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Madhavi Ramdin-Clark (Head, ACCA Mauritius) «La comptabilité offre de nombreuses perspectives de carrière»

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Madhavi Ramdin-Clark

La comptabilité offre de vastes domaines d’opportunités. Madhavi Ramdin-Clark, Head d’ACCA Mauritius, souligne que les cheminements de carrière dans la profession sont plus diversifiés et évolueront pour s’adapter aux changements actuels.

Selon le Higher Education Participation status in Mauritius 2019 de la Higher Education Commission, la comptabilité est restée le domaine d’études le plus populaire en 2019 avec une cohorte d’étudiants de 10 796, soit 21,7 %. Qu’est-ce qui fait que ce choix d’étude attire toujours autant ?

La comptabilité est un domaine qui offre de nombreuses perspectives de carrière. Cette fonction est indispensable à toutes les organisations, dans tous les domaines, qu’elles soient privées ou gouvernementales. Elle représente donc un potentiel d’emploi pour de nombreux jeunes. Le rôle de l’expert-comptable a évolué, par ailleurs. Ceux qui ont acquis de l’expérience et ont gravi les échelons dépassent le traitement des comptes et touchent à l’analyse, au conseil en investissement, à la décision stratégique. C’est le cas, par exemple, de celles et ceux qui suivent la filière de l’Association of Chartered Certified Accountants (ACCA), surtout que cette filière est internationale et reconnue dans plus de 178 pays. Elle permet d’envisager de faire carrière à l’étranger sans avoir de problème d’équivalence.

C’est donc une évidence que cette profession offre une carrière sûre et flexible quel que soit l’âge ?

L’âge n’est, en effet, pas une barrière pour exercer dans le domaine de la comptabilité. Cette spécialité demande des connaissances techniques, le respect strict de principes et de règles éthiques, ainsi que des facultés d’adaptation, de lifelong learning, d’analyse et de décision dans une grande variété de situations. Comme dans tous les domaines, certaines personnes auront plus de qualités pour acquérir l’expertise requise et aller plus loin et plus vite dans leur carrière. L’âge, grâce à l’expérience qu’il apporte, peut même être un atout, parfois. Nous comptons parmi les quelque 4 000 membres ACCA mauriciens des personnes âgées d’une vingtaine d’années ou de plus de soixante ans et ayant toutes débuté directement en comptabilité. Mais nous avons aussi des cadres, hauts cadres et entrepreneurs qui ont complété leur formation ACCA et sont devenus membres alors qu’ils avaient 40 ou 50 ans. Car ils ont réalisé l’importance d’avoir une telle formation et qualification professionnelle, en complément de leur parcours et de leurs autres qualifications. Cela leur permet de répondre à leurs besoins en connaissances et expertise pour une gestion plus éclairée de l’entreprise et une progression de carrière. Pour certains, le choix de l’ACCA était même lié à un changement complet de profession. Nous avons, par exemple, parmi nos membres des ingénieurs ou des chimistes qui sont devenus experts-comptables. L’ACCA propose aussi des modules de formation de base, en ligne, grâce à son programme ACCA-X. Cela apporte une flexibilité supplémentaire à ceux qui veulent découvrir la filière ACCA et la comptabilité, quel que soit leur âge.

La crise de la Covid-19 a fait repenser les aspirations professionnelles et l’avenir. Cela a transformé le monde du travail, bouleversant la façon dont les entreprises et les organisations sont gérées. Dans cette nouvelle normalité, le rôle des comptables est-il plus large et plus important que jamais ?

Certainement. Le rôle de l’expert-comptable est en évolution permanente, et l’adaptation est le maître mot. Comme évoqué plus haut, l’expert-comptable n’est pas seulement un technicien qui traite les chiffres, et ce depuis de nombreuses années. La fonction d’analyse, de conseil, de proposition de solution est de plus en plus importante. La crise de la Covid-19 a mis cela en évidence de façon plus forte, car elle a fait apparaître brutalement une situation aux conséquences négatives immédiates, et évidentes sur le court terme pour les entreprises, ainsi que de nouvelles incertitudes pour le moyen terme et le long terme. L’expert-comptable devient dès lors un partenaire encore plus important pour toute organisation, car il doit participer à l’identification des tendances à venir, à l’analyse des possibilités dans ce contexte et – s’il a une telle responsabilité de par son poste – aux prises de décisions sur les plans opérationnels ou stratégiques.

Est-ce que les réglementations et la gouvernance, la mondialisation et l’utilisation accrue des technologies font que les choses sont devenues plus complexes pour le comptable professionnel ? Est-ce que cela fait que les attentes envers la profession augmentent ?

On peut dire qu’elles sont à la fois plus complexes et plus simples. Plus complexes car il faut tenir compte de plus de paramètres, dans un contexte mondial qui évolue souvent et parfois rapidement. Mais les changements dans les domaines que vous citez s’accompagnent de cadres légaux, de recommandations et de solutions qui apportent à leur tour des repères plus clairs, plus de stabilité et des outils qui facilitent la tâche des professionnels. Par exemple, l’ACCA a intégré dans son curriculum et dans les critères de sélection de ses membres, depuis plusieurs années, des principes d’éthique qui sont aujourd’hui de plus en plus codifiés aux niveaux national et international, et demandés et pratiqués généralement. Les technologies aident au traitement des chiffres et libèrent ainsi des ressources humaines afin que les comptables puissent mieux se concentrer sur les fonctions à plus forte valeur ajoutée. Les attentes sont plus grandes, oui. Mais si on sait s’y adapter et les utiliser, les changements portent parfois, en eux-mêmes, les solutions à ce qui peut être perçu comme les problèmes qu’ils entraînent.

Quelles sont les compétences dont aura besoin le comptable du futur pour réussir et être pertinent dans ce monde dynamique ?

Les technologies numériques, les nouvelles donnes géopolitiques, la menace du changement climatique, la crise de la Covid ont accéléré le rythme et l’ampleur des modifications nécessaires à l’exercice de certaines professions, dont celle du comptable. Pour être efficace, il ne suffit déjà plus d’être compétent dans les aspects purement techniques du métier. Il faut savoir s’informer sur ce qu’on appelle the bigger picture en anglais, et tenir compte des enjeux et des besoins. Le comptable du futur devra être un professionnel bien informé, et formé à des spécialités pointues, qui pourront d’ailleurs changer au fil de sa carrière. L’adaptation et l’agilité, reposant sur la faculté à savoir se remettre en question, sont sans doute les compétences non techniques qui seront les plus utiles. Par exemple, l’ACCA a récemment organisé une table ronde virtuelle sur l’impact du changement climatique sur la profession comptable. Il en ressort, entre autres, qu’il y a une tendance de plus en plus forte vers une nouvelle expertise de reporting dépassant les seuls éléments financiers. La prise en compte du développement durable sera un impératif dans l’évaluation et la communication de la performance des entreprises afin de satisfaire les besoins des investisseurs, et sans doute ceux des autorités. Il y a là donc un tout nouveau champ de compétences qui se développe, et tant d’autres encore.

Est-ce que ceux qui entreprennent des études en comptabilité sont plus aptes à poursuivre une carrière à l’international ? Et quels sont les pays qui offrent des opportunités pour des comptables qualifiés ?

En ce qu’il s’agit de l’ACCA, la qualification professionnelle et le statut de membre (expert-comptable) sont reconnus, quel que soit le pays où la personne a fait ses études ACCA ou obtenu son statut de membre. Nous avons plusieurs membres ACCA mauriciens qui travaillent en Europe, aux États-Unis, en Asie, en Afrique continentale et en Australie.

Le curriculum de l’ACCA est-il régulièrement mis à jour suite à des interactions pour convenir au milieu professionnel, et à l’évolution de l’environnement économique, social et technologique ?

L’ACCA revoit régulièrement son curriculum, à intervalles de quelques années, afin qu’il soit en phase avec l’évolution des domaines financiers et technologiques dans un contexte économique et social en mutation. Les nouvelles normes internationales, l’influence du big data et de la fintech, l’utilisation des nouveaux outils numériques, les attentes plus strictes au sujet de la gouvernance d’entreprise, de l’éthique et du respect de l’environnement sont ainsi quelques-uns des sujets qui ont connu des développements, ces dernières années. Ce faisant, l’ACCA conserve, bien sûr, le cœur de sa formation, qui touche aux aspects purement techniques du traitement et de l’analyse des chiffres, mais en y associant ces nouvelles normes et ces nouveaux outils.

De plus, l’ACCA offre de nombreux examens en ligne. Nous avons aussi créé pour la remote invigilation, si la supervision en présentiel n’est pas possible, un système de sécurité et de contrôle éprouvé. Cette solution a permis, notamment, de minimiser les contraintes pour les étudiants qui devaient passer les examens en situation de confinement ou de quarantaine à cause de la Covid-19.

La qualification professionnelle de l’ACCA apporte à l’étudiant des connaissances et des aptitudes qui répondent directement aux besoins des entreprises et des autres organisations. Les jeunes Mauriciens savent donc qu’une qualification ACCA, obtenue après avoir réussi à tous les examens de l’ACCA et complété un module en Ethics and Professional Skills, est un passeport pour un emploi et pour une évolution de carrière. Dotées de cette qualification, ces personnes peuvent demander à devenir membres de l’ACCA en remplissant les critères de compétences voulues, en obtenant ainsi le statut d’expertcomptable qui leur permet de remplir des fonctions plus élevées. La possibilité de recrutement et l’évolution de carrière dépendent aussi bien sûr de la personnalité et des aptitudes de l’individu et des besoins des recruteurs. Toutefois, ces derniers sont à la recherche de personnes qualifiées et armées d’une formation pertinente, et on remarque que les avis de recrutement pour de nombreux postes en comptabilité et finances citent spécifiquement la qualification ACCA parmi les critères demandés.

«Le rôle de l’expertcomptable est en évolution permanente, et l’adaptation est le maître mot»

Notez-vous un intérêt grandissant pour vos cours ?

Il y a certainement un intérêt grandissant. Car, comme indiqué plus tôt, la filière ACCA offre de bonnes perspectives de carrière, à Maurice et l’étranger. La qualification complète ACCA est équivalente à un Masters degree britannique. Une fois cette qualification obtenue, et si elle respecte les critères stricts pour cela, la personne peut demander à devenir membre de l’ACCA, et donc expert-comptable. Celui-ci offre encore plus de possibilités de recrutement et de carrière. À l’obtention de sa qualification complète, la personne peut déjà remplir des fonctions à divers niveaux d’exécution ou de supervision en comptabilité et finance dans n’importe quelle organisation, et grimper les échelons par la suite. Tout ceci dépend bien sûr du choix et des critères de responsabilité de chaque organisation.

«L’expert-comptable a évolué du traitement des comptes à l’analyse, au conseil en investissement, à la décision stratégique»

 

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