la production, de la formulation galénique, du réglementaire ou du marketing.

NIVEAU DE SALAIRE

«Pour donner un ordre de grandeur, à Maurice, le salaire d’un technicien de laboratoire peut tourner autour Rs 20 000 – Rs 30 000 par mois, dépendant évidemment de la taille de l’entreprise et du niveau d’expérience de l’employé. Alors qu’un directeur d’études, un chef de projet R&D peut commencer aux alentours de Rs 60 000 – Rs 80 000 par mois, pour évoluer graduellement au fur et à mesure de la carrière», souligne le Dr Fabien Boullé. Mais Sabrina Sonea précise qu’il est difficile de donner une fourchette de salaires car il s’agit d’un segment d’activité relativement nouveau à Maurice. Les salaires d’entrée proposés doivent être suffisamment attractifs pour attirer de potentiels candidats à l’international, le temps de développer une expertise locale.

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