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Afsar Ebrahim : «Dans le football, l’argent est roi»

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Le football, c’est la passion ! C’est une communion entre une équipe et ses supporters. Mais c’est également une industrie colossale. On en a d’ailleurs la démonstration lors de ce marché des transferts estival où le big 6 du championnat britannique pourrait bien investir près de 1 milliard d’euros. Quand on voit que des clubs comme le fc barcelone qu’on disait à l’agonie après le désastre financier provoqué par la pandémie sont en train de réaliser des opérations faramineuses, cela dépasse parfois la logique financière. Pour mieux cerner les problématiques financières en lien avec l’industrie du football, nous donnons la parole à Afsar Ebrahim, executive director de kick advisory, et fan inconditionnel du ballon rond.

La question du financement des clubs de football suscite des débats passionnés. Pour le mercato estival en vue de la saison 2021-2022, les clubs des cinq grands championnats européens avaient investi pas moins de 3 milliards d’euros. Pour ce présent marché des transferts qui s’achève, le Big 6 de la Premier League et le FC Barcelone réalisent d’énormes opérations. D’où sort tout ce financement et comment les banques facilitent-elles ces transactions ?

Il existe différentes sources de revenus pour un club de football : la vente des places pour assister aux matches, le sponsoring, le merchandising et, la plus importante, les droits télévisés. En outre, les propriétaires plein aux as aident également, à condition que les règles du fair-play soient respectées, ce qui n’est pas toujours le cas.

Le financement le plus courant dans le football provient des actionnaires. Le type de financement dépend de la structure de propriété. Les clubs ont différents types de propriétaires, comme Manchester City avec Abu Dhabi et le Paris Saint-Germain avec le fonds souverain du Qatar. Le dernier investissement du gouvernement saoudien dans Newcastle, quant à lui, reste à voir. Car il a suscité la controverse politiquement et cette saison, il n’y a pas eu de transferts massifs comme on aurait pu s’y attendre.

Des étrangers fortunés possèdent Chelsea (désormais américain), Arsenal (américain), Manchester United (américain), Liverpool (américain), Fulham (américain et pakistanais), Leicester (thaïlandais). Ces propriétaires suscitent toujours la controverse. Par exemple, les Glazers, propriétaires de Manchester United, ont fortement endetté le club et beaucoup d’argent est consacré chaque année au service de la dette, ce qui entrave les activités sur le marché des transferts. L’intervention du gouvernement britannique qui a forcé l’orligarque Roman Abramovitch à vendre sa participation dans Chelsea est un autre moment de controverse.

Les clubs allemands ont un modèle de propriété différent. Dans les statuts de la Ligue allemande de football, il existe une règle selon laquelle la majorité de chaque club doit être détenue par le club lui-même. Cette règle, connue familièrement sous le nom de 50+1 (pour 50 % plus 1 action), est créditée de la création d’un environnement d’engagement des supporters qui est devenu une marque de fabrique du football allemand.

Il y a des clubs de football qui avaient l’habitude de s’endetter davantage en raison de la valeur immobilière de leur stade. Il y a 20 ans, Leeds United a atteint la demi-finale de la Ligue des champions et ne s’est pas qualifié l’année suivante, obligeant le club à vendre la plupart de ses joueurs pour payer la charge de la dette, car le service de la dette était lié à la qualification de l’équipe pour la Ligue des champions. L’équipe est restée à l’état sauvage pendant des décennies. C’est à ce moment-là que les clubs ont commencé à emprunter de manière responsable et que les banques n’ont pas ce goût du risque pour financer les coûts d’exploitation en fonction des performances sur le terrain. La charge de la dette au football repose aujourd’hui sur les actionnaires.

Quid des droits télévisés qui représentent un graal financier pour les clubs de football ?

Les droits télévisés des matches ont complètement révolutionné le football. Cependant, le Real Madrid et le FC Barcelone ont leur propre télévision et gèrent leurs propres droits de football. En fait, le Barça a cédé 25 % de ses revenus de diffusion pour financer les frais de transfert cette année.

La création de l’EPL et la diffusion par SKY ont fait passer le football en Angleterre à un autre niveau. L’EPL est désormais une marque mondiale. C’est l’exportation la plus célèbre de l’Angleterre. Il ne fait aucun doute que sans les droits TV, les sommes d’argent injectées dans le football n’auraient pas été les mêmes. Nous contribuons tous aux revenus télévisés en regardant le football en direct.

La vente des places dans les stades reste une source importante de revenus, mais qui diminue annuellement par rapport aux revenus totaux. Old Trafford est le plus grand stade avec une capacité de 74 000 places, suivi par les Spurs avec 64 000 places, West Ham 62 000 places, Arsenal 60 000 places, Man City 55 000 places et Liverpool 53 000 places. Des clubs comme Southampton, Leicester, Brighton et Wolves ont de plus petits terrains, autour de 32 000 places. Si l’on ajoute la différence de prix des billets, la disparité est encore plus grande. Les équipes londoniennes comme Arsenal, Spurs, West Ham ont des prix de billets qui sont en moyenne 50 % plus élevés que les équipes de Manchester ou Liverpool. Cela montre que les revenus des stades sont très différents.

Le football est tellement populaire à travers le monde qu’il dispose de sa propre économie. Entre les équipes qui sont considérées comme des entreprises, leur mode de financement, les marchés des transferts, l’aspect marketing ou encore les sponsorships, c’est toute une usine à sous qui s’est développée. Quelles sont vos observations par rapport à ce marché ?

La Premier League a contribué à hauteur de 7,6 milliards de livres sterling à l’économie britannique et a soutenu 94 000 emplois au cours d’une seule saison en 2019-2020, contre 0,7 milliard de livres sterling en 1998-99. Les 20 clubs de l’EPL ont versé 3,6 milliards de livres sterling au gouvernement sous forme d’impôts, dont 1,4 milliard de livres sterling pour les seuls joueurs.

Cela est dû aux multiples sources de revenus. Outre la diffusion et l’assistance aux matches, le sponsoring constitue une autre source de revenus. Les six principales équipes de la Premier League ont généré la somme astronomique de 1,2 milliard de dollars en contrats de sponsoring.

 

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