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Bertrand Hanauer: «Le pays a besoin de bâtisseurs responsables.»

Mis à mal ces deux dernières années par la crise sanitaire, le secteur de la construction doit faire face à une nouvelle crise avec le conflit russoukrainien. Quel regard jetez- vous sur la situation?

La pandémie a été très éprouvante pour le secteur de la construction. Après les répercussions de cette crise sanitaire sans précédent sur les résultats et la trésorerie de nos entreprises, nous voici confrontés à une nouvelle crise économique générée par le conflit russo-ukrainien.

Les difficultés auxquelles nous faisons face sont particulièrement rudes : forte augmentation des matières premières, chaînes logistiques perturbées, ruptures de stock, grandes difficultés de paiement, conditions contractuelles adverses. De nombreuses entreprises, saines et structurées avant ces crises, se retrouvent désormais dans une situation critique.

Nous devons cependant avoir une approche concertée avec les autorités et nos clients pour affronter ces difficultés avec lucidité, intelligence et courage car il en va de la survie de nos entreprises et de notre responsabilité sociale. En effet, le secteur de la construction représente en contrats directs et indirects environ 20 % des emplois du pays, et contribute de manière considérable à l’économie.

De nature optimiste, je refuse de me lamenter sur ces crises successives et préfère me pencher sur les solutions de résilience. Plusieurs leviers doivent être actionnés de concert avec les parties prenantes afin de permettre à notre industrie de surmonter les difficultés actuelles et notamment l’introduction de clauses de révision de prix dans les contrats pour tempérer la volatilité des coûts des matières premières ; la reduction des délais de paiement et le renfort des intérêts moratoires pour ne pas affaiblir la trésorerie des entreprises ; la réintroduction de la Margin of Preference (dispositif legal permettant, sur une operation donnée, d’octroyer un avantage concurrentiel aux entreprises employant plus de 80 % de personnel local) pour soutenir l’économie mauricienne ; l’investissement public pour développer des infrastructures créatrices de richesses ; les incitations fiscales dédiées aux investisseurs étrangers pour attirer des devises ; et la revision de solutions constructives et de normes associées pour construire plus avec moins. Le moins étant pluriel car il s’agit de moins de roupies et de moins d’empreinte carbone.

«LE SECTEUR DE LA CONSTRUCTION REPRÉSENTE EN CONTRATS DIRECTS ET INDIRECTS ENVIRON 20 % DES EMPLOIS DU PAYS»

Quels sont les défis que vous avez eu à surmonter pour continuer à opérer de manière efficace durant les crises successives de ces dernières années?

Jim Harrison disait que: «Nos blessures sont beaucoup moins originales que nos guérisons ». Ces crises, je les vois comme des blessures et les solutions apportées sont des traitements curatifs face aux maux actuels mais surtout préventifs visant à renforcer nos défenses immunitaires en vue des difficultés futures. Ces deux dernières années ont été particulièrement difficiles, voire violentes à tous les niveaux. Elles nous ont permis de nous remettre en question.

Au début de la pandémie, nous étions tous confinés. Dans cet isolement forcé, nous nous sommes rendu compte que nous avions besoin de l’entreprise, besoin les uns des autres pour exister. Nous avons découvert un écosystème interconnecté qui nous a permis d’assurer la continuité de nos activités vitales, pour garantir les salaires et protéger nos actifs. Beaucoup de nos salariés de sont engagés sans réserve au service de notre société. Cette pause nous a aussi donné le temps de mieux réfléchir, de repenser nos activités pour nous adapter à la nouvelle normalité.

À la reprise, notre Plaisir de travailler ensemble s’en est trouvé décuplé. C’est là que nous nous sommes mis à mieux échanger, à griffonner griffonner à plusieurs sur des plans, à trouver des solutions plus efficaces, car enrichies de plusieurs points de vue. La meilleure solution, c’est de travailler ensemble. Seul on va vite, ensemble on va beaucoup plus loin.

Transinvest est aujourd’hui engage sur plusieurs chantiers majeurs à travers l’île. Dans quelle mesure, la flambée des coûts de construction a-t-elle affecté vos opérations?

Peu ou prou, tout est lié à l’énergie dans les métiers de la construction. Pour fabriquer du ciment, il faut chauffer du calcaire et un peu d’argile à plusde 1 400°C ; c’est de l’énergie. Pour fabriquer du fer, il faut chauffer un minerai à 1 200 °C; encore de l’énergie. Et pour excaver, remplacer un mètre cube de sol, il faut environ un litre de gasoil, ce qui est toujours de l’énergie.

Or, en quelques mois, le prix de l’énergie a augmenté de plus de 30 % tandis que nos prix de vente sont restés fixes. Je vous laisse imaginer les consequences économiques que cela peut avoir pour des entreprises comme la nôtre.

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