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Amit Bakhirta : «La politique monétaire doit contrebalancer ce budget inflationniste.»

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Compte tenu de l’appauvrissement de la population avec le pouvoir d’achat du mauricien qui a chuté de 35 % depuis décembre 2019, le ministre des finances, renganaden padayachy, n’avait d’autre choix que de présenter un budget social, observe le ceo d’anneau. Selon amit bakhirta, le budget 2022-2023 donne un directionnel. Désormais, la balle est dans le camp de la banque de maurice qui devra accélérer le processus de resserrement monétaire en vue de contrer les effets pernicieux de l’inflation.

Pour son troisième Budget, Renganaden Padayachy a adressé des priorités de court terme et de long terme. Estce la bonne approche logique en cette période trouble où le pouvoir d’achat s’effrite et où l’insécurité alimentaire et l’insécurité énergétique sont à leur apogée?

Oui. Compte tenu de la paupérisation véloce de notre population, c’était, on le croit fermement et en toute humilité, la bonne direction à envisager pour l’exercice budgétaire de cette année. Avec des dépenses approximatives prévues en prestations sociales supérieures de +17,6 % à celles de l’année précédente et des dépenses en capital inférieures de -21,1 %, cette réaffectation des dépenses à long terme vers les dépenses à court terme est circonstanciellement et essentiellement juste.

Cumulativement, la population a perdu -35% de son pouvoir d’achat depuis décembre 2019. Bien que cela ait pu être, je le pense, évité de manière proactive. Cela grâce à l’utilisation intelligente d’outils de politique monétaire. Mais l’entêtement des décideurs politiques à reconnaître les risques croissants d’un environnement inflationniste galopant depuis 2020 – en particulier après la fin des blocages mondiaux – est certes préoccupant, mais aussi, intellectuellement, extrêmement étrange !

L’exécutif n’avait donc pas le choix. Étant donné que cet appauvrissement avait commencé à provoquer des étincelles et déboucher sur une instabilité sociale. Ce qu’il faut impérativement éviter à tout moment et à tout prix.

Nombre d’observateurs sont sceptiques concernant le financement du Budget 2022- 2023, qui coûtera Rs 172,9 milliards. Ils se demandent notamment si les estimations des recettes de Rs 150 milliards, Rs 129 milliards provenant des impôts, sont réalistes. Y a-t-il eu un gonflement des estimations ou la croissance de 8,6 % attendue cette année nous sortira-t-elle d’affaire?

Si l’environnement inflationniste véloce actuel persiste, si les recettes fiscales TVA (taxe sur la valeur ajoutée)/impôts sur les sociétés émanant d’une consommation intérieure soutenue et d’une rentabilité accrue des entreprises restent saines et augmentent au-delà de l’estimation de +8,93 % en glissement annuel, les chiffres peuvent vraisemblablement être réalisés.

À noter que ceux-ci incluent une hausse de +10,7 % des revenus récurrents ; la TVA représentant environ 30 % et l’impôt sur les sociétés comptant pour 15 % des recettes fiscales totales.

En revanche, le principal risque pour ces recettes budgétaires estimées plus élevées – tel qu’envisagé par Anneau – reste un ralentissement économique global résultant de ces niveaux de prix mondiaux des matières premières et du fret anormalement élevés.

Les lois économiques (et d’ailleurs l’histoire) ont démontré empiriquement, et cela à maintes reprises, que lorsque les prix atteignent un niveau élevé insoutenable, la demande globale mondiale commence à faiblir. La consommation et la production économique se ramollissent également et les économies commencent à entrer dans des cycles de récession. Cela crée éventuellement une situation d’offre excédentaire ; d’autant plus que les problèmes de chaînes d’approvisionnement perturbées à l’échelle mondiale se normalisent dans la durée. Et ainsi donc, les baisses de prix se produisent alors très rapidement. La cerise sur le gâteau pourrait aussi être un accord entre les Russes, les Ukrainiens et l’OTAN/les États-Unis.

«CUMULATIVEMENT, LE
PEUPLE A PERDU -35 %
DE SON POUVOIR D’ACHAT
DEPUIS DÉCEMBRE 2019»

En conséquence, les fortes baisses de prix se traduiront invariablement par des recettes fiscales beaucoup plus rabougries que prévu pour notre nation. Et donc, en supposant des dépenses récurrentes et en capital lourdes, c’est le déficit budgétaire qui sera vraisemblablement plus ventru d’ici juin 2023. Un problème gérable, compte tenu de la liquidité excédentaire de la roupie et des devises dans le système économique et monétaire.

Pour amasser plus de revenus, le gouvernement projette de vendre ses actifs non stratégiques, notamment la National Investment Company, la MauBank et les Casinos de Maurice, pour Rs 22 milliards. Dans le contexte actuel, ce désengagement de l’État est-il nécessaire?

Oui, c’est nécessaire. Chez Anneau, nous préconisons la même vente de biens publics non stratégiques depuis l’exercice budgétaire 2020-2021. Cela comme moyen d’augmenter intelligemment les recettes fiscales, mais aussi d’accroître et de détourner la concentration des politiques et les ressources publiques vers les services publics stratégiquement essentiels, comme par exemple, l’eau, l’énergie, la santé et l’emploi, entre autres.

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